A en croire le vieil adage populaire « Jamais deux sans trois« , Ntsay Mike Tyson va être bientôt renommé premier ministre. D’autant plus qu’à l’issue de la cérémonie de proclamation par la HCC des résultats de l’élection présidentielle, Cédric Vazaha a confirmé » Il est clair que les ministres qui ont bien travaillé vont être reconduits à leur poste et ceux qui le sont moins seront mis à l’écart (…) Il y aura des permutations de poste et aussi de nouvelles têtes ».
De tous les ministres, qui a le « mieux travaillé » selon les critères Cédric Vazaha, sinon le premier d’entre eux ?
-Il a « réussi » à le faire élire deux fois président de la République
-Un PM poussé dehors initialement par Cédric Vazaha grâce à une motion de censure signée par 105 députés, mais rattrapé in extremis grâce à la pression inévitable de PB, Président Bis. Mais un Ntsay Mike Tyson qui semble avoir avalé la couleuvre et ne lui en a pas tenu rigueur !
-Un PM qui a accepté docilement de confier la présidence par intérim à Baomba Korotamby !
-Un PM plus transparent et plus servile que lui ? Très difficile à trouver, car il ne fera jamais de l’ombre à Cédric Vazaha.
Mais…Oui, il y a un mais.
Selon l’article 54 de la Constitution, « Le Président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale ».
Ntsay Mike Tyson avait snobé les députés et ne s’était même pas présenté devant eux pour les séances relatives aux questions/Réponses prévues par l’article 103 de la Constitution, lors des deux sessions ordinaires de l’Assemblée Nationale.
D’autre part, après les nombreuses défections, l’IRD est-il toujours le parti ou groupe de partis majoritaire à l’Assemblée ? Certes, l’article 72 de la Constitution prévoit « qu’un député ne peut, sous peine de déchéance, changer de groupe politique pour adhérer à un nouveau groupe, autre que celui au nom duquel il s’est fait élire« . Cependant, rien n’oblige un député à signer une lettre de proposition de premier ministre, ni à un indépendant de quitter un groupe pour s’affilier à un autre.
Bien entendu, Cédric Vazaha peut prendre la décision de dissoudre l’assemblée nationale dès janvier 2024, auquel cas les élections législatives devraient se tenir avant fin mars 2024, et garder Mike Tyson jusque là pour les affaires courantes. Ce ne sera pas la première fois que Cédric Vazaha violera la Constitution, si le gouvernement de Mike Tyson ne se restreint pas à expédier les affaires courantes. Dans le passé, ils ont déjà fait bien pire !
Ensuite, la lettre de Macron « Tout geste de rassemblement et d’ouverture contribuera à la nécessaire consolidation de la confiance et du dialogue au sein de la société malgache. La France y sera sensible« . Si ce ne sont pas des instructions diplomatiquement formulées, mon Dieu que cela y ressemble ! Un casse-tête de plus pour Cédric Vazaha.
Une règle non écrite
Le poste de premier ministre n’était pas prévu dans la Constitution de la 1ère République. Cependant, une règle non écrite semblait s’appliquer lors de la nomination des premiers ministres successifs : « Un président merina doit nommer un PM côtier, et vice versa« .
Les « Forces vives Rasalama » avaient modifié en 1991 la Constitution et donné aux députés le pouvoir de choisir le premier ministre, car elles pensaient que le Président Ratsiraka allait encore être réélu. C’est ainsi que Me Francisque Ravony s’est fait élire par le députés pour devenir le PM de Zafy Albert du 10 août 1993 au 30 octobre 1995. Donc le président et le premier ministre étaient tous les deux côtiers, mais ce n’était pas le président Zafy Albert qui en était « responsable ».
Le 17 septembre 1995, une réforme constitutionnelle votée par 64% des électeurs accordait au président de la République le pouvoir de choisir et de démettre le premier ministre. Un mois plus tard, Francisque Ravony était démis de ses fonctions et remplacé par Emmanuel Rakotovahiny, après le cafouillage avec Jean-Claude Raherimanjato celui que Zafy voulait nommer en priorité. Deux Côtiers comme président et PM, et cette fois par choix du président Zafy Albert.
Quatre mois plus tard, le président Zafy Albert était empêché par un vote du parlement.
Le 20 janvier 2007, Ra8 nommait Charles Rabemananjara premier ministre. Deux Merina comme président et premier ministre. Deux années plus tard, Ra8 était chassé du pouvoir. Les deux seules fois où cette règle non écrite, venue d’on on sait où, n’avait pas été respectée, les présidents n’ont donc pas terminé leur mandat. Superstitieux comme il est, Cédric Vazaha n’osera certainement pas transgresser cette règle. Peu de chances donc pour PB et Naina Varira.
Quel côtier de service pour le poste de PM ?
Ayant appelé à la collaboration de toutes les bonnes volontés, les 4 candidats à la dernière élection présidentielle côtiers sont Randrianasoloniaiko Siteny Thierry (14,39%) arrivé 2ème, Ratsiraka Iarovana Roland (1,59%), Razafitsiandraofa Jean Brunelle (1,31%) et Paraina Auguste Richard (0,62%).
Siteny et Brunelle faisaient partie de la plateforme IRD et pourraient être « Cédric Vazaha compatibles ». Mais un des deux serait-il PB compatible ? Une condition sine qua non !
Fienena Jean Richard avait démissionné avec fracas du MMM et n’en avait pas été récompensé de son geste jusqu’ici ? Il aurait de grandes chances cette fois-ci de figurer dans le nouveau gouvernement, et même peut-être de le diriger.
L’ancien n°2 de la Présidence, Ramonjavelo Manambahoaka Valéry Fitzgerald, a également ses chances. Il avait dû démissionner de ce poste, étant membre du MMM, lorsque Hajo avait démissionné du gouvernement. Mais après avoir quitté le MMM, il avait été nommé ministre des transports en remplacement du ministre cyclope à roulettes. Antemoro comme le prince Andriamahazonoro conseiller de Radama 1er , son origine augmente ses chances d’être nommé PM. Car Cédric Vazaha n’a eu de cesse d’essayer de ressembler à ce monarque de par sa tenue vestimentaire.
Quid des 2 autres Vazaha, candidats à l’élection présidentielle ?
Cédric Vazaha pourrait se tourner vers l’un de ses compatriotes français, au 1er rang des quels figure le n°11 Raderanirina du Parti Fy-M, qui lui a déjà fait une proposition de collaboration. Histoire de rentabiliser son investissement de 200 millions ariary comme caution !
L’autre Vazaha Jean Jacques Ratsietison a sa « solution » de taux de change fixe de l’ariary grâce à un simple décret. Une solution qui arrangerait bien les affaires de Cédric Vazaha qui regarde avec inquiétude le glissement inexorable de l’ariary, même si cette proposition est complètement farfelue et fait sourire les vrais économistes et le FMI. Les deux ne surmonteront pas le handicap de cette fameuse règle non-écrite, même si Raderanirina vient d’Ambositra.
Ces deux candidats ont cependant l’avantage, contrairement à Cédric Vazaha, de ne pas avoir été naturalisés et donc d’avoir toujours la nationalité malagasy.
Quid de la diaspora ?
Hyacinthe Befeno Todimanana a « gâché » ses chances lorsqu’il est venu soutenir la candidature de Ra8, lors d’une réunion des partisans de ce dernier à Paris.
Le nom d’un ancien de l’académie militaire d’Antsirabe, parmi les premiers soutiens en 2009 de Cédric Vazaha à l’ambassade malagasy à Paris, Michel Andrianaivo figurerait également dans la short list. Ce discret ancien militaire résidant dans la région parisienne serait un des proches de Baomba.
Quid des collaborateurs de Cédric Vazaha ?
Il n’y a pas que les ministres, il y a également les collaborateurs tout puissants. L’appel d’offres de retour au pays de cerveaux avait fait long feu. Tout comme l’appel d’offres pour les postes d’ambassadeurs lancé par Patrick Rajoelina alias Lala sy Noro avait été jugé infructueux. Cédric Vazaha sera-t-il contraint de garder ses conseillers étrangers comme le cabinet Rothschild, ou l’invisible indienne Shabnam Singh ?
Sinon, à tout seigneur, tout honneur ! Cédric Vazaha va-t-il persister à garder des conseillers incompétents comme ce Gérard Perceau ? Voilà un soi-disant « expert » intouchable, même s’il a réussi à faire perdre des milliards de dollars à Madagascar (oui, record absolu depuis 60 ans !). C’était le négociateur en chef des projets de barrage Sahofika et Volobe, qui a permis à l’Etat malagasy de gagner 2 cents/kwh, en négociant pied à pied pendant des années et réussit enfin à obtenir une baisse de 7 à 5 cents/KWH le prix de cession à la Jirama.
La production annuelle de ces 2 barrages est de 2 300 Giga Watts Heures, soit un gain annuel de 46 millions d’euros. Félicitations, dirait le lecteur un peu discret !
Il a simplement oublié que le report des travaux de 2019 à 2024 (peut-être !) aura coûté 2,6 milliards de dollars à la Jirama. (Le prix de revient moyen actuel de production de la Jirama est supérieur à 30 cents/KWH. Le fait de ne pas disposer de l’énergie électrique générée par les deux barrages occasionnent donc un manque à gagner de 30 – 7 = 23 cents/KWH. Ce qui représente annuellement 529 millions d’euros, soit sur 5 ans 2,645 milliards d’euros).
De plus, Eiffage a jeté l’éponge et Volobe a également les mêmes soucis, et on doit trouver de nouveaux opérateurs. Quelques mois supplemtaires de perdus
Sans compter les pertes des agents économiques, dont les activités souffrent énormément des délestages. Ils viennent d’ailleurs de tirer de nouveau la sonnette d’alarme.
Cette lettre des agents économiques conclut par « Il suffit d’une volonté politique«
Vient ensuite la collaboratrice Rinah, intouchable malgré de grosses bourdes !
Malgré les aveux à l’Inspection générale de l’Etat de faux et usages de faux dans l’affaire SMMC, Rinah n’a jamais été déférée au tribunal ! Contrairement à notre PDG Lola Rasoamaharo, qui croupit en prison à cause d’une affaire montée de toutes pièces.
Ensuite, avoir réussi en 3 ans à mettre en faillite 3 compagnies aériennes ! Après négocié la reprise d’Air Madagascar et de Tsaradia, Rinah les a mises en en faillite. Créer ensuite Madagascar Airlines qui est au bord de la faillite après quelques mois d’existence ! Et elle en est toujours administrateur tout en se faisant grassement payer en tant que PCA de MGH (ce qui est contraire à la réglementation)!
Et le fameux manager de redressement Thierry de Bailleul qui a mis 12 mois avant de diagnostiquer une perte mensuelle de 2,8 millions de dollars. C’est d’ailleurs Gérard Perceau, ce retraité de Bouygues Colas, qui a introduit et recommandé Thierry de Bailleul à Cédric Vazaha.
Cédric Vazaha avait déjà usé les Vonjy Andriamanga, Holijaona Raboana (promesse Gasy Car), Stéphanie Delmotte (recasée à l’Omnis et au projet Prodigy), Henri Rabarijohn ou Andry Ramaroson. Vers qui va-t-il bien pouvoir se tourner ?
Un autre casse-tête pour Cédric Vazaha, car même s’il a décrété comme pilier de ses futurs actions le capital humain, de nombreux postes importants risquent d’être vacants comme lors du 1er mandat. Comme nous l’écrivions dans un précédent article, « Ceux qui sont compétents ne sont pas motivés, et ceux qui sont motivés ne sont pas compétents » (Ny Vanona tsy Vonona, ary ny Vonona tsy Vanona ).