Madagascar est plongée dans un scandale d’une ampleur sans précédent. En effet, selon les révélations faites par la ministre de l’Économie et des Finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, la ligne de budget pour l’Assemblée nationale, d’un montant de 16 milliards d’ariary, sera consacrée à l’achat de véhicules 4×4 pour les députés. Alors que de nombreuses familles malgaches peinent à joindre les deux bouts et que le pays fait face à des défis majeurs dans de nombreux secteurs, cette décision vient une nouvelle fois prouver la priorité donnée à des dépenses superficielles au détriment des besoins vitaux de la population.
Ce scandale ne s’arrête pas là. En effet, parallèlement à cette décision contestée, l’État malgache a annoncé une réduction drastique du budget alloué à l’éducation, secteur déjà sous-financé et en grande difficulté. L’argent ainsi économisé ne sera pas réinvesti dans des initiatives à même de soutenir l’enseignement, mais plutôt affecté à la Jirama, la société d’eau et d’électricité, dont les problèmes financiers persistent depuis plusieurs années. Au lieu de renforcer projets éducatifs pour les enfants malgaches, le gouvernement semble préférer dépenser des millions pour satisfaire les besoins matériels des parlementaires.
Ce choix d’investir 16 milliards d’ariary dans des véhicules tout-terrain pour les députés intervient dans un contexte politique tendu, où l’exécutif veut amadouer les membres du législatif suite à une éventuelle motion de censure. Le gouvernement, qui risque de perdre son soutien au sein de l’Assemblée nationale, a donc opté pour cette décision afin de gagner le cœur des parlementaires. Au lieu de prendre des mesures pour améliorer les conditions de vie des citoyens ou réformer des secteurs vitaux comme l’éducation et la santé, l’exécutif préfère acheter le soutien des députés en leur offrant des véhicules coûteux, espérant ainsi renforcer ses alliances politiques au détriment des priorités nationales.
Le message est clair : pour ce régime, le « werawera » et la mise en scène du pouvoir prime sur l’avenir du pays. Les députés, au lieu d’être des représentants du peuple, se retrouvent privilégiés par des investissements dont les malgaches ne ressentiront aucun bénéfice direct. Les enfants des familles pauvres continueront de fréquenter des écoles dans des conditions précaires, sans matériel et sans enseignants pendant que les élus se déplacent dans des véhicules tout-terrain flambant neufs.
Cette décision met également en lumière le fossé grandissant entre les élites dirigeantes et le peuple malgache. Alors que la population lutte contre une inflation galopante et un accès limité aux services de base, la priorité du gouvernement est de satisfaire les besoins matériels des parlementaires. Il est difficile de ne pas voir dans ce choix une volonté de renforcer l’image de puissance et d’opulence au détriment de la réalité sociale qui frappe durement le pays.
Les malgaches sont en droit de se demander si les dirigeants actuels se préoccupent vraiment de leur bien-être. Pourquoi les priorités ne sont-elles pas inversées ? Pourquoi ne pas utiliser cet argent pour améliorer l’éducation, pour offrir des bourses et des matériels aux enfants malgaches, pour mettre en place des politiques publiques de santé et d’éducation de qualité ? Au lieu de cela, nous assistons à un choix scandaleux qui témoigne de l’incapacité du régime à s’attaquer aux problèmes structurels qui minent le pays.
Il est plus que jamais urgent que les citoyens de Madagascar fassent entendre leur voix et exigent des dirigeants qu’ils fassent preuve de responsabilité en allouant les fonds publics aux véritables priorités du pays : l’éducation, la santé et la lutte contre la pauvreté.