La transparence budgétaire demeure préoccupante à Madagascar, selon les résultats de l’évaluation de l’indice du budget ouvert (EBO) 2023. Le pays a obtenu un score de 39 sur 100, bien en dessous de la moyenne mondiale de 61 sur 100. Bien que ce chiffre représente une légère amélioration par rapport aux 34 sur 100 obtenus précédemment, il reste insuffisant, mettant en évidence le manque d’informations disponibles au public.
Des Documents Budgétaires Clés Manquants
Sur les huit documents budgétaires clés produits par le ministère de l’Économie et des Finances, la Cour des comptes et d’autres organismes gouvernementaux, seulement cinq sont accessibles au public. L’évaluation de l’EBO 2023 a révélé que le rapport préalable au budget était soit publié en retard, soit indisponible en ligne, ou produit uniquement à des fins internes. Plus alarmant encore, le rapport de fin d’année et le rapport d’audit n’ont même pas été produits en interne, laissant un vide critique dans la transparence et la reddition de comptes.
Une Participation Publique en Déclin
La participation du public dans les processus budgétaires est également en régression. Madagascar a vu sa note dans ce domaine chuter de 15 sur 100 à 9 sur 100. Harijaona Andriamoraniaina, directeur exécutif de la plateforme de la société civile Msis Tatao, attribue cette mauvaise note à la faible qualité des données publiées, tant sur le fond que sur le format. Par exemple, l’utilisation de fichiers PDF rend les informations moins accessibles.
Un Appel à une Meilleure Collaboration et Compétence
Pour remédier à cette situation, Andriamoraniaina recommande au ministère de l’Économie et des Finances, à la Cour des comptes et au parlement d’améliorer les sites web des départements et institutions concernés. Il souligne également la nécessité de renforcer la collaboration entre la société civile et le corps législatif pour assurer que la voix du public soit entendue lors des débats budgétaires.
En outre, une critique majeure concerne la compétence des députés en matière de budgétisation. Ceux-ci, censés lire, valider ou proposer des modifications à la Loi de Finance, manquent de compréhension approfondie des documents budgétaires. Cette situation est exacerbée par un régime qui favorise le secret et d’être miné par le favoritisme et la corruption. La réticence à divulguer des documents budgétaires est une stratégie pour dissimuler ces pratiques.
L’évaluation de l’EBO 2023, qui a couvert 125 pays, souligne les défis persistants que Madagascar doit relever pour améliorer sa transparence budgétaire. Une réforme substantielle, tant au niveau de la publication des documents que de la formation des députés et de l’engagement du public, est indispensable pour atteindre des standards de transparence plus élevés et favoriser une gestion financière plus équitable et responsable.