En 2018, le candidat Rajoelina disait avec arrogance “Si l’on continue à ne travailler qu’avec ces bailleurs de fonds traditionnels, Madagascar restera sous développée même en 2050“.
Il y a 10 jours pourtant, après avoir demandé le rappel de l’ambassadrice de l’Union Européenne, Rajoelina Vazaha faisait la manche auprès de l’UE et de la BEI pour nous aider à réhabiliter les infrastructures endommagées par le cyclone Gamane.
Hier, il a reçu au palais d’Iavoloha, en compagnie de quelques membres du gouvernement, des fonctionnaires du FMI et de la Banque Mondiale.
Heureusement encore, grâce à notre qualité de membre du FMI, nous continuons à recevoir l’assistance de ce bailleur de fonds traditionnel. Selon un communiqué du ministère de l’économie et des finances, le dernier programme FEC est actuellement dans sa phase finale. Effectivement, la date de clôture de cette FEC est le 28 juillet 2024.
La mission du FMI commencera donc par boucler la dernière revue, nous permettant de tirer la dernière tranche, pour autant que le gouvernement arrive à respecter ses engagements.
Le 2ème objectif est de négocier une nouvelle FEC de 36 mois, parallèlement à une Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD).
Les domaines majeurs constituant le cœur de cette nouvelle FEC sont le budget en vue de la stabilité macro-économique, la gouvernance, la monnaie, la croissance inclusive, la protection sociale et le développement du capital humain.
Une augmentation des prix à la pompe
Que cache la phrase laconique du ministère de l’économie et des finances “Il est à noter que le dernier programme FEC qui s’est étalé sur la période 2021-2023 est actuellement dans sa phase finale“?
Revoir le mode de fixation des prix à la pompe est un des engagements majeurs du régime Rajoelina. Et il va falloir tenir cet engagement.
Pour rappel, Rajoelina avait décidé de baisser les prix à la pompe le 20 juin 2019, et n’a pris la décision de l’augmenter que le 11 juillet 2022. Des prix imposés qui ne tiennent pas compte de l’évolution du prix du baril de pétrole, entraînant des subventions insupportables pour le Trésor. Avec des conséquences dramatiques, non seulement pour la stabilité macroéconomique, mais également sur le quotidien de la population.
Ainsi, les pétroliers ne versent plus au trésor la part de taxe réservée au Fond Routier et font la compensation avec les subventions aux carburants. Une compensation pourtant contraire aux pratiques des finances publiques. Lorsque le PM Ntsay Mike Tyson affirmait que le Fond Routier disposait de 600 milliards ariary, il avait simplement oublié de dire qu’ils ne sont pas du tout mobilisables. Ils sont juste inscrits dans les caisses du Trésor, et cela explique que les petites entreprises de travaux publics ayant travaillé pour l’entretien routier ne pouvaient pas être payées.
Avant le retour de Rajoelina au pouvoir en 2019, les prix à la pompe évoluaient régulièrement au gré de l’évolution du prix du baril. Donc, pas de subvention qui grève le budget!
Il va falloir revenir à ce système de fixation automatique des prix, et c’est l’engagement de l’Etat dans le cadre de la FEC actuelle.
Cela signifie que l’Etat accepte d’augmenter les prix à la pompe et de revenir à son évolution automatique. La seule variable dont dispose le gouvernement, c’est la date de sa mise en place.
Après les élections législatives? Après le 26 juin? En tout cas, avant la date de clôture de la FEC, Voilà ce qui attend la population, avec les conséquences sur les prix et le pouvoir d’achat. Rajoelina devrait jouer la transparence et annoncer d’ores et déjà cette hausse prochaine.
Un vrai homme d’Etat le ferait!
