On peut comprendre que Rajoelina Vazaha s’arrache les cheveux, car il ne sait plus où donner de la tête. De quelque côté qu’il se tourne, il ne voit que des problèmes et ne sait plus par quel bout commencer.
Ainsi par exemple, comme toutes les routes nationales sont dans un état de délabrement avancé, la nouvelle priorité du moment de Rajoelina Vazaha est le redressement de Madagascar Airlines, créée seulement en octobre 2021. Mais cela répond-il réellement aux besoins prioritaires des Malagasy ? En dehors de touristes, le Malagasy lambda n’aura jamais les moyens de payer les billets de Madagascar Airlines, ni les taxes Ravinala.
25 millions de dollars empruntés auprès de la Banque mondiale pour ce faire ! Tout ça pour un seul ATR72 opérationnel. Alors que déjà en 1968, Madagascar avait le réseau intérieur le plus dense du monde qui permettait d’aller dans les petites localités difficilement accessibles par la route. Actuellement, prendre l’avion est devenu un luxe, une priorité pour Rajoelina et consorts uniquement.
Selon une publication de Rinah sur sa page facebook, ce DG d’un ATR72, le comte Thierry de Bailleul est payé 500 000 dollars pour 18 mois, soit près de 28 000 dollars/mois. Sans parler des autres avantages comme les billets pour toute sa famille par exemple. En tout cas, c’est nettement supérieur au salaire du nouveau DG de la Jirama dont les tâches sont autrement plus importantes et plus difficiles.
Environ 15 000 dollars/mois
Le pire, c’est que cette fois c’est le port autonome de Toamasina qui sert de vache à lait à Madagascar Airlines et qui passe à la caisse, à la place de la CNAPS. Sous la pression efficace du ministre des transports Valéry Ramonjavelo, qui n’a pas été remplacé comme président du conseil d’administration du port autonome de Toamasina, alors qu’il est devenu ministre entretemps.
La population malagasy ne le sait pas, et sans doute pas plus la population Tamatavienne, qu’il est grand temps de mettre au parfum en ces temps de législatives.
Attention ! Demain le port sera peut-être comme l’est actuellement la Secren.
Pourquoi d’ailleurs le port n’aiderait pas plutôt la Secren, dont les activités sont plus proches des siennes que celles de Madagascar Airlines ?
La matrice d’Eisenhower
Rajoelina et son gouvernement sont-ils débordés par leur « To do list » (la liste des tâches à faire), tant tout paraît prioritaire ? Pour autant qu’ils aient au moins fait cette liste !
Sinon, il faudrait que le gouvernement fasse un séminaire afin d’établir cette liste.
Le gouvernement devrait ensuite apprendre ce qu’est la matrice d’Eisenhower et comment l’utiliser.
Le président Eisenhower aurait prononcé la phrase suivante: « Ce qui est important est rarement urgent et ce qui est urgent est rarement important ». Ce serait l’origine de ce qui allait porter le nom de Matrice d’Eisenhower qui est un tableau basique de priorisation des tâches, utilisé à la fois pour la gestion des priorités, d’organisation du travail et d’aide à la prise de décision.
A ce stade, pas encore besoin de parler de la loi de Laborit, ni de la méthode Pomodoro.
URGENT signifie qu’une action doit être faite le plus rapidement possible, selon le Larousse. C’est généralement le type d’action que l’on accomplit dans l’empressement.
IMPORTANT, selon le Larousse toujours, dont la place, le rôle, l’intérêt ou les conséquences possibles sont considérables. Stratégiquement, les activités importantes sont celles que l’on va suivre avec une attention particulière.
Rajoelina aurait pu, par exemple, se poser la question de savoir s’il était important pour lui d’assister ou non aux cérémonies de commémoration du 29 mars 1947 de Moramanga.
Ou bien de dépenser autant d’argent et de temps à aller à Dubaï. Pour quels résultats ?
Le pyramide de Maslow
L’autre séminaire gouvernemental devrait se pencher sur le pyramide de Maslow qui classe les motivations humaines en 5 besoins fondamentaux :
Niveau 1 besoins physiologiques
Niveau 2 besoins de sécurité
Niveau 3 besoins d’appartenance
Niveau 4 besoins d’estime
Niveau 5 besoins d’accomplissement
Pyramide des besoins de Maslow
Le principe en est que l’on ne ressent l’apparition d’un besoin du niveau supérieur que lorsque les besoins du niveau actuel sont relativement satisfaits. D’où une hiérarchisation des priorités !
Rajoelina et les membres du gouvernement auraient vraiment besoin de se recycler en ce début de mandat, à travers ces deux séminaires. D’autant plus que les caisses sont vides.
Ainsi, la ministre des finances vient d’écrire le 1er mai 2024 (jour férié, fête du travail) à la Banque mondiale la lettre n° 374-2024-MEF/SG/DGT/DDP/MR du 1er mai 2024.
Elle précise que l’urgence actuelle du gouvernement est la 2ème tranche de l’appui budgétaire ainsi que le redressement de Madagascar Airlines.
Elle demande donc expressément l’annulation de 4 crédits d’un montant total de 77 millions de dollars, au profit de cette urgence. Ainsi, une demande d’ annulation de crédit :
-Projet de soutien à des moyens de subsistance résilients dans le Sud-MIONJO pour 12 millions USD
-Projet de Connectivité Numérique et Energétique pour l’inclusion à Madagascar-DECIM pour 25 millions USD
-Projet Filets Sociaux de sécurité PFSR pour 20 millions USD
-Projet de transformation Economique pour une croissance inclusive-PIC3 pour un montant de 20 millions de dollars.
Bye bye donc le soutien à des moyens de subsistance résilients dans le Sud ! Les futurs passagers de Madagascar Airlines vont passer devant les Antandroy, considérés maintenant comme des citoyens de seconde zone !
Bye bye également les filets de sécurité !
Quant à la connectivité numérique, on savait déjà que ce n’était plus une priorité lorsque le gouvernement avait décidé de fixer un prix de vente plancher de 0,95 dollars le giga octet de données numériques, avant de faire volte-face (un exemple de décision gouvernementale irréfléchie, non concertée, prise à la va vite et contre-productive).
Sans ces séminaires, on risque de tourner en rond et de n’avancer nulle part, comme on le voit actuellement. Rajoelina Vazaha finira-t-il par écouter ces conseils ? Ce serait le début de la sagesse, même si ce serait admettre l’incompétence du régime.
Ils peuvent le faire en catimini, sans en faire aucune commuication.