Depuis des décennies, Madagascar vit au rythme d’une instabilité politique chronique. Le régime en place se distingue par son habileté à conquérir le pouvoir, mais sa gouvernance laisse à désirer. L’actuel régime incarne parfaitement cette dynamique : expert en manipulation et prise de pouvoir, mais catastrophique dans la gestion du pays. Chaque accession au pouvoir témoigne d’une stratégie calculée, mais les échecs de gouvernance se traduisent par une détérioration constante des conditions de vie de la population.
2009 : Un coup d’État Inédit mené par un DJ et le Peuple des Bas Quartiers
L’année 2009 restera gravée dans l’histoire de Madagascar comme le théâtre du coup d’État le plus insolite : dirigé par un ancien DJ devenu maire. Tandis que le leader de ce putsch se terrait chez lui, des citoyens des quartiers populaires prirent d’assaut les institutions. Ce renversement du régime a révélé une grande habileté du mouvement à exploiter la frustration populaire. Mais une fois le pouvoir conquis, l’incompétence s’est installée, ouvrant une décennie d’instabilité et d’appauvrissement.
2018 : La Corruption comme Tremplin vers le Pouvoir
L’élection présidentielle de 2018 marqua une autre étape dans la trajectoire du régime en place. Grâce à des manœuvres de corruption sophistiquées, les membres influents du processus électoral ont été soudoyés, rendant l’élection contestée avant même la proclamation des résultats. Plutôt que de se positionner en gouvernant visionnaire, le pouvoir nouvellement établi n’a fait qu’élargir les écarts sociaux et institutionnels. À chaque élection, les institutions telles que la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) se sont révélées des rouages du système au lieu de garants de la démocratie.
2024 : Une Fraude Flagrante et l’Érosion de la Démocratie
L’élection de 2024 ne fait que confirmer la tendance : une fraude électorale à peine dissimulée, appuyée par des institutions qui ne cachent plus leur parti pris. Chaque étape du processus électoral a été soigneusement orchestrée pour légitimer le maintien du régime. Cette élection reflète une stratégie ancienne : utiliser toutes les ressources disponibles pour conquérir le pouvoir, quitte à manipuler les institutions et à anesthésier la contestation populaire par le populisme et la répression.
Manipulation et Populisme : Des Experts en Illusion
Le régime en place excelle dans l’art du populisme. Il exploite les failles sociales et les émotions de la population, la berçant de promesses vides et la distrayant par des événements qui masquent temporairement les crises. À coup de slogans et de promesses de réformes miraculeuses, il détourne l’attention des défis réels. Mais cette manipulation ne fait qu’accroître le désespoir d’une population à bout de souffle. Le mécontentement est palpable, mais l’installation d’un climat de peur et de répression rend toute mobilisation difficile.
Un Bilan Catastrophique : Madagascar au Fond de Tous les Classements
Le bilan de la gouvernance est sans appel. Madagascar figure parmi les derniers au monde dans plusieurs classements :
Pauvreté : La majorité de la population vit en dessous du seuil de pauvreté.
Corruption : L’impunité et la collusion entre élites économiques et politiques gangrènent le système.
Insécurité et Inflation : Le coût de la vie explose, rendant l’accès aux besoins de base de plus en plus difficile.
Bonheur et bien-être : Le pays est classé parmi les derniers en termes de qualité de vie et de bonheur.
Ces classements ne sont pas que des chiffres abstraits : ils se ressentent dans le quotidien. Les coupures d’électricité durent toute la journée, ne laissant que quelques heures de courant pendant la nuit. Un contraste saisissant pour un pays doté d’un immense potentiel énergétique inexploité. Cette incapacité à fournir un service aussi basique est un symbole de l’échec gouvernemental.
Famine et Abandon : Une Terre Fertile, mais des Ventres Affamés
Avec 586 000 km² de superficie, dont plus de 90 % est cultivable, Madagascar devrait être un grenier agricole. Pourtant, le pays fait face à des famines récurrentes. Cette contradiction criante démontre à quel point l’incompétence du régime pèse sur le pays. Alors que les dirigeants s’enrichissent, la majorité de la population est en proie à la misère et à la malnutrition.
Un Régime Répressif qui Étouffe Toute Contestation
Le pouvoir ne tolère aucune opposition. Les voix dissidentes sont rapidement réduites au silence : arrestations arbitraires, emprisonnement de journalistes, et intimidation des leaders d’opinion. Ce climat de répression plonge la population dans la peur et la résignation, l’empêchant de s’organiser pour exiger le changement. L’absence de liberté d’expression renforce l’immobilisme, laissant le pays s’enfoncer dans une crise sans fin.
Une Leçon Inquiétante : Maîtrise de la Prise du Pouvoir, mais Déficit de Gouvernance
Madagascar offre aujourd’hui un exemple désolant d’un régime qui sait comment conquérir le pouvoir, mais échoue lamentablement à gouverner. Chaque étape de son ascension s’est appuyée sur la manipulation, la corruption et la force, mais aucune de ces compétences ne s’est traduite par une amélioration de la situation du pays. Le paradoxe est là : un régime puissant pour accéder au pouvoir, mais impuissant à répondre aux besoins de la population. Madagascar est aujourd’hui pris au piège d’un cercle vicieux, entre mauvaise gouvernance et répression.
Sans une réforme profonde, tant au niveau politique qu’institutionnel, l’avenir du pays reste sombre. Tant que le pouvoir restera un objectif en soi, et non un moyen d’améliorer le bien-être collectif, Madagascar continuera d’être un exemple tragique d’un potentiel inexploité.