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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Lany lainga (à court d’idées farfelues) i Rajoelina

La gazette de la grande île
06/04/20249 minute read

Rajoelina a perdu la guerre de communication sur les réseaux sociaux.
Lalatiana Mamasosy Bemolotra avait sous ses ordres toute une armée de comptes fake , tel serasera mada, soit pour défendre les actions gouvernementales et relayer ses communications, soit pour dévaloriser celles de l’opposition. A ce sujet, a journaliste Gaëlle Borgia avait fait sur la chaîne de télévision France 24 un reportage sur cette question épineuse ICI .

La réplique de Rajoelina n’a pas tardé, et la seule solution qu’il a trouvée c’est de frapper ces internautes indociles, irrévérencieux, au portefeuille en ces temps où les prix flambent.
Dans la majorité des pays, on essaie plutôt de freiner la hausse des prix, comme en France par exemple, lorsque l’Etat français a demandé au pétrolier Total de plafonner le prix du carburant à 2 euros.
A Madagascar, le gouvernement a pris en catimini, en décembre 2023, une décision inverse en imposant un prix plancher du gigaoctet de données à 0,95 dollar. Cette décision était passée sous les radars et nous n’avons pu en trouver trace, ni sur le site de la présidence, ni sur celui de la primature, ni sur le site du ministère du développement Numérique, de la Transformation Digitale, des Postes et des Télécommunications.

Mise en application le 1er avril, cette décision a donc pris de court les internautes et beaucoup pensaient que ce n’était qu’un poisson d’avril. Hélas, ils ont dû se rendre à l’évidence et ce n’était pas du tout un fake news. C’était la dure réalité.
Des jeunes pratiquant le vente en ligne ou des créateurs de contenus ont dû fermer dare dare leur compte en constatant la baisse drastique des visites sur leur site. Ils décident de faire marche arrière et vont de nouveau se tourner vers les radios, la presse écrite et télés pour la publicité.
Pas très fort pour un ministère chargé du développement numérique et de la transformation digitale.

Un prix plancher pour quelles raisons ?

Récemment, les agriculteurs français avaient massivement manifesté en réclamant des mesures destinées à rémunérer correctement leur travail. Les députés français avaient alors adopté une proposition de loi visant à garantir un revenu digne aux agriculteurs, en instaurant des prix planchers agricoles.
Qui sont alors les grands gagnants de cette augmentation des prix, sinon les Telcos (opérateurs téléphoniques) ?
A moins qu’il y ait un accord secret entre le gouvernement et ces Telcos, qui prévoirait de se partager le surplus de chiffres d’affaires pour renflouer un peu les caisses du Trésor.
Il est vrai que les caisses du Trésor sont vides, ce qui explique les délestages, car la Jirama peinent à recevoir les subventions lui permettant d’assurer l’achat du carburant pour les centrales thermiques.
Combien d’entreprises ayant travaillé pour le FER (Fonds d’Entretien Routier) n’ont toujours pas été payées depuis plusieurs années ?
Des entreprises de la zone franche et Ambatovy se plaignent de ne pas être payées de leur crédit de TVA. L’ambassadeur du Japon avait vainement lancé un appel désespéré pour Ambatovy. Espérons que l’Etat n’est pas en train de tuer la poule aux œufs d’or, si Ambatovy décide de freiner sa production ou même de fermer temporairement.
C’est la 1ère fois qu’un Etat impose un prix minimum, au détriment des consommateurs. En fait, c’est la seule manière qu’il a trouvée pour museler et punir ces internautes qui n’arrêtent pas de tirer à boulets rouges sur le régime Rajoelina ?
Afin de soutenir la liberté d’expression,  et d’atténuer les effets de cette censure à peine déguisée, nous suggérons que les grandes sociétés reliées par fibre optique ouvrent au public un accès à leur réseau wifi.

Une décision illégale

Le décret n°2007-276 du 11 avril 2007 oblige l’affichage en ariary des prix des marchandises et des prestations de service fournies sur le territoire douanier national. Tout comme les contrats de baux d’habitation et commerciaux, ainsi que les factures émises par une personne physique ou morale résidente à Madagascar.

Le 24 octobre 2020, la Banque Centrale a rappelé, à travers une note, les dispositions de ce décret. Selon cette note, toute infraction à ces dispositions est passible des peines prévues par l’article 473 du code pénal, à savoir « une amende de 2 000 ariary husqu’à 100 000 ariary et d’un emprisonnement jusqu’à 29 jours au plus ». Quelles peines ridicules !
Ces dispositions rentrent dans les mesures destinées à défendre l’ariary vis-à-vis des autres devises.

C’est donc l’Etat lui-même qui transgresse ses propres réglementations , et qui agit comme s’il n’a pas confiance en sa monnaie.
Si les Telcos envisagent de respecter cette décision, comme l’ariary fluctue tous les jours vis-à-vis du dollar, les internautes doivent s’attendre à ce que le volume de données qu’ils ont acheté  fluctuera tous les jours au gré du taux de change.

Un cas isolé ou des précédents ?

Hélas, la facturation en devises étrangères n’est pas un cas isolé, et Ravinala Airports l’applique allègrement avec la complicité de l’Etat. Les taxes d’aéroport perçues par Ravinala Airports sont libellées en devises étrangères, même si les billets sont émis à Madagascar.
Un vol intérieur Antananarivo Nosy Be par exemple est taxé en devises, et le prix du billet fluctue tous les jours au gré de la variation du taux de change, quand bien même les prestations sont fournies sur le territoire douanier national. Et les agences de voyage sont obligées de s’informer tous les jours des tarifs du jour.

L’ADEMA vient de suivre le mouvement et d’afficher également des taxes en devises pour les vols internationaux, même si ces billets sont émis à Madagascar. Et ces nouveaux tarifs viennent d’être approuvés par l’ACM (Aviation Civile de Madagascar)  ICI.
Ces taux de redevances applicables depuis le 6 mars 2024 ont été approuvées par la décision n°723/2023/ACM/DG, et notifiées par la note n°24/03/ADEMA.

Ce tableau a été tiré du site de Madagascar Airlines, mais introuvable sur les sites de l’ADEMA, de Ravinala Airports, de l’ACM. Il n’est pas conforme au décret n°2007-276.
N’y figurent pas les aéroports de Nosy Be ni d’Antananarivo qui ne concernent pas ADEMA.
Mais pourquoi les aéroports de Ste Marie, de Maroantsetra, n’y figurent-ils pas non plus? On ne parle pas des aéroports d’Antalaha (capital de la vanille), de Morombe, d’Ambatondrazaka et de bien d’autres encore !
Certes, les taxes sur les vols intérieurs sont toutes libellées en ariary. Pourquoi cependant les taxes sur les vols internationaux sont-elles libellées en dollars ? Même pour les billets émis à Madagascar ?
Par ailleurs, on ne comprend pas trop le distinguo entre réseau régional et réseau long courrier. Pourquoi les taxes pour le réseau long courrier seraient inférieures de 3,60 dollars pour les mêmes prestations ? De quels vols long-courrier quittant Toamasina parle-t-on ?
Enfin, pourquoi taxer l’aéroport de Morondava à 32 000 ariary, soit plus de 4 fois le montant des taxes appliquées à Antsiranana à 6 900 ariary ? Pourquoi pénaliser autant le Sakalava, le Betsileo ou le Tanala ? Ne serait-il pas plus équitable de pratiquer une péréquation au niveau national ?

Augmentation du tarif de Madagascar Airlines

Evidemment, Madagascar Airlines en a profité pour augmenter ses tarifs, bien au-delà cependant des augmentations dues aux taxes ADEMA. Les passagers et les agences de voyage découvrent ces augmentations qui sembleraient provenir également d’un changement de système de réservation. Madagascar Airlines passerait maintenant par le système Amadeus qui coûte plus cher que le système Zénith utilisé auparavant. Ce serait l’application du fameux plan Phoenix de Thierry de Bailleul, après la réintégration au BSP de l’IATA (ce n’est pas un exploit, il suffit de payer les arriérés d’Airmad et la caution).
Tout ceci pour pouvoir vendre des sièges Corsair comme une simple agence de voyage et percevoir une petite commission au passage, et pour augmenter les ventes de billets Madagascar Airlines sur les vols intérieurs de Madagascar Airlines, paraît-il. Ce qui ne sert à rien, puisqu’avec la flotte réduite à 2 ATR, cette compagnie n’arrive même pas à satisfaire la demande actuelle. Aucune réflexion profonde sur le besoin de mettre les vols intérieurs sur ce système Amadeus ! Juste un copier/coller de ce qu’il avait l’habitude de faire dans une grande compagnie !
Et tant pis pour les passagers malagasy, qui auront à payer pour ce surcoût qui ne lui apporte aucun service supplémentaire !

Comme c’est un DG vazaha comme Rajoelina, il sera ménagé malgré son incompétence.
Et que les employés de la Jirama, qui réclament d’avoir enfin un DG, ne soient pas surpris, si un DG Vazaha débarque. Ou un Rwandais, puis que Rajoelina admire tant le Rwanda qu’il avait même demandé, lors de son dernier voyage à Kigali, un expert rwandais pour nous aider pour l’enlèvement des ordures de la CUA !
Il est vrai que Rwandair se porte beaucoup mieux qu’Airmad ou Madagascar Airlines !

De toutes manières, un DG Vazaha ne fera pas mieux que maintenant à la Jirama, tant qu’il n’y a pas assez de sous au trésor pour verser les subventions, nécessaires pour l’achat de carburant. Et également d’un stock suffisant de pièces de rechange pour la maintenance. Actuellement, 2 des pompes de Mandroseza attendraient l’arrivée d’une commande de pièces de rechange. D’où l’aggravation de la pénurie d’eau à Antananarivo. Bon courage JiraMen !

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