20 Octobre 2023 : RAJOELINA a tué 3 Côtiers
20 octobre 2024, Tandrametaka Gaboraraka Vendrana se pavane chez le père Pedro pour le 35ème anniversaire d’Akamasoa.
20 octobre 2023, c’était il y a un an de cela : Trois personnes, Mme Francia RASOLONIRINA, M. DAMY et M. Jean Salomon ANDRIAMAMONJY avaient été tués, le 20 octobre 2023, par les forces de sécurité de Rajoelina. Alors qu’ils ne faisaient que manifester contre les injustices de la société QMM/RIO TINTO.
Les deux premiers étaient morts sur le coup, tandis que M ANDRIAMAMONJY avait été arrêté, sommé d’avancer à quatre pattes sur le goudron, avant d’être déposé à l’hôpital militaire en fin d’après-midi et de succomber au cours de la nuit.
Plusieurs blessés étaient à déplorer et 5 personnes avaient été arrêtées.
https://strugglesforlandforum.net/des-membres-de-lassociation-lusud-tues-a-madagascar/ .
Un an déjà ! Nous témoignons nos sentiments de sympathie attristée aux familles de ces disparus, et leur souhaitons tout le réconfort, le soutien et la bienveillance en ces moments encore difficiles.
Oui disparus des radars, puisque personne n’en parle plus, en particulier ce régime ASSASSIN.
Des paysans ! Qui ont le malheur d’être des Côtiers, que Rajoelina et consorts méprisent profondément, et dont les malheurs sont le cadet de leurs soucis.
Questions :
– Alors qu’il y avait des milliers de manifestants à Antananarivo, lors du Hetsika Fotsy, pourquoi n’y a-t-il eu aucun décès à déplorer ? Parce qu’à Antananarivo, il n’a pas eu des tirs à balles réelles.
– Pourquoi, à Taolagnaro, les tirs à balles réelles ont-ils été autorisés ? La vie des Côtiers ne valent-elles pas autant que celles des habitants de la capitale ?
– N’est-ce pas le devoir de l’Etat de protéger ses citoyens, en particulier contre les injustices et la mauvaise volonté du mastodonte multinational QMM/RIO TINTO ? Plutôt que de privilégier son rôle de co-actionnaire de QMM, et de se ranger derrière cette dernière ?
Ne vous attendez donc pas à quoi que ce soit, ni excuses, ni remords, ni repentir, ni reconnaissance de responsabilités, ni même une enquête sérieuse ! Même les médias nationaux n’en parlent plus, contrairement à leurs homologues étrangers. Ci-après un article d’Yvonne Orengo, une des administratrices de l’ONG Andrew Lees Trust. Elle avait vécu à Madagascar pendant 6 ans et avait suivi le projet QMM/RIO TINTO pendant près de 30 ans : https://theecologist.org/2024/oct/20/mourning-rio-tinto-protesters , dont nous publions une traduction libre ci-dessous.
Il a également fallu attendre l’assistance d’une ONG étrangère pour porter plainte au tribunal de Londres, pour le compte des 64 villageois riverains de la mine QMM : https://www.facebook.com/share/p/xdphL2Sryrt47B7R/ .
« En deuil pour les manifestants de Rio Tinto
Yvonne Orengo 20 octobre 2024
Aujourd’hui marque le premier anniversaire de la mort de trois manifestants abattus à Madagascar lors d’une manifestation contre la mine QMM de Rio Tinto.
Il y a un an aujourd’hui (dimanche 20 octobre 2024), M. Damy, Mme Francia Rasolonirina et M. Andriamamonjy Jean Solomon ont été abattus par les forces de sécurité de l’État alors qu’elles manifestaient contre les injustices concernant les pratiques de la mine QMM de Rio Tinto dans la région sud d’Anosy à Madagascar.
Il semble qu’il y ait eu immédiatement un silence médiatique sur ces meurtres. Un seul média a parlé des fusillades, et encore, celui-ci n’a mentionné qu’un seul décès.
Aucune enquête, indépendante ou autre, n’a été menée sur ce qui constituait pourtant des exécutions extrajudiciaires. Il n’y a pas eu de justice pour les personnes endeuillées.
Effondrement d’un barrage
Les manifestants occupaient un terrain privé à côté de la route menant à la mine QMM lorsque l’incident s’est produit.
La raison de la manifestation d’octobre était la frustration née du fait que n’a pas été tenue la promesse de lever les mandats d’arrêt émis contre les dirigeants de l’association locale LUSUD : Eugène Chrétien et Laurent Manjary.
Les dirigeants du LUSUD avaient été inculpés par contumace devant un tribunal en juillet 2023 d’être des « ennemis de l’État ». Ceci pour leur rôle d’organisateur des manifestations contre la mine Rio Tinto QMM en juin et juillet 2023.
Cette politisation des manifestants contre la société minière pourrait leur valoir une peine de prison rigoureuse de cinq ans, avec un risque de mort. Les événements ayant conduit aux décès d’octobre étaient directement liés aux opérations de QMM.
En 2022, des mois de conflit ont éclaté après l’effondrement de deux barrages de résidus de QMM, et l’apparition de centaines de poissons morts ayant conduit à une interdiction de pêche. Des ministres malgaches sont intervenus après une prise d’otages. Une commission a été créée pour traiter les plaintes de la communauté. Quelque 8 778 personnes ont déposé des réclamations contre QMM.
Problème non résolu
Une enquête réalisée la même année a montré que plus de 90 pour cent des villageois ruraux touchés ont été affectés négativement par les opérations de QMM, leurs revenus ayant chuté jusqu’à 45 pour cent depuis le début d’exploitation de la mine.
L’interdiction de pêche de trois mois a aggravé les difficultés des habitants. La contamination des eaux par QMM suscite des craintes, et cela fait l’objet d’un procès récemment lancé contre Rio Tinto.
L’absence d’enquête signifie qu’il n’y a toujours aucune justification de l’utilisation de balles réelles contre la population locale.
Malgré les affirmations de Rio Tinto selon lesquelles le processus d’indemnisation de QMM en 2022 aurait été correctement géré par QMM, les rapports verbaux provenant du terrain peuvent faire penser à des violations des droits de l’homme : ordres de garder le silence et des montants d’indemnisation insuffisants.
Ces irrégularités avaient été signalées au « Business and Human Rights Resource Centre » (Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l’homme), qui a publié les explications de QMM sur les événements ainsi que les répliques des organisations de la société civile.
En 2023, quelques 20 000 Antanosy ont signé une pétition de l’Association LUSUD exigeant la cessation des activités de QMM jusqu’à ce que les questions d’indemnisation et les problèmes sociaux et environnementaux non résolus soient réglés. Les dirigeants du LUSUD ont formulé plusieurs demandes de rencontre directe avec QMM et le gouvernement. Celles-ci ont été refusées.
Durant cette période, le leader du LUSUD Eugène Chrétien a connu une série de tentatives d’incarcération. Des informations non confirmées ont indiqué que sa maison a fait l’objet d’une perquisition policière sans mandat. Sa fille a été placée en garde à vue par la police sans inculpation.
Lorsqu’il s’est finalement présenté au poste de police, l’avocat qui l’accompagnait a été soumis à un traitement inacceptable de la part de la police locale.
En juin 2023, après au moins trois tentatives infructueuses pour amener QMM à un dialogue sur les griefs, LUSUD a organisé des manifestations et a bloqué la route menant à la mine.
Sur les 127 personnes arrêtées lors de cette manifestation, 80 ont été incarcérées, dont une femme enceinte de sept mois et cinq membres du syndicat QMM. Beaucoup ont été emprisonnés à des kilomètres de Fort Dauphin où ils vivent, ce qui les expose au risque de ne pas pouvoir manger et à d’autres violations.
Des mandats d’arrêt ont été émis contre les deux dirigeants de LUSUD. Ils se cachent toujours, craignant pour leur vie. Les mandats d’arrêt contre les dirigeants du LUSUD étaient directement liés à la contestation concernant QMM.
Responsabilité
Rio Tinto a reconnu les décès d’octobre dans une déclaration envoyée à The Ecologist. Lorsque la question a été soulevée lors de leur assemblée générale annuelle de 2024, le président de Rio Tinto a décrit l’événement comme « quelque chose qui a plutôt à voir avec les élections ».
Rio Tinto a, à mon avis, induit ses investisseurs en erreur en suggérant que les événements n’avaient rien à voir avec ses opérations à Madagascar.
Plutôt que de reconnaître et de traiter les revendications et griefs légitimes, Rio Tinto a politisé les manifestations. Cela a permis à Rio Tinto d’éviter toute culpabilité, en rejetant la responsabilité de ces décès sur le gouvernement – son co-actionnaire – et en condamnant principalement les personnes décédées comme des agitateurs politiques.
Rio Tinto est signataire des « Principes directeurs des Nations Unies (UNGP) 29/31 », qui exigent que QMM permette aux individus ou aux groupes d’interagir directement avec un processus de réclamation efficace et légitime, à un niveau opérationnel auquel ils peuvent avoir confiance.
Rio Tinto s’est également engagé à respecter les normes de référence en matière de droits de l’homme (Corporate Human Rights Benchmarks-CHRB), concernant les défenseurs des droits de l’homme. Plus précisément, il s’agit de ne pas tolérer les attaques contre les défenseurs des droits de l’homme, et d’espérer que ses partenaires commerciaux fassent de même. Cela devrait inclure le gouvernement malgache.
Rio Tinto ne répond pas, selon le tableau de bord du CHRB pour l’entreprise, au troisième critère consistant à « s’engager à travailler avec les défenseurs des droits de l’homme pour créer des environnements sûrs et propices à l’engagement civique et aux droits de l’homme aux niveaux local, national ou international ».
Répression
Au vu de leur rejet répété des demandes de rencontre avec LUSUD, il semblerait que QMM ne respecte effectivement pas le critère d’engagement habilitant, ni ses engagements au titre des Principes Directeurs des Nations Unies à Madagascar.
Les deux autres critères de tolérance zéro pour les attaques contre les défenseurs des droits humains sont également remis en question, lorsque l’on analyse les décès d’octobre dernier et la criminalisation systématique des actes des manifestants contre QMM depuis près de deux décennies.
L’absence d’enquête signifie qu’il n’y a toujours aucune justification de l’utilisation de balles réelles contre la population locale en octobre 2023.
Comme l’a souligné un villageois, même lorsque les tensions montaient à l’approche des élections nationales de 2023 à Madagascar et que la police tirait des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc lors des marches traditionnelles dans la capitale, la police n’avait pas utilisé de vraies balles contre les citoyens malgaches.
Le droit de réunion et de manifestation est garanti par la loi malgache. Cependant, le régime actuel à Madagascar est de plus en plus répressif à l’égard de la société civile, ce qui a un effet dissuasif sur la défense et l’action en faveur des droits humains.
Les entreprises comme Rio Tinto qui travaillent dans des pays où la gouvernance est faible, où la corruption est systémique et où la répression civique est monnaie courante, devraient être d’autant plus obligées de mettre en œuvre avec rigueur leurs engagements envers les Principes directeurs des Nations Unies et envers les défenseurs des droits humains.
Une situation critique
À l’heure où un rapport de Global Witness souligne l’augmentation des menaces contre les défenseurs des droits humains, notant que de nombreux décès de défenseurs des droits humains ne sont pas signalés, il est essentiel de mettre en lumière ceux qui sont moins en vue dans les mouvements mondiaux et qui donnent leur vie en cherchant à protéger leurs droits. .
Les décès de M. Damy, Mme Francia et M. Jean Solomon, ainsi que leur sort ne peuvent et ne seront pas oubliés.
Rio Tinto doit :
– Veiller à ce qu’une enquête soit menée sur les décès d’octobre et que les responsables soient tenus de rendre des comptes.
– Revoir ses politiques pour garantir l’engagement et la mise en œuvre de tous les critères du CHRB pour les défenseurs des droits humains, et en rendre compte publiquement.
– Accéder aux demandes de la société civile pour un audit des processus de compensation et de réclamation fait par QMM.
– Accéder aux demandes de la société civile pour une évaluation indépendante de l’impact de QMM sur l’eau, qui puisse traiter de manière inclusive les causes profondes des dommages et des conflits, et d’y remédier.
Droit de réponse
Un porte-parole de Rio Tinto a déclaré à The Ecologist : « En 2023, la région de Fort Dauphin et QMM ont connu une série de manifestations menées par l’organisation locale LUSUD. Les opérations de QMM ont été considérablement impactées fin juin lorsque des manifestants ont bloqué les principales voies publiques menant à la mine de Mandena. 380 employés de QMM n’ont pas pu quitter le site pendant plus de sept jours et nous avons été contraints de réduire la plupart des activités, ne laissant connectés que les services essentiels, comme l’alimentation électrique de Fort Dauphin.
« Les Forces de sécurité publique de Madagascar sont intervenues le 3 juillet 2023 et plusieurs manifestants et membres des forces de sécurité publique ont été blessés, sans que leur vie ait été en danger. Le 19 octobre 2023, des manifestants ont de nouveau bloqué la route. Bien qu’initialement pacifiques, un groupe de manifestants a ensuite pris en otage des individus, dont un policier. C’est l’intervention des forces de sécurité publique pour libérer les otages qui a tragiquement conduit à ces décès.
QMM a été profondément attristé par ces événements tragiques. Nous reconnaissons le rôle important que jouent les organisations de la société civile et les autres défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement en tant qu’acteurs importants du changement. Nous soutenons un espace civique ouvert et respectons les droits de réunion et d’expression pacifiques, mais nous rejetons fermement tout comportement ou activité, de la part de tout individu ou organisation, qui pourrait menacer la sécurité et le bien-être de quiconque.
Nous ne pouvons pas contrôler les actions des autres, mais nous nous engageons à trouver des moyens d’influencer un changement positif. Par exemple, nous avons travaillé de bonne foi à l’élaboration d’un programme, conforme aux Principes volontaires sur la sécurité et les droits de l’homme, pour améliorer la comportement des forces de l’ordre, quant à l’importance du respect des droits de l’homme, concernant les dispositifs des opérations de sécurisation. Cela a notamment inclus une formation du personnel des forces de sécurité publique à Fort Dauphin ».
Cet article est très instructif, et on ne comprend pas par exemple, pourquoi à Antananarivo, les forces de l’ordre ne tirent-elles pas à balles réelles, contrairement aux pauvres paysans côtiers de Taolagnaro. Un comportement des forces de l’ordre que rien ne justifiait, qui n’a toujours pas fait l’objet d’enquête et qui reste impuni dans les oubliettes. Des moins que rien, des « empêcheurs de tourner en rond » que Rajoelina et consorts méprisent !
Hélas, cet assassinat n’est pas le 1er , ni sans doute le dernier. Avis à nos amis Côtiers !
Rappelez-vous l’assassinat en plein jour du côté d’Andohan’i Mandroseza, le 21 novembre 2023 : 5 personnes avaient été abattus sans sommation, dont au moins une était encore en vie, mais achevée de sang-froid à bout portant. Là, il ne s’agissait pas de manifestants, mais d’opposants.
Les gendarmes avaient alors parlé d’une bande armée qui s’apprêtait à attaquer une villa.
Vous pouvez retrouver notre article sur les liens : https://www.facebook.com/share/k2acZ6LkeoaDBwED/ ou https://lgdi-madagascar.com/2023/11/22/la-une/reglement-de-comptes-a-ok-corral-andohani-mandroseza-des-assassinats-en-plein-jour-par-des-gendarmes/ .
Pourtant selon nos investigations, parmi les victimes figurait feu MAMPIHONGO Roberto Carlos qui était un membre du cabinet de Rajoelina. Ce statisticien économiste était auparavant directeur de la Formation, des Recherches et des Stages à l’INSRE. Le parfait portrait d’un bandit ! Une fois de plus, il s’agit d’un Côtier originaire de St Augustin, sans oublier non plus les gardes de corps dont des militaires.
Quelqu’un de l’élite côtière qu’on assassine de sang-froid, sans qu’il n’y ait aucune enquête ni suite !
Comme on peut le constater, les gardes de corps avaient été expressément déculottés pour cacher leur tenue militaire (3 pistolets WILSON, faisant partie des dotations de l’armée ainsi que les cartes d’identité font foi de leur qualité de militaires). Contrairement aux gendarmes qui ont remis leurs masques !
Ce qui est surprenant, c’est qu’il n’y ait eu non plus aucune réaction du corps de rattachement de ces militaires, ni encore moins du ministre des armées.
Selon l’adage malagasy « Andriamanitra tsy andrin’ny sasany, andriko ihany » (Justice immanente ? Comme dit dans Luc 18 :8, « Je vous le dis, il leur fera promptement justice« .