Skip to content
Le Journal de l'île Rouge
Politique

« Ho tonga anie ny FAHAFAHANA » ! (Que vienne la liberté)

La gazette de la grande île
16/09/202412 minute read

Quand la pression est trop forte, il y a danger avec un risque d’explosion, même pour une cocotte-minute, pourtant façonnée pour y résister. La situation politique actuelle est-elle arrivée à un point de rupture ? Tout porte à le croire au vu de divers événements récents.

Des forces de l’ordre au service de la protection du régime

Pendant que l’insécurité règne dans tout le pays, et même dans la capitale, les forces de l’ordre sont utilisées prioritairement pour défendre le régime Radomelina Vazaha au lieu de se consacrer à la préservation de la sécurité des biens et des personnes.
Quand on voit le zèle mis par ce fameux colonel de gendarmerie Tojo et le nombre d’éléments mobilisés (autant qui ne courront pas derrière les bandits et les dahalo)  afin d’empêcher la tenue d’un simple culte au Magro Behoririka !

Rappelez-vous la fusillade de fin novembre 2022 à Andohan’i Mandroseza! Des éléments de ce colonel ont tué 5 personnes, dont certains assassinés à bout portant de sang-froid alors qu’ils étaient allongés au sol (des preuves avaient enregistrées, mais gardées secrètes par peur de représailles). Le parfait exemple d’intouchables et d’impunité ? Mais jusqu’à quand ?

Rêve éveillé de Vazaha Ratandrametaka : Des PDS à la tête de toutes les communes ?

En mars 2021, deux années après leur prise de fonction, 21 maires avaient été destitués par le conseil d’Etat, suite aux recours déposés par des candidats malheureux. Six nouvelles élections avaient été ordonnées, dont pour la commune urbaine de Morondava.
Vazaha Ratandrametaka n’a jamais voulu organiser de nouvelles élections malgré l’arrêt du Conseil d’Etat, et Morondava est toujours administrée par une délégation spéciale.
Pour Nosy Be, le maire IRK Gilbert Vita avait été destitué le 30 mars 2021 par le même Conseil d’Etat et avait déclaré élu le candidat arrivé en 3ème position. Mais en avril 2021, le ministre de la Justice Johny Andriamahefarivo avait demandé au ministre de l’Intérieur de suspendre l’exécution de l’arrêt de la Cour administrative, au grand dam de la magistrature. Le prétexte avancé était « préserver l’ordre public et pour une bonne administration ».
Deux poids, deux mesures ! Bonjour la violation du principe sacro-saint de séparation des pouvoirs, propre à un Etat de droit.
Au lieu d’organiser les élections de chefs de région, Vazaha Ratandrametaka avait nommé à leur place des gouverneurs dévoués à lui, qui n’ont donc aucun compte à rendre à leurs administrés.
Le rêve de Vazaha Ratandrametaka est de rééditer le même exploit en reportant ad vitam aeternam les élections communales et municipales, afin de nommer partout des PDS. Oui contrairement aux dispositions de l’article 130 de la Loi n°2024-002, des PDS en lieu et place d’une « Délégation spéciale composée d’un Président et de deux Vice-présidents« , comme il l’a fait pour la CUA. Et aucune réaction de l’opposition. Alors, pourquoi s’en priver ?
L’exigence du certificat fiscal et du certificat de nationalité (dont la demande nécessite un livret de famille ou les actes de naissance des parents, que de nombreux candidats n’ont pas la possibilité de fournir) va dans ce sens, car tout le monde sait que l’administration fiscales et les tribunaux n’ont pas matériellement la possibilité d’émette ces certificats dans un délai aussi court à près de 50 000 candidats.
Soava Andriamarotafika avait vendu la mèche et s’était fait taper sur les doigts , d’avoir parlé de report des élections. Rétropédalage ! Il voulait parler, semble-t-il, de prolongation de la période de dépôt des candidatures.
A supposer qu’on rallonge ce délai jusqu’à la veille du début de la campagne électorale, soit deux mois supplémentaires jusqu’au 18 novembre 2024, il est évident que cela ne suffira pas. La solution serait de modifier les pièces à fournir par les candidats :  Plus de certificat fiscal, la déclaration sur l’honneur devant suffire. Plus besoin d’un certificat de nationalité non plus, l’inscription sur la liste électorale devant suffire.
Mais ce serait trop facile, et Vazaha Ratandrametaka ne s’y résoudra pas, car cela rendra trop visibles les insuffisances de ses ministres.
Vazaha Ratandrametaka évoquera une fois de plus un cas de force majeure. Après la prolongation d’une année des mandats des maires, des conseillers communaux et municipaux, une prolongation supplémentaire serait mal venue et on nommera des PDS. CQFD !
En fait, le vrai problème de ce régime, ce sont les difficultés à trouver des candidats « présentables », gros problèmes de casting, notamment dans les grandes villes où il craint une défaite massive équivalent à un désaveu. En particulier pour la CUA.
Nous publions ci-après un excellent article en ligne écrit par nos estimés confrères Ndimby et Patrick :
https://www.madagascar-tribune.com/Manoeuvres-de-laches-en-vue-des.html

Manœuvres de lâches en vue des municipales

Lundi 16 septembre Ndimby A., Patrick A.

Même si ce n’était qu’une demi-surprise, le rejet par l’OVEC [1] de la liste TIM à l’élection municipale d’Antananarivo-Renivohitra en a fait sursauter beaucoup. Conséquence directe : sauf renversement improbable de situation dans les 48 heures qui lui ont été données pour compléter son dossier, Marc Ravalomanana ne pourra se présenter à la course, malgré le fait qu’il figurait parmi les grands favoris. Mais peut-être devrait-on écrire : Marc Ravalomanana ne pourra se présenter à la course, parce qu’il pouvait se positionner en grand favori. En effet, les tendances des récentes élections législatives dans la Capitale avaient démontré être largement en faveur du TIM, et le parti au pouvoir n’avait pu que sauver les meubles. L’alignement sur la ligne de départ de l’ancien maire et ancien Président de la République risquait donc de capitaliser sur cette dynamique.

Malheureusement pour le pays, à défaut de pouvoir contre-attaquer en présentant en face une candidature solide et convaincante, le régime Rajoelina semble vouloir choisir la rare voie dans laquelle il a démontré une espèce de compétence : l’utilisation des prérogatives de puissance publique pour rogner les ailes et les ambitions des rivaux. Ce croche-pied envers Marc Ravalomanana, ou encore l’arrestation de Tony Perkins, pressenti candidat de l’alliance de l’opposition Firaisankina à Toliara, démontrent que le pouvoir ne reculera devant rien pour, une fois encore, vaincre sans péril et triompher sans gloire. Il l’a fait à la présidentielle. Il l’a fait aux législatives. Les municipales ne seront juste que la preuve parfaite du jamais deux sans trois. Reste à savoir si de tels actes d’excès de pouvoir sont une démonstration de puissance, un aveu de faiblesse ou une preuve de lâcheté.

Faut-il s’étonner des manières autocratiques d’un pouvoir qui puise ses racines dans un coup d’État ? En s’abaissant à une telle indignité dans le passé, le clan Rajoelina a montré son peu de respect pour la démocratie et l’État de Droit. Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’il va s’embarrasser de scrupules pour protéger sa présence au pouvoir. Le volume en jeu d’intérêts politiques, et donc d’accès aux ressources financières et économiques, rend les dirigeants hargneux et agressifs dès qu’il s’agit d’écarter les rivaux gênants. Or, un Marc Ravalomanana à la Mairie aurait ouvert une avenue vers l’indépendance de l’occupation de la Place du 13 mai. Le régime actuel, dont les hiérarques ont déjà emprunté cette voie, en connait les dangers. Cela risquait de faire désordre alors que les penchants narcissiques et mégalomaniaques d’Andry Rajoelina s’émoustillent à l’idée d’accueillir un sommet de la SADC en 2025. D’où une action préventive contre le candidat Marc Ravalomanana, afin d’éviter de devoir appliquer une action curative face à un maire Ravalomanana.

Justice injuste ?

Cela étant dit, loin de nous l’idée de vouloir défendre quelqu’un qui serait en défaut vis-à-vis de l’administration fiscale et du code électoral par rapport à l’obligation de présenter le fameux formulaire 211-bis. Toutefois, comme beaucoup, nous nous interrogeons : comment Marc Ravalomanana a-t-il pu se présenter à la présidentielle de 2023, et donc avoir dû prouver sa régularité fiscale, et se retrouver en défaut moins d’un an après ? Cela autorise à questionner le sens de l’indépendance de la Commission électorale nationale indépendante. Mais au-delà, cela autorise à s’interroger sur le sens de l’impartialité de l’administration et du système judiciaire à Madagascar, en voyant l’impunité dont bénéficient des auteurs de coups d’État, des dirigeants de mutinerie ou des falsificateurs de diplômes. Certains ont même pu se présenter à des élections, d’autres sont dans les hauts emplois de l’État.

Face à tout ceci, l’on constate que la population de la Capitale reste très étrangement amorphe, alors qu’elle subit la pire situation connue depuis le retour à l’indépendance en 1960 : insécurité galopante, délestages d’eau, rues dépravées et dépavées, anarchie dans la circulation, délestages d’électricité, amoncellements d’ordures etc. Il était alors logique que la candidature de Marc Ravalomanana ait pu éveiller un espoir dans la population, et un effroi chez les partisans du pouvoir en place.

Mais il est vrai que les possibilités de protestation démocratique sont de nos jours fortement amoindries avec des bidasses qui n’hésitent pas se montrer bêtes et méchants dans les répressions de l’opposition, les uns pour avoir un peu d’animation dans leurs mornes vies, les autres pour évacuer leurs frustrations, et les colonels pour aller plus vite sur le chemin des étoiles. L’on comprend donc que les citoyens y réfléchissent à deux fois avant toute réaction intempestive face aux dérives autocratiques, surtout après la brutalité démontrée à leur égard par les forces de l’ordre pendant les manifestations de la campagne pour la présidentielle de 2023. Quant aux leaders de l’opposition, ils préfèrent y regarder à deux fois, vu que l’un des leurs a déjà failli perdre un œil en 2023 face aux forces de répression.

Un ras le bol général, qui peut dégénérer rapidement et balayer ce régime. Les vieux Tananariviens se rappellent avec nostalgie le pasteur Richard Andriamanjato qui avait accédé à la tête de la mairie en 1959 (avant l’indépendance) à l’âge de 29 ans, et y était resté pendant 16 ans. Il a vu s’effondrer le régime du président Tsiranana en 1972. Il était également le dernier occupant de la Résidence des Maires à Anjohy, devenu actuellement Le Musée de la photographie.
Il avait fondé en novembre 1958 l’AKFM (Antokon’ny Kongresy’ny Fahaleovantenan’i Madagasikara) dont le slogan était « Ho tonga anie ny Fahafahana » ou Que vienne la Liberté. Cette soif de liberté est en train de surgir, lentement mais surement, face à la répression implacable du régime de toutes les voix contestataires.

Vous pouvez lire ci-dessous un article de La Gazette écrit par Jeannot Ramambazafy en aout 2018, qu’il renierait sans doute aujourd’hui, maintenant qu’il est dans les jupes de Vazaha Ratandrametaka. Si les paroles s’en vont, les écrits restent ! Et on aurait pu écrire aujourd’hui cet article sans en changer aucun virgule ! Le début de cet article ci-dessous, le reste à lire sur le site :
https://www.lagazette-dgi.com/p-17312.html

Madagascar : le « plus jamais çà » serait-il mort avec le Pasteur Richard Andriamanjato ?

J’ai rédigé ce dossier, le samedi 09 août 2008, il y a exactement 10 ans, mois pour mois. Il n’a pas été rédigé pour faire plaisir à un tel ou à dénigrer bêtement un autre. Il s’agit de recherches qui ont abouti à l’affligeant constat que, si les tenants du pouvoir et leur siglomanie personnelle changent, les pratiques pour s’accrocher à leur fauteuil demeurent les mêmes qu’au temps de la première république malgache. Qui sait, l’un ou l’autre, moi vivant ou non, mon combat à la Don Quichotte trouvera peut-être un groupe de pression, ici et ailleurs, pour faire cesser les ignominies. Qui sait ? En tout cas, les paroles s’envolent mais les écrits restent. Oui, c’est de l’histoire mais pas de l’histoire… ancienne.

A.K.F.M phare de l’opposition

Le Pasteur Richard Mahitsison ANDRIAMANJATO qu’on aime ou qu’on n’aime pas mais qui aura été un des premiers opposants vrais de vrais. Par la suite, avec l’âge évidemment, il a inventé la politique à « géométrie variable ». Mais c’est une personnalité qui avait un charisme certain. Il aura aussi été un des rares Malgaches à pouvoir et savoir prononcer un discours entièrement en langue malgache. Sur la photo ci-dessus, il accueille, avec son épouse Bao, le président Philibert Tsiranana…..

 

Partager cette article
Articles connexes
Back To Top