Madagascar n’est pas reconnu comme un pays entièrement démocratique, si l’on se réfère aux études menées par Bertelsmann Foundation.
Une récente étude menée par la Bertelsmann Foundation dans son Transformation Index 2024 a classé Madagascar comme une « autocratie modérée » en matière de « Transformation politique ». Cette classification repose sur plusieurs indicateurs analysés dans le cadre de l’étude de cette fondation européenne, qui a examiné 137 pays à économie peu performante dans le monde. Pour l’année 2024, Madagascar a obtenu une note de 4,5, ce qui la place en dessous de la moyenne sur une échelle de 1 à 10 définie par l’étude. Selon les critères de cette recherche menée par des universitaires de différentes régions du globe, plus la note est basse, moins la performance du pays est considérée comme remarquable.
Équitable. En ce qui concerne la stabilité des institutions démocratiques, Madagascar a reçu une note de 3, en dessous de la moyenne. Par conséquent, la Grande Île est classée comme « défectueuse », en compagnie de 34 autres pays sur les 137 évalués, juste après le Kirghizistan et devant la Mauritanie. L’application de l’État de droit dans le pays a également été qualifiée de « défectueuse » selon l’étude, avec une note de 4,3, soit inférieure à la moyenne. Madagascar se trouve ainsi au même niveau que la Jordanie, la Mauritanie, la Sierra Leone et la Zambie en termes de respect des fondamentaux de l’État de droit. Cependant, la note de Madagascar est jugée « équitable » en matière de participation politique, au même titre que le Bénin.
Personnalisation du pouvoir. Cette étude met en lumière les défis auxquels Madagascar est confronté en termes de transformation politique et souligne la nécessité d’actions visant à renforcer les institutions démocratiques et l’État de droit dans le pays. « Des préoccupations significatives en matière de droits civils persistent et le pays continue de faire face à d’énormes défis en termes de performance démocratique », souligne l’étude de Bertelsmann Foundation. Elle a, en effet, pointé du doigt certains exercices du pouvoir qui peuvent affecter la démocratie dans le pays. « La personnalisation du pouvoir par les présidents successifs a, non seulement, sapé les contre-pouvoirs, mais aussi affecté le fonctionnement, la transparence et l’indépendance d’autres institutions, notamment le système judiciaire », a-t-elle affirmé également.
Abus de pouvoir. Aussi, toujours selon cette étude, « la présence d’un pouvoir autoritaire pendant si longtemps a entravé l’émergence d’institutions indépendantes et crédibles ». L’étude déplore également que « l’état préoccupant des droits civils à Madagascar n’a pas changé depuis décembre 2018. Il y a toujours des abus de pouvoir et des restrictions supplémentaires à la liberté de la presse, ainsi qu’aux libertés de réunion et d’expression, comme indiqué précédemment. La réduction des libertés qui a commencé pendant le confinement lié au Covid-19, y compris la poursuite des critiques du régime, a continué et même accéléré ».
Impunité. La corruption dans le pays est aussi fustigée par l’étude. « Dans la pratique, les ressources humaines et financières ne sont pas suffisantes pour atteindre l’objectif de tolérance zéro (dans la lutte contre la corruption, ndlr), d’autant plus qu’un certain nombre de fonctionnaires, y compris des membres du Parlement et du gouvernement, ont été impliqués dans des affaires de corruption. C’est notamment le cas pour l’ancien ministre de la Justice, contraint de démissionner en février 2022 pour avoir été cité dans une affaire de corruption. Son procès est toujours en attente. C’est un exemple d’impunité », lit-on dans les colonnes de cette étude de 40 pages menées par Bertelsmann Foundation. « L’inefficacité dans la sanction des fonctionnaires publics corrompus est due au manque d’indépendance au sein des institutions luttant contre la corruption et à la pression politique », poursuit-on.
Rija R.