Skip to content
Le Journal de l'île Rouge
Politique

« Alea jacta est », Cédric Vazaha fait le choix de la fuite en avant

La gazette de la grande île
26/11/20236 minute read

« Alea jacta est » (le sort en est jeté), se serait exclamé César au moment de franchir le fleuve Rubicon. Il marchait sur Rome afin de prendre le pouvoir. De là viendrait également l’expression « franchir le Rubicon », qui signifie qu’on prend une décision en assumant toutes les conséquences.

 

« 1er tour dia vita«  (Un seul tour et ce sera plié), affirmait Cédric Vazaha sans sourciller. Tout le monde avait pris cette affirmation pour une fanfaronnade de plus   .

Hajo Andrianainarivelo avait même dit lors d’une émission télévisée « Il ne figurera même pas au 2ème tour ».

C’était vite oublier que Cédric Vazaha avait mis en place tout un système de fraudes et le verrouillage de toutes les institutions, sauf l’assemblée nationale, lui permettant d’assurer vaille que vaille sa victoire dès le 1er tour.

Certes, Cédric Vazaha disait que Madagascar avait un taux de croissance de plus de 4% en 2022 supérieur à ceux de l’Afrique. Force est cependant de constater que ce n’est pas du tout la perception de la population, à la lecture des quelques chiffres ci-après :

 

                                       2018 (Ariary) 2018 (Ariary)
Huile (litre) 3 500 10 000
Riz (Kapoaka) 450 920
Oeuf 250 600
Manioc séché (kg) 500 1 500
Savon Nosy Kely 300 1 100
Bougie 200 600
Pate nouille presto Matsiro 500 1 000
Essence  (litre) 4 100 5 900
Gas-oil (litre) 3 400 4 900
Bus 400 600

 

Pour la population, ces quelques chiffres parlent mieux qu’un long discours, et pendant cette même période, les salaires des fonctionnaires n’ont pas bougé (quand ils sont payés). Le salaire minimum d’embauche a même connu une baisse en 2022 (du jamais vu !) , l’Etat ayant avoué ne plus les moyens de payer le supplément de 37 000 ariary promis l’année précédente.
Quant au prix de la vanille verte aux paysans qui était en 2018 de 200 000 ariary le kilo, et que Cédric Vazaha promettait de tripler ? Actuellement, cela vaut à peine le kilo d’haricot vert. Et encore ! Le haricot vert se mange et se vend !

 

Et c’est ainsi que des candidats ont investi 200 millions ariary, en faisant le pari d’un sursaut de la HCC dans l’application des lois en vigueur. Hélas, peine perdue ! La candidature de Cédric Vazaha a été par la HCC, avec celle de 12 autres candidats.
La HCC n’a même pas pris la peine de saisir le tribunal de 1ère instance, malgré les contestations sur la nationalité malagasy de la HCC. Celles-ci auraient dû obliger la HCC de la saisir conformément aux dispositions du code de la nationalité malagasy. C’était sans compter sur une HCC aux bottes de Cédric Vazaha.

 

Ces candidats espéraient que la Communauté Internationale pèserait de tout leur poids pour faire corriger les diverses « imperfections » (un euphémisme !) de la liste électorale. Deux auditeurs malagasy Andriamanampisoa Fenohery Tiana et Rajaonarifetra Andriamaro désignés par le président du CENI avaient émis en juillet 2023 49 mesures correctives pour rendre le fichier électoral, dont aucune n’a été mise en œuvre.
Le président de la CENI leur avait même refusé l’accès aux outils de gestion des matériels de vote et notamment au processus de remontée des résultats. Seules garanties d’un processus électoral crédible et transparent.
Le 14 novembre, ils ont confirmé à la communauté international que « le fichier électoral en son état actuel ne peut pas être utilisé pour permettre la tenue d’élections crédibles« ,  .

Des résultats partiels affichés par la CENI confirment une manipulation évidente des résultats. Dans cet exemple des bureaux de vote de Mahajanga, les pourcentages obtenus ont dû être saisis manuellement, car le logiciel n’aurait jamais permis un total supérieur à 100% !

 

Le candidat Siteny avait réclamé à la CENI une confrontation des procès-verbaux, conformément à l’article 192 de la loi organique n°2018-008 :  » En tant que de besoin, la confrontation des procès-verbaux peut être effectuée, selon le cas, au niveau de la Commission Electorale Nationale Indépendante, de ses démembrements ou de la juridiction compétente, à la demande des candidats ou de leurs représentants dûment mandatés à cet effet« .

Un échantillon de 3 PV avait été tiré au sort, et aurait montré plus de 13 erreurs, dont le retrait de voix au candidat Siteny au profit de Cédric Vazaha.
Chaque PV comporte un QR code destiné notamment à montrer le nom et localisation du bureau de vote concerné. Le QR code des PV échantillons montraient des bureaux de vote différents de ceux mentionnés sur le tableau des résultats affichés par la CENI.

La CENI s’est dégonflée et a décidé d’arrêter cette confrontation qui montrait, grâce à 3 PV seulement, des preuves flagrantes de la manipulation des résultats par la CENI ! Elle a publié « ses » résultats et a refilé la patate chaude à la HCC.

Compte tenu de ces résultats, la HCC devrait au minimum faire procéder à une confrontation des résultats par bureaux de vote. Hélas, c’est ce qui se passerait dans un pays de droit, et qu’on appelle « recomptage des voix ». Cela s’est même passé aux Etats Unis d’Amérique.

Hélas, nous assisterons probablement au fameux « Azo raisina fa tsy mitombina » (recevable mais non fondé). Et cette BCC (Basse-cour constitutionnelle, dont le président flamant rose) déclarera d’ici quelques jours Cédric Vazaha élu président au 1er tour.

Notre confrère Le monde avait publié le 10 novembre un article intitulé « 5 choses à savoir sur Rajoelina » , montrant comment on a fait pour en arriver à cette situation.

 

L’avenir sombre de Rajoelina

Comme nous l’écrivions dans une parution précédente, la question n’est pas tant de savoir si Cédric Vazaha va finir par tomber,  que plutôt quand va-t-il tomber. L’Histoire est un éternel recommencement :

-Le président Tsiranana avait été réélu en janvier 1972 à 99%, mais a dû quitter le pouvoir dès mai 1972.
-Le président Ratsiraka avait été réélu le 12 mars 1989 avec 62%, et il n’a tenu que jusqu’en 1991. Il a fini par s’exiler en France
-Le président Ra8 avait été réélu le 12 mars 1989 avec 62%. Il a dû fuir en Afrique du sud en février 2009

Ces 3 ,présidents avaient pourtant chacun un bilan autrement plus présentable que celui de Cédric Vazaha, et leur réélections n’avait pas été contestée avec autant de vigueur qu’actuellement. Et aucun d’entre eux n’avait demandé la nationalité française. Mais ils ont malgré tout dû quitter le pouvoir la queue basse !

Pour Cédric Vazaha, ce n’est qu’une question de temps. Osons espérer que cela ne se terminera pas d’une manière sanglante, et qu’il pourra rentrer chez lui en France. Pas besoin de s’exiler ailleurs !
Nous terminons cette article par une parodie du fameux film de Louis de Funès « Les gendarmes de St Tropez« .

Bonne semaine à nos lecteurs !

 

 

 

 

Partager cette article
Articles connexes
Back To Top