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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Le bilan dramatique du PM Ntsay Mike Tyson choisi par les députés IRMAR et assimilés

La gazette de la grande île
08/08/20249 minute read

En 2024, Madagascar est classé 177éme /191 pays selon l’IDH (Indice de développement humain), avec des taux de pauvreté alarmants : 75,2% de la population vit avec moins de 0,89 dollars/jour (4 046 ariary), et 51,8% en situation d’extrême pauvreté : https://www.grandirailleurs.org/madagascar-etat-des-lieux-de-la-situation-politique-sociale-et-economique-2024/ .
Ces chiffres sont pires si on retenait les chiffres, quant au seuil international de pauvreté fixé à 2,15 dollars/jour (9 775 ariary), et au seuil de l’extrême pauvreté fixé à 1,90 dollars/jour (8 635 ariary).
Tel est le bilan de Ntsay Mike Tyson après 6 années à la primature.

Malgré ce bilan catastrophique, conformément à l’article 54 de la Constitution « Le Président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée Nationale », les députés IRMAR et assimilés l’ont représenté pour être nommé PM. Radomelina Vazaha ne pouvait que s’incliner devant ce choix, sous peine d’un acte anticonstitutionnel.

 

Les députés vont entendre la politique de mise en œuvre de la PGE, définie par ce seul PM sans l’assistance des futurs ministres chargés de son exécution.
L’article de notre confrère PitchBoule paru dans le journal en ligne Madagascar Tribune, que nous publions ci-après, donne quelques pistes de réflexion aux « Honorables » :
https://www.madagascar-tribune.com/Les-chroniques-de-RAGIDRO-le-financement-du-developpement-ou-le-train-vers-le.html .

Le financement du développement ou « le train vers le précipice »

mardi 9 juillet |  2204 visites  | Lalatiana Pitchboule

 

Un débat récent sur les 658 millions de dollars de financements octroyés par le FMI dans le cadre des programmes FEC (Facilité Elargie de Crédit) et FRD (Fonds pour la Résilience et la Durabilité) nous interpellait… Avec un questionnement quant à l’impact réel de ces financements, quant à leur utilité et quant aux implications engendrées en termes de dette. Mais la question n’est pas là : si leur utilité devait être évaluée, elle devrait l’être à l’aune des besoins réels et globaux du pays pour espérer atteindre les ODDs.

Ces programmes visent textuellement, on le rappelle, à :
a) Renforcer la gouvernance,
b) Remédier aux vulnérabilités climatiques et faire face aux catastrophes naturelles,
c) Réduire la dette et augmenter la disponibilité énergétique,
d) Accroître la productivité agricole,
e) Consolider la stabilité monétaire et financière,
f) Soutenir l’industrialisation via des réformes appropriées,
g) Améliorer les infrastructures routières,
h) Promouvoir le développement du capital humain …

Ouf ! Rien que cela Bien évidemment, sous réserve de satisfaction de certaines conditionnalités de gouvernance et de priorités. Il sagit de conditionnalités classiques pour ces bailleurs en termes de rigueur, dajustements structurels, de bonnes gouvernance budgétaire et de prise en compte denjeux de développement durable Etc Etc

Le seul énuméré f) ci-dessus « améliorer les infrastructures routières » interroge en soi quand on se pose la question : « quels sont les besoins du pays en termes de financement pour la réhabilitation des infrastructures routières et l’entretien d’un réseau de 30 000 kilomètres de routes ? ». Ce réseau, a-t-on besoin de le rappeler, est vital pour assurer la croissance et le développement inclusif du pays.

Il faut souligner que le réseau routier actuel de Madagascar est l’un des moins développés au monde, avec une densité routière de seulement 5,4 km pour 100 km² quand il serait de 52 kms pour 100 km² chez notre « voisin » rwandais et de 102 kms ( !) pour 100 Km² à Maurice.

Un projet BEI de modernisation du réseau routier financé à hauteur de 235,5 millions d’euros veut rénover 348 kilomètres de routes de la RN13 et de la RN6. En extrapolant ce ratio, pour 30 000 km, le besoin de financement serait d’environ 20,3 milliards d’euros.

De la même manière, un projet de la Banque mondiale de 300 millions USD veut entretenir 1 200 km de routes. Une extrapolation de ce ratio à 30 000 km caractériserait un besoin de financement en entretien de l’ordre de 6,8 milliards d’euros.

On arrive (projections de l’auteur) à une estimation moyenne raisonnable en termes de besoin de financement, sur le seul volet infrastructures en modernisation et entretien, de l’ordre de 15 à 28 milliards d’euros. On en est loin … Très loin.

En rapportant cette projection à l’échelle de l’ensemble des postes du budget malgache, on imagine aisément que les besoins en investissements [1] pour atteindre les Objectifs de Développement Durable (ODD) sont tout simplement colossaux … et se chiffrent en dizaines de milliards de dollars.

La ligne « infrastructures » représente 5,5% du Budget. Les « secteurs sociaux » caractérisent 30,6% du budget. A partir de cela, les projections donnent à la louche une estimation des besoins budgétaires des secteurs sociaux (éducation, santé, protection sociale…) de l’ordre de 83 milliards à 155 milliards d’euros [2]. La réalité montre que nous sommes bien loin de disposer de ces moyens à engager… Tant en ressources internes .… Qu’en ressources externes.

Parce que s’il y a une insuffisance notoire des financements internes, il s’avère en effet par ailleurs que, de toute façon, les financements et l‘aide au développement pour Madagascar restent eux aussi très largement insuffisants.

L’aide à Madagascar, rapportée à l’habitant, est l’une des plus faibles au monde. Le pays a globalement reçu en 2020 environ 533 millions de dollars d’APD (aide publique au développement). Ce qui représente donc approximativement 19 dollars par habitant … quand la moyenne mondiale en termes d’APD semble être de l’ordre de 68 dollars par habitant… Disparité flagrante dans la répartition de cette aide… Ce ne sont pas les plus pauvres qui sont les plus aidés… Normal, diront certains : on ne prête qu’aux riches.

La faiblesse de cette aide relève d’une certaine défiance quant aux capacités de l’administration à exploiter au mieux l’aide en question. Au-delà des logiques de corruption, le pays souffre d’une difficulté réelle en termes de capacités de décaissement. On obtient de l’aide, mais on n’est pas capable d’en consommer les fonds alloués.

Ces réelles difficultés à utiliser efficacement ces fonds relèvent, semble-t-il, de la faiblesse des infrastructures administratives et de leurs capacités de gestion. En 2020, seuls 60 % des fonds alloués ont effectivement été décaissés et utilisés pour des projets de développement. C’est 40% d’argent inutilisé… c’est autant d’argent perdu en termes d’injection dans l’investissement productif… Et c’est autant de retards dans la mise en œuvre des projets essentiels.

Des bruits énoncent aujourd’hui que l’effectivité actuelle de l’utilisation des fonds serait à peine de l’ordre de 20%.

L’aide au développement, bien que nécessaire, a toutefois en corollaire un niveau d’endettement croissant pour Madagascar. En 2022, la dette extérieure du pays s’élevait à environ 6,6 milliards de dollars, représentant environ 35 % du PIB. Cet endettement freine la capacité du pays à investir dans ses propres infrastructures et à développer des initiatives locales durables sans l’appui extérieur.

Mais la dette en soi ne devrait pas être problème. Si elle ne peut pas (et ne doit pas ) TOUT financer (l’augmentation des recettes internes est indispensable), la dette est nécessaire aux investissements et au développement du pays. Le niveau de la dette n’est problématique que si on n’a pas la confiance des investisseurs et des grands argentiers internationaux. Et c’est évidemment là que le bât blesse : dans la capacité de l’administration malagasy à rassurer ses partenaires financiers … Sans confiance, pas d’investissement …

La Loi de Finances 2023 présentait ainsi les orientations d’un plan d’emprunt extérieur 2023-2024, où les autorités comptaient recourir à 3,60 Mds € d’emprunts extérieurs. Un tiers seulement de cette enveloppe envisagée aura été réalisé… Ces derniers 660 millions du FMI inclus.

Quand on aurait besoin d’un plan Marshall pour sortir de cette spirale mortifère de la pauvreté, on a, en termes de volumes d’investissement, des sparadraps sur une jambe de bois. Et l’inquiétude doit être extrême. Face à la croissance démographique, l’incapacité à satisfaire les besoins fondamentaux et l’insuffisance des moyens engagés ne semblent mener qu’à une chose : l’accélération du déclin du pays … On était au bord du gouffre, nous sommes en train de faire un grand grand grand pas en avant

Le pays était classé en 2022 au 173e rang sur 191 pays selon l’indice IDH. Il était au 158e rang en 2018, avec des taux de pauvreté élevés qui continuent de se dégrader : 90,9 pour cent de la population vit avec moins de 3,10 dollars par jour et 77,4 % de la population est dans une situation d’extrême pauvreté (contre 74,3 % en 2019). La locomotive est lancée vers le précipice, et nul ne sait comment l’arrêter.

Il n’est plus question de se plaindre ici de l’incurie des acteurs du pouvoir. On n’a, à ce sujet-là, plus grand-chose à découvrir. L’adage dit « on n’a que les dirigeants que l’on mérite ». Mais face à cette situation alarmante, un réveil est nécessaire. Avec des besoins se chiffrant en dizaines de milliards de dollars, le décalage entre les moyens engagés et les besoins réels est plus qu’inquiétant. L’absence de vision et de transparence des acteurs en place est dramatique, mais elle est aussi scandaleuse… Il va falloir se secouer et envisager un changement radical des postures et des mentalités pour au moins freiner si ce n’est éviter cet inexorable délitement de la Grande Île.

Patrick Rakotomalala (Lalatiana PitchBoule) – 08 Juillet 2024

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