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Le Journal de l'île Rouge
La une

État spolier de terres

La gazette de la grande île
20/10/20249 minute read

L’Etat Malagasy, 1er accapareur de terres

Tandrametaka Gaboraraka Vendrana (au lecteur de choisir lequel est le nom, lequel est le 1er prénom et lequel le 2ème prénom) vient d’annoncer qu’il va s’attaquer très rapidement aux réseaux « d’accapareurs de terres ».  Même s’il a mis plus de 5 ans pour s’apercevoir de la détresse de nombreux Malagasy victimes de ces accaparements de terres, « mieux vaut tard que jamais ».


Qu’il commence par le ministère en charge du foncier qui a spolié de nombreux Malagasy au profit d’Etrangers. De nombreux cas existent, mais nous allons nous limiter à deux projets ci-après :

Le cas TOZZI GREEN

Cette société a un bail emphytéotique de plusieurs milliers d’hectares dans l’IHOROMBE. Les terrains en question servaient de zone de pâturage pour les zébus de la collectivité d’éleveurs Bara.
Le FMI a souligné dans leur dernière déclaration, dans le cadre de l’article IV, « Les priorités consistent notamment à assurer…une protection efficace des droits de propriété« .
Ces terrains de pâturages appartiennent collectivement aux éleveurs de cette région, selon le droit coutumier. Cependant, l’Etat les a cédés, sans consultation et consentement préalables de la population, à l’entreprise italienne Tozzi Green, mettant ainsi en péril le cheptel de la population, qui assure leur survie.
Vous pourrez lire ci-après quelques détails dans un article du magazine Marianne :
https://www.marianne.net/monde/afrique/madagascar-une-entreprise-italienne-met-en-peril-la-securite-alimentaire-du-pays-pour-des-huiles-essentielles
                                               «  Huiles pas si essentielles

Madagascar : une entreprise italienne met en péril la sécurité alimentaire du pays pour des… huiles essentielles

Par Fanny Zimbler , envoyée spéciale à Satrokala (Madagascar).
Publié le 20/09/2024

Dans la région d’Ihorombe au sud de Madagascar, une entreprise italienne d’agrobusiness est accusée de s’être approprié plusieurs milliers d’hectares de terre de pâturage pour pratiquer une agriculture intensive de géraniums et d’eucalyptus. Tozzi Green transforme ensuite ces fleurs en huiles essentielles, destinées au marché européen, menaçant la sécurité alimentaire du sud du pays.

En charrettes tractées par des zébus ou à pied, ils sont environ 300 à avoir fait le déplacement, empruntant des sentiers couleur ocre. Dans cette immensité, les collines sont seulement parcourues d’herbes touffues, agrémentées de rares eucalyptus.

La population pastorale du mont Kelivondraka (« la montagne grasse », en malgache) vient inaugurer une stèle bleue où un couple de paysan y est peint. Le sacrifice d’un zébu, le kabary (art oratoire inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco) et des danses y sont pratiqués, rassemblant la communauté autour d’un souhait commun : la préservation des espaces de pâturages menacés par l’expansion d’une entreprise italienne appelée Tozzi Green. Un péril manifeste pour l’ethnie Bara dont la survie dépend essentiellement de la bonne santé de son cheptel ».

Le cas Nosy Mitsio

La plupart des lecteurs ont certainement entendu parler pour la 1ère fois de Nosy Ankao, lorsque le couple Tandrametaka Gaboraraka Vendrana y est allé passer Noël 2020 avec Tom Cruise.
Sur cette île se trouve le complexe immobilier et hôtelier Miavana appartenant à des Etrangers. Voilà donc une île malagasy privatisée au profit d’Etrangers ! Par quelle procédure ? A quelle époque ? Qui en a pris la décision ? Il est peut-être temps qu’il y ait enfin une certaine transparence sur cette île.
Et nous voulons réclamer les îles éparses ? Pour les brader à qui ?

  

   

Actuellement, on parle de nouveau de constructions d’hôtels 5 étoiles, en particulier sur Nosy Mitsio où serait en gestation un projet hôtelier comprenant une piste d’aviation. La presque totalité des terrains sont actuellement utilisés par la population pour leurs activités agricoles, d’élevage et de pêche. A cause de ce projet, les villageois ne peuvent pas, depuis 5 ans, entamer les démarches nécessaires pour l’obtention d’un titre de propriété.  
De surcroît, la population serait déplacée ailleurs ! Est-ce imaginable ?

Le Collectif pour la défense des terres malgaches TANY et la Solidarité des Intervenants sur le Foncier (SIF) viennent de publier à ce sujet le communiqué ci-après :

Nosy Mitsio est l’île la plus importante de l’archipel du même nom, située au nord-ouest de Madagascar entre Nosy Be et Antsiranana. Sa superficie est d’environ 2 000 hectares. Cette île est peu connue, mais de nombreux touristes étrangers la connaissent. Des Antakarana y vivent depuis le 19ème siècle, ils ont leur propre culture et comme la plupart des Malgaches, leur gagne-pain est la pêche, l’agriculture et l’élevage.

Comme d’autres Malgaches, des habitants de Nosy Mitsio voulaient effectuer les démarches relatives à l’obtention de leurs titres de propriété foncière. Malheureusement, cela fera bientôt 5 ans cinq ans qu’ils ne sont pas autorisés à effectuer ces démarches. Le ministère du Tourisme aurait confisqué tous les dossiers concernant l’île. En juin 2022, le Président avait annoncé l’existence d’un projet de construction d’un hôtel 5 étoiles à Nosy Mitsio. Après cette annonce, le ministre du Tourisme de l’époque avait confirmé que le gouvernement était en train de faire la sélection parmi les investisseurs ayant manifesté leur intérêt pour le projet (1).

Les organisations de la société civile ont déjà lancé plusieurs alertes concernant les inquiétudes et préoccupations des villageois de Nosy Mitsio, suite à ces annonces. (2)

Les habitants de Nosy Mitsio sont très inquiets, car il n’y a aucune transparence sur ce qui se passe. Après la diffusion, en présence d’organisations de la société civile, d’une carte montrant que la totalité des terrains de l’île sont utilisés par les communautés locales pour leurs activités (3), un hélicoptère s’est posé sur l’île, et est reparti au bout de quelques minutes. Quelques mois plus tard, un autre hélicoptère a survolé l’île à très basse altitude, et a fait le tour de l’île à plusieurs reprises. De nombreuses hypothèses ont été émises sur la raison de cette inspection minutieuse, d’autant plus que certains ont déclaré avoir vu un deuxième hélicoptère se poser sur la plage d’une île. Pourtant, les responsables du village ont déclaré n’avoir reçu aucune notification ou demande d’autorisation concernant les hélicoptères venus prospecter ou identifier de nouveaux aspects inconnus.

Les menaces, planant sur la tête des communautés de Nosy Mitsio comme une épée de Damoclès, deviennent de plus en plus visibles et semblent se concrétiser progressivement. Rappelons qu’en 2020, un investisseur qui avait dit projeter d’ouvrir un hôtel, et a fait réaliser une Etude d’Impact Environnemental (EIE). Après la signature du procès-verbal de l’EIE par les habitants présents, les techniciens avaient montré une carte montrant l’implantation du projet. Les habitants avaient alors été surpris et choqués de découvrir qu’un aéroport et une route allaient être construits à l’endroit même où se trouvent leurs maisons d’habitation et leurs champs de culture (4). La population n’avait pas été informée de ces détails du projet. Selon un proverbe malgache, « Soa lavo hahay hamindra, soa kenda hahay hitsako » (Traduction libre : Il faut savoir tirer des leçons des expériences passées).

De plus, les habitants ont le couteau sous la gorge et vivent dans l’angoisse,  après qu’on leur a rapporté que ceux, dont les terres sont concernées par les infrastructures du projet,  vont en être expulsés, et déplacés ailleurs

Par conséquent, nous demandons aux autorités compétentes :

-Rétablir la possibilité aux habitants de Nosy Mitsio d’effectuer les démarches nécessaires à l’obtention d’un titre foncier pour ceux qui en ont les moyens.

-De ne pas violer et de respecter les droits coutumiers de la majorité de la population de jouir de leurs terres.

-Respecter la loi malgache interdisant la privatisation, par des individus ou des entreprises, de terrains situés dans la bande littorale de 25 mètres à partir du bord de la mer, zone qui ne peut être ni vendue ni louée.

Nous rappelons une fois de plus les dispositions du droit international selon lesquelles :

  1. Le droit à l’information des habitants de Nosy Mitsio doit être respecté. Ils doivent être pleinement informés des tenants et aboutissants du projet concocté sur leur île par le gouvernement depuis de nombreuses années. Ce dont parlent déjà certaines personnes bien informées, notamment pour ce qui est de l’identité de l’investisseur choisi pour la réalisation de ce projet ;
  2. Les habitants de Nosy Mitsio ont sans aucune réserve le droit d’exprimer leurs avis sur un projet qui affectera leur île, leur vie et leur avenir, avant la signature de tout contrat entre l’Etat et l’investisseur, et le démarrage des travaux (consentement préalable, libre, informé et éclairé);
  3. Les habitants de Nosy Mitsio ont également le droit de décider de leur avenir, comme tous les peuples du monde, de pouvoir choisir le mode de développement économique, social et culturel qui leur convient, conformément aux accords internationaux approuvés et ratifiés par le gouvernement malgache.

18 octobre 2024

                Collectif pour la défense des terres malgaches – TANY

                Solidarité des Intervenants sur le Foncier (SIF)

Références :

(1) https://www.rfi.fr/fr/afrique/20231224-madagascar-un-projet-d-investissement-h%C3%B4telier-%C3%A0-nosy-mitsio-inqui%C3%A8te-la-population-locale  

(2)https://terresmalgaches.info/spip.php?page=article&id_article=322&recherche=Nosy%20Mitsio

https://terresmalgaches.info/spip.php?page=article&id_article=325&recherche=Nosy%20Mitsio  ;

https://terresmalgaches.info/spip.php?page=article&id_article=329&recherche=Nosy%20Mitsio  ;

(3) https://terresmalgaches.info/spip.php?page=article&id_article=428&lang=fr  

(4)https://terresmalgaches.info/spip.php?page=article&id_article=335&recherche=Nosy%20Mitsio

 

Des femmes Antakarana à Nosy Mitsio

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