Le budget de l’État malgache est largement grevé par les dettes et les subventions en faveur des pétroliers et de la société nationale d’eau et d’électricité. Le président Rajoelina n’a d’autre choix que d’obtenir l’appui budgétaire des bailleurs.
Publié le 10.06.2024 à 4h40 GMT Lecture 2 minutes
Avis de tempête sur les finances de la Grande Île. Les recettes fiscales, largement surestimées lors de l’adoption de la loi de finances initiale pour 2024, ont mis la trésorerie du pays sous tension depuis janvier. Dans le projet de loi de finances rectificative, dont le vote est prévu le 20 juin, les prévisions de recettes font l’objet d’une révision à la baisse de près de 83 millions d’euros. Les dépenses sont, elles aussi, revues : de 3,35 milliards d’euros, elles passent à 2,62 milliards, soit une baisse de 728 millions d’euros.
Les recettes issues des taxes et du fisc ne suffisent pas à couvrir le coût de fonctionnement de l’État. Cette tendance a forcé la ministre des finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, à accélérer sur les redressements fiscaux et les avis à tiers détenteurs (ATD, AI du 12/04/24). Mais les 66 millions d’euros (320 milliards d’ariarys) récoltés au printemps n’ont pas suffi à renflouer les caisses de l’État, qui pâtissent, en plus, de l’absence d’investissements étrangers dans le pays.
Par ailleurs, le budget est grevé par plusieurs dettes majeures, dont celle de la compagnie aérienne nationale, Madagascar Airlines (anciennement Air Madagascar), dirigée par le Français Thierry de Bailleul. Celle-ci s’élève à 40 millions d’euros. Contactée au sujet du montant précis de la dette envers les pétroliers, la Jirama (la société publique d’eau et d’électricité) et les entreprises de la zone franche de la capitale, la porte-parole de la présidence, Lova Hasinirina Ranoromaro, n’a pas répondu à nos sollicitations.
Décaissement sous conditions
En septembre, le président malgache, Andry Rajoelina, aura plus que jamais besoin de l’appui budgétaire de la Banque mondiale, d’un montant de 100 millions de dollars, et de celui de la Banque africaine de développement (BAD), de 132 millions de dollars. Le président et sa ministre des finances se démènent également auprès du représentant résident du Fonds monétaire international, le Marocain Mokhtar Benlamine. Ils ont reçu en mai une délégation du FMI à Washington, pour l’obtention avant la fin du mois de juin d’une nouvelle facilité élargie de crédit (FEC), ainsi que de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD). Ces deux mécanismes permettraient de débloquer dès septembre 660 millions de dollars, répartis sur trois ans.
Le conseil d’administration du FMI, par la voix de Mokhtar Benlamine, a cependant posé des conditions à ce nouveau décaissement : la nomination d’un nouveau directeur général de la Jirama, une loi de finances rectificative (pour réduire les dépenses de l’État) ainsi qu’un ajustement des prix à la pompe. L’Israélien Ron Weiss a été nommé à la tête de la Jirama en mai, après avoir dirigé pendant six ans la compagnie nationale d’eau et d’électricité rwandaise, Rwanda Energy Group. La loi de finances rectificative sera donc adoptée à la fin du mois. Et l’ajustement des prix à la pompe pourrait, lui, entrer en vigueur après les résultats des législatives du 11 juin.
©️ Copyright Africa Intelligence.