La Grande Ile vit dans un climat post-électoral assez agité au point d’en oublier les gestes barrières liés à la prévention des grippes et des maladies de la saison froide. En adoptant le décret prise en Conseil des Ministres le 13 mars 2024, complétant l’annexe du décret n°2019-189 du 20 février 2019 fixant le nombre des membres de l’Assemblée Nationale, la répartition des sièges sur l’ensemble du territoire national ainsi que le découpage des circonscriptions électorales pour les élections législatives, le régime Rajoelina veut être à la fois juge et partie. Du népotisme, le non-respect de la neutralité de l’administration ainsi que des suspicions de fraudes électorales sont pointés du doigt, au lendemain des élections législatives.
Poa-Droa : Une double détonation
Briguer deux sièges dans une circonscription reste utopique dans le contexte politique des deux dernières législatures ; l’époque de l’AREMA de 1998 ou du Tiako I Madagasikara de 2003 est révolue. Le comportement de l’électorat, hérité des événements de 2009 reste le même : une partie de la population pleine d’espoir, une autre partie déterminée à poursuivre un chemin déjà tracé. Qu’il s’agisse d’une conviction ou d’un fanatisme, ces groupes déterminent les profils type des électeurs du pays. Cependant, les deux camps s’autoproclament vainqueurs dans les circonscriptions-clés notamment les six arrondissements dans la Capitale et les grandes villes, Chef-lieu des Ex Provinces. Les plateformes rivales déploient leurs stratégies respectives, diffusant les résultats des bureaux de vote qui leur sont favorables. Avec l’aide précieuse de la lenteur administrative de la part de la Commission Electorale Nationale Indépendante, la communication comme outil de manipulation est en cours. Force est de constater qu’une fraction de la population seulement comprend le fonctionnement du système électoral : l’attribution des sièges par Districts, la méthode de la plus forte moyenne à appliquer etc.
Le scrutin du 29 mai dernier peut ainsi être considéré comme un vote sanction vis-à-vis du gouvernement actuel. Malgré le faible taux de participation, le peuple a démontré qu’il détient le pouvoir de décision, ou presque. Les Malgaches se sont exprimés dans les urnes, mais la frustration se fait sentir dans la société, dans les réseaux sociaux. Si le régime actuel se permet des fraudes, sous quelque forme que ce soit, une explosion est inévitable. Les bureaux de la CENI incendiés à Tsihombe en est une manifestation des mécontentements du peuple. Suite au bon nombre d’irrégularités observées dans les différents bureaux de vote, les Communiqués et les Fanambarana se suivront dans les prochains jours. Selon la fameuse expression « pao-droa » ou « poa-droa », les explosions seront littéralement doublées sans transparence de la part des instances électorales.
L’après-Christine
Quid du nouveau président de l’Assemblée nationale ? Si la question de la majorité parlementaire est de plus en plus évoquée, nous nous demandons qui sera à la tête de la chambre basse pour cette prochaine législature. Les 163 représentants du peuple vont-ils choisir un homme ou bien la gent féminine sera à l’honneur ? Quel que soit le groupe qui briguera ce poste, ce qui est sûr, c’est que cette assemblée connaîtra un nouveau souffle vu les nouvelles têtes qui y vont intégrer. Espérons que ces « honorables » parlementaires prendront conscience des méfaits des anciennes pratiques. La sagesse consiste à montrer preuve de patience et attendre les résultats complets officieux de la CENI et la proclamation des résultats officielles de la Haute Cour Constitutionnelle.