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Le Journal de l'île Rouge
La une

Madagascar, la Présidentielle consacre un capitalisme prédateur cosmopolite. Mamy Ravatomanga ou PB, prédateur en chef !

La gazette de la grande île
16/11/20239 minute read

Nous remercions une fois de plus notre confrère en ligne Mondafrique, dont nous publions ci-dessous un extrait de leur article https://mondafrique.com/a-la-une/madagascar-lelection-presidentielle-consacre-un-capitalisme-predateur/ . En gras et en italiques

Les vedettes du match électoral qui aura lieu ce jeudi 16 novembre sont à présent Andry Rajoelina, l’ex DJ qui a réussi dans la publicité avant d’emporter la mairie de Tana, et Siteny Randrianasoloniaiko, qui après ses études en Communication et Gestion à l’International Leadership School de Pretoria, retourne à Madagascar où il fonde des entreprises dans le secteur de la télécommunication et des médias, y compris la création de Radio Siteny en 2013.

Leur confrontation semble supervisée par un parrain politique et économique, Mamy Ravatomanga qui s’est imposé dans le cercle des Ultra-Riches de l’île rouge. Madagascar, loin d’offrir un système marchand daté, inaugure peut-être un type de capitalisme cosmopolite très contemporain. L’iceberg de la prédation illicite et clandestine des ressources naturelles, des pierres précieuses à la faune en passant par le bois de rose, a pour partie immergée le capitalisme formel dominé par des groupes non malgaches.

Mondafrique est prudent en écrivant que la confrontation de jeudi 16 novembre semble supervisée par PB Mamy Ravatomanga. Rien n’est moins sûr ! Lors de sa dernière intervention télévisée, Siteny avait prévenu qu’il donne 3 mois aux prédateurs économico financiers pour rendre à César ce qui est à César, faute de quoi, ceux-ci s’exposeraient à des poursuites judiciaires. Cet avertissement est clair et semble s’adresser directement à PB Mamy Ravaotmanga, d’autant plus que Siteny a parlé de l’exportation de letchis vers la France, qui doit passer par Maurice. Tout le monde sait que c’est PB Mamy Ravatomanga le grand Manitou de cette filière, et qui a mis en place ce système mafieux.

Les oligarques à la malgache

La Banque mondiale et l’AFD partagent la même bévue : croire que les oligarques (qui sont loin d’être tous Malgaches) ont besoin de réformes pour s’enrichir. Souvent le modèle de la libéralisation, selon les diktats de la Banque mondiale, a ruiné des entreprises encastrées dans l’économie nationale.  La privatisation a permis de transférer des activités vitales de l’État à des entrepreneurs peu soucieux du service public. La « communauté internationale » assiste, sans aucune rétorsion contre Andry Rajoelina, au pillage des minerais, du bois de rose et des ressources halieutiques qui alimente une économie criminelle à même d’infiltrer et l’État et comme les banques du secteur dit formel .

Oui, comme en Russie, les oligarques malgaches ont profité de la privatisation imposée par le FMI et la Banque Mondiale pour s’enrichir. Ce sont Telma, les banques ex BNI, BFV et BTM, les dépouilles de la Solima, parmi tant d’autres
Mamy Ravatomanga PB avait commencé , pendant la transition, par l’exportation illicite de bois de rose pour son compte et celui de Cédric. Il avait été également membre du conseil d’administration de la Jirama (celle-ci affichait à l’époque un bilan positif et n’avait nullement besoin de subventions de l’Etat), et PB avait commencé aux trafics d’influence et au pillage systématique de la Jirama, dont les locations fictives de matériels.
Mamy Ravatomanga PB avait été poursuivi par la justice pour ces affaires louches pendant la présidence Rajaonarimampianina. C’est l’origine de sa hargne tenace contre ce dernier, qui était pourtant le commissaire aux comptes de des sociétés. Il disait même dans les salons tananariviens que Rajaonarimampianina lui devait sa place de ministre des finances de Rajoelina pendant la transition. En tout cas, PB Mamy Ravatomanga avait largement contribué au financement de sa campagne et lui a même fourni une voiture blindée.
Cédric Vazaha a pu se payer une villa à la frontière suisse, mais joue petit bras à côté de son mentor PB Mamy Ravatomanga.

Comportement de nouveaux riches : Des montres Patek Philippe pour Cédric Vazaha et son fils aîné chéri, pour lequel il s’est sacrifié en demandant la nationalité française.  Et Dolce & Gabana pour Madame !

On glosait à l’époque sur une robe scandaleusement chère de Voahangy Rajaonarimampianina !

Les indigènes dans la cour des grands

A tout seigneur, tout honneur, et c’est bien sûr Mamy Ravatomanga qui va bâtir sa fortune et accumuler de l’immobilier à travers les privatisations des infrastructures et des services liés aux transports (terrestres, aériens et maritimes). Un des fleurons de la rafle sur les privatisations opérée par SODIAT, le groupe de Ravatomanga, reste Madarail. Par des détours juridiques où Christian Ntsay, actuel Premier ministre, apporte sa touche, SODIAT délaisse le rail mais s’empare des terrains urbains de Madarail. Le groupe SODIAT obtient d’abord l’attribution d’un droit commercial sur le site de la gare ferroviaire de Soarano (le centre de la capitale malgache) à la société Madarail, dont Mamy est l’actionnaire principal, pour une période de 50 ans. 

Depuis 2022, ce n’est plus un simple droit commercial qui serait cédé, mais la propriété même des terrains. Par ailleurs, ce n’est plus Madarail qui en serait le bénéficiaire, mais Madarail Immobilier S.A. D’après le registre malgache du commerce et des sociétés, l’administratrice générale de cette entreprise, créée en 2013, est Herisoa Razakasolo, par ailleurs directrice de coordination du groupe SODIAT, et Mamy Ravatomanga est membre de son conseil d’administration.

Ce sont des montages que les plus riches des capitalistes français ne renieraient pas. Ravatomanga sait concilier des associés qui profiteront de cette manne issue du secteur public. Au conseil d’administration de Madarail, on retrouve Naina Andriantsitohaina, le fils du patriarche des patrons gasy, aussi maire de la capitale et Hassanein Hiridjee, l’actionnaire majoritaire d’Axian Group, deuxième fortune malgache et sixième au classement africain avec presqu’un milliard d’USD. Hiridjee est aussi un partenaire indispensable pour la vanille et d’autres filières à devises. Le capitalisme indigène s’accommode volontiers des patrons en place, y compris indiens, surtout quand ils sont fidèles au régime de Rajoelina. Ami et complice de Mamy, Edgar Razafindravahy, est le fondateur d’un conglomérat, le groupe Prey, qui compte plus de 10 sociétés dans le pays, notamment l’Express de Madagascar. Naina Andriantsitohaina, déjà cité dirige le conglomérat familial hérité de son père qui comprend entre autres Prochimad, distributeur de produits chimiques, et la BMOI, banque commerciale à Madagascar avec des capitaux français. SODIAT a repris Madarail à Bolloré qui le premier s’était emparé du chemin de fer malgache lors de la privatisation du secteur public. Mamy a gardé le directeur français que Bolloré avait mis à la tête de Madarail privatisé. Il n’y a donc pas vraiment de conflictualité entre les indigènes de la fortune et les princes de la finance française.

Des actifs dormants

Cependant, les quelques figures du capital indigène qui ont pu percer dans quelques niches ne suffisent pas à occulter que la bière à Madagascar reste française, le ciment, depuis peu suisse, etc. Il ne s’agit pas d’un capitalisme indigène à la nigériane qui serait affranchi de l’étranger et de l’État. Les holdings de Mamy Ravatomanga placés à l’Ile Maurice et à Panama ne sont pas capables d’investir à grande échelle et de conquérir des marchés comme Dangote, au Nigéria toujours. 

Les capitaux sont des actifs dormants qui peuvent permettre une bonne opération mais n’autorisent pas la formation brute de capital fixe, source de croissance selon les économistes de l’AFD. La plus vieille expérience malgache de capitalisme, celle de la famille Andriantsitohaina, se voit toujours surclassée par les groupes d’origine étrangère. C’est sans doute l’ex Président Ravalomanana qui avait le mieux incarné un stratégie de marché au service du plus grand nombre des pauvres, avec la transformation des produits laitiers.

À Madagascar, le vainqueur de la Présidentielle est un club de milliardaires dont les entreprises sont en bas des classements internationaux par la taille et par le chiffres d’affaires.

Mondafrique nous a révélé les dessous de l’affaire Madarail : Mamy Ravatomanga PB n’a fait qu’imiter les Karanas come Rajabaly, Filatex, Hassanein Hiridjee et s’est concentré sur la partie immobilière de Madarail.
Ne pas compter sur ce prédateur capitaliste pour utiliser « son trésor de guerre » pour le développement du pays, et comme l’écrit Mondafrique, ses capitaux dormants ne permettent pas ce que les économistes appellent formation brute de capital fixe, source de base de la croissance économique

Mamy Ravatomanga PB est celui qui a le plus à perdre si Cédric Vazaha n’est pas réélu. Il met tout en œuvre, ainsi que tous ses moyens pour cette réélection.
Il espérait que les 11 candidats iraient jusqu’au bout de leur logique de boycott. Grosse déception lorsque Siteny a fini par se lancer dans la course, au point de rendre jaloux Cédric Vazaha à cause de la campagne réussie de Siteny. Ce dernier s’est même permis le luxe d’avoir plus d’hélicoptères. Et il fallait absolument bloquer son 4ème hélicoptère !
Le scrutin du 16 novembre se présente presque comme un deuxième tour, tant le 3ème candidat N°11 semble invisible.
On peut également le voir comme une sorte de référendum « Pour ou contre la réélection de Cédric Vazaha ».
De fortes chances qu’il n’y ait pas de 2ème tour et plus que quelques jours pour à attendre !
Mamy Ravatomanga PB ne doit plus en dormir ! La couleur orange le hante déjà, car c’est la couleur de la tenue des prisonniers.

Tsy mifendro

 

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