Considérés comme source des inondations à Antananarivo, les remblais sauvages sont formellement interdits dans la capitale et ses périphéries. Des dispositions ont été prises en 2029, puis renforcées en 2022 et dernièrement Andry Rajoelina a été ferme sur ce sujet lors de sa prise de fonction en décembre 2023. Techniquement, ces travaux de remblayage ne respectent pas le plan d’aménagement de la ville tant dans la Commune Urbaine d’Antananarivo qu’au sein des communes environnantes. C’est la raison pour laquelle ils sont formellement interdits dans la capitale et ses environs. Cependant, le remblayage persiste : une dizaine de camions mise en fourrière en janvier 2024, et bien d’autres les mois suivants.
Pour rappel, les auteurs encourent trois sanctions : la mise en fourrière des véhicules de transport de remblais, le paiement d’une amende de cinq millions d’Ariary minimum, et la remise en état des terrains concernés. Ce qu’on peut dire c’est que le prochain qui sera nommé à la tête du ministère en charge de l’aménagement aura du pain sur la planche.
Surveillance
L’Autorité pour la protection contre les inondations de la plaine d’Antananarivo (Apipa) et le ministère de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire déploient beaucoup d’efforts pour lutter contre le remblayage illicite. Malgré cette forte vigilance, des travaux de remblayage sont constatés dans le Grand Tana, notamment le long du By-pass, sur la RN7, à Tsarasaotra et Ambohidratrimo. Les « missions » s’effectuent surtout la nuit.
Les cas peuvent être catégorisés en deux : d’une part les dossiers ayant déjà fait l’objet d’études techniques et ayant reçu une autorisation de la part de l’Apipa et d’autre part ceux qui peuvent être qualifiés de forcing. Même pour la première catégorie, le gouvernement a décidé de suspendre toute activité de remblayage par voie réglementaire, un texte qui devrait être strictement appliqué et respecté.
Impunité
Le 16 janvier 2024, lors de la cérémonie de passation avec le ministre Naina Andriantsitohaina à Anosy, le ministre sortant Pierre Holder Ramaholimasy a mis en garde son successeur sur l’existence d’un réseau puissant qui rend impossible cette lutte contre les remblais dans le Grand Tana. « Je connais la raison pour laquelle les travaux de remblayage se sont multipliés ces derniers mois… J’ai déjà soumis mes propositions de solutions au nouveau ministre. Dans ce pays, certains individus se croient au-dessus de la loi et intouchables parce qu’ils connaissent telle ou telle personnalité, sont amis avec des personnes haut placées… et j’en passe ! »
Nous sommes en juillet 2024, la semaine dernière, l’Apipa a saisi des véhicules ayant transporté du remblai au sud de la Capitale, sur la RN7. Seulement, les responsables semblent ne pas craindre les sanctions, affichant une grande confiance et laissant entendre qu’ils entretiennent des relations avec le Premier Ministre, Chef du Gouvernement et le Gouverneur de la Région Analamanga. Le régime actuel est bien connu pour cette pratique, des interventions par-ci et par là, des affaires étoffées, des Tsimatimanota. Jusqu’à quand cette culture de l’impunité continuera-t-elle de régner dans le pays ?