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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Téléphérique de Rajoelina SAFIOTRA? Un projet qui pose plus de questions qu’il n’apporte de réponses

La gazette de la grande île
26/11/202414 minute read

Le titre de l’article de Mondafrique repris ci-dessous a-t-il été volontairement déformé pour mieux ridiculiser la décision de Rajoelina SAFIOTRA de construire le téléphérique, sous le prétexte de désengorger la circulation à Antananarivo? En effet, cet article ne parle pas du tout de la rocade, qui serait plus proche de périphérique, mais plutôt des embouteillages de Tana devenus légendaires.

Le ton ironique du paragraphe ci-après résume ce qu’est l’Etat de droit à Madagascar « On imagine que dans cet État dit démocratique ce genre douvrage, avant le début des travaux, a dû passer les étapes obligées d’étude de faisabilité, et obtenir lapprobation des plans par les différentes entités concernées dont la population tananarivienne, dont la société civile. « Le Président a décidé que le téléphérique est dutilité publique. Et le reste suit… « .

Que dire de ce stade « Barea » de 77 millions de dollars inutilisables, aux « normes manarapenitra de Rajoelina SAFIOTRA » et non aux normes reconnues internationalement ? Un stade qui est devenu le lieu privilégié pour des foires genre foire du tourisme ou de l’artisanat. Mais même pour cet usage, patatras! Premières gouttes de pluies (provoquées par la Jirama), et de grosses difficultés et pertes pour les exposants! Des marchandises emportées par l’eau!

Une occasion pour l’auteur de cet article de rappeler la pyramide de Maslow, dont seul Siteny a parlé plusieurs fois sans malheureusement expliciter ce dont il s’agit: « Les motivations d’une personne dépendraient de la satisfaction de ses besoins. 5 besoins fondamentaux ont été hiérarchisés par Maslow, à savoir, les besoins physiologiques, le besoin de sécurité, le besoin d’appartenance, le besoin d’estime et le besoin d’accomplissement). Ce n’est qu’une fois qu’il a assouvi un besoin qu’un individu peut alors obtenir la motivation suffisante pour atteindre la prochaine catégorie de besoins.

S’agissant de la majorité de la population Malagasy qui est en mode survie, satisfaire les besoins physiologiques constitue donc la priorité des priorités, besoin des respirer, besoin de boire, besoin de dormir, besoin de manger, besoin de se reproduire (lié à la survie de l’espèce).
La fameuse règle de trois hiérarchise schématiquement ces besoins physiologiques: 3 minutes sans respirer, on meurt. 3 jours sans boire, on meurt. Et 3 semaines sans manger, on meurt.

Alors, parler du téléphérique, du Colisée, de Miami, de l’arrivée d’Emirates, (et nous en passons), à cette population démunie de tout pour sa survie, est surréaliste pour ne pas dire « c’est pour se moquer d’elle« !

Ci-après cet article, sans plus de commentaires:  
https://mondafrique.com/a-la-une/cet-etrange-peripherique-cense-decongestionner-la-capitale-de-madagascar/

« Madagascar, cet étrange périphérique censé décongestionner la capitale polluée

24 novembre 2024

Plus de vingt ans après la première demande d’Antananarivo, Paris espère pouvoir restituer au printemps 2025 à Madagascar les restes sacrés du roi sakalave Toera. Et compte profiter de la venue d’Emmanuel Macron au sommet de la Commission de l’océan Indien pour officialiser ce retour.
Emmanuel Macron aura l
occasion à Madagascar de se féliciter de la construction enfin achevée de limpressionnant téléphérique dAntananarivo financé à grands frais par lAgence Française pour le Développement (AFD). Notre journaliste envoyé sur place a du constater enquêtant dans les rues de la capitale que le projet ne faisait pas lunanimité dans la mesure où dautres besoins, notamment laccès à l’électricité, étaient autrement prioritaires

Lair à Tananarive étant lun des plus pollués au monde, les rues étant fortement embouteillées et les infrastructures étant insuffisantes

 

Début Septembre, nous sommes en pleine saison sèche dans cette grande île du tropique du Capricorne. À Antananarivo, le ciel est bleu, magnifique, pas le moindre nuage. Nous sortons de Ivandry, proche banlieue « chic » de la capitale de Madagascar et débouchons à Ankorondrano sur la « route des hydrocarbures » embouteillée à longueur de journée comme toutes les rues de «la ville aux mille soldats».  Nous venons de nous restaurer dans un salon de thé qui offre collation et « glaces ». Des glaces, vraiment? Que « nenni », pour cause du délestage de la matinée, nous explique le gérant, bien avenant, de cette boutique au design moderne en phase avec les immeubles « standing » du coin.

Nous voilà donc coincés sur cette « route » à deux sens séparée par une sorte de petit muret assez large qui permet à des enfants, la plupart en guenilles, de déambuler mains tendues vers les automobilistes et leurs passagers pour espérer quelques « ariary », la monnaie locale. Nous nous trouvons dans la zone business avec des immeubles de bureau semblables à ceux que lon peut trouver en France ou ailleurs.

La circulation étant ralentie, nous avons le loisir « dadmirer » les ouvrages impressionnants du téléphérique dont la mise en service est prévue courant 2025. Un premier tronçonde cet ouvrage a été inauguré par le Président Andry.N.Rajoelina en Juin de cette année.

Louvrage est constitué de deux lignes. Une rouge et une jaune respectivement longue de 9.21 kms et de 2.61 kms, dotées de 274 cabines, chacune conçue pour transporter 10 à 12 passagers sur un trajet dune dizaine à une trentaine de minutes.  Moyen de transport envisagé comme alternative écologique contre lusage quotidien des véhicules à moteur thermique et censé aider à décongestionner la Capitale qui compte plus de 3 millions dhabitants[1]

On imagine que dans cet État dit démocratique ce genre douvrage, avant le début des travaux, a du passer les étapes obligées d’étude de faisabilité, et obtenir lapprobation des plans par les différentes entités concernées dont la population tananarivienne, dont la société civile. « Le Président a décidé que le téléphérique est dutilité publique. Et le reste suit… »

Haja 50 ans, titulaire dun B.A.E (Brevet dAgent Exécutif) en électro-technique, dit ne pas comprendre lidée même de téléphérique qui nécessite « un moteur dune puissance de 300 à 400 kwh, au minimum, avec mise en marche au moins de huit heures par jour» . « Et » sur un ton réprobateur, il continue « où va-t-on chercher l’énergie pour une telle machine ? ». Il nous relate  que  « Le 28 Avril 2019 le président ANR, lors dune réunion publique relayée abondamment par les réseaux sociaux, a fait une promesse solennelle (velirano en Malgache), que les problèmes de la JIRAMA[2] seront résolus en moins de cinq ans » « On ne peut que constater la vanité de ce discours » souligne Haja « ma famille et moi comme le reste des petitshabitants et petitscommerces du Pays ne cessent de subir les conséquences des pannes électriques intermittentes de plusieurs heures, de nuit comme de jour ».
A savoir, seulement environ un quart des 30 millions de Malgaches ont accès à l’électricité.

          
Lenfer du trafic.

Arrivés à un rond-point qui dessert la zone business, Haja décide de prendre litinéraire Tsarasaotra. Tsarasaotra est une longue et large artère, telle les « freeways » à laméricaine, qui est surtout utile pour desservir laéroport international dIvato. 

On laisse dernière nous les pylônes[3] et les câbles du téléphérique. Neuf bâtisses soffrent à notre vue. Un ensemble impressionnant dressé au milieu de marais qui ont été visiblement remblayés. De couleur marron et orange, couleur emblématique du Président ANR, il sagit de bâtiments destinés à lachat ou à la location ?.  Haja explique « Ces immeubles, construits à linitiative du  Président Andry.N.Rajoelina, dit ANR, restent forcément vides, inoccupés car hors de portée de la bourse des Tananariviens ». « Et sils sont équipés dascenseur, étant donné les délestages, les locataires ou propriétaires éventuels risquent d’être souvent coincés dans les ascenseurs ». Sans commentaire.

Notre itinéraire nous fait passer devant le célèbre Collège Rasalama[4]. Juste devant lun des murs denceinte du Collège on voit sept, huit individus dont des enfants, vivant autour dune benne à ordures. Nos pérégrinations précédentes nous ont offert ce genre de spectaclesdans quelques rues de Tana.
« Le Président Andry.N.Rajoelina et moi avons le même age, 50 ans », nous fait remarquer Haja. « Lui est à la tête du Pays depuis une dizaine dannées. Ses trois enfants suivent des études à l’étranger. Moi aussi je suis à la tête dune famille de trois enfants. Mon souci quotidien est de pouvoir leur servir au moins deux repas par jour pour quils puissent réussir à l’école ».

Moins de 2$ par jour et par personne!

Haja propose daller voir le nouveau stade de la Capitale. Passé le quartier Antaninandro , nous remontons une rue pavée défoncée, crasseuse, avec au bout une vue panoramique du marché du Zoma, connu pour être le plus grand marché ouvert de toute lAfrique. Marché qui s’étale le long des arcades de lavenue de lIndépendance qui a vu des jours meilleurs comme en témoignent les photos prises bien des décennies auparavant.

« Place de lindépendance » nous dit Haja « lieu témoin d’évènements dramatiques, tragiques qui ont marqué la vie des Tananariviens. Lespace attenant est maintenant un jardin botanique, selon la volonté de ANR, et la place est interdite de toute manifestation politique ». Il fait comprendre quil ne fera pas de commentaire quant aux évènements, quant à cette interdiction. Nous respectons sa réticence.

Virage à droite. Pente douce. Un tunnel et nous débouchons sur le lac Anosy. Magnifique avec les reflets rouge et or du soleil couchant.

On longe le lac. A notre gauche les murs du Collège Saint Michel[5]. Collège qui sest opposé à linstallation dune station du téléphérique dans son enceinte et qui a eu gain de cause. « Victoire rare, inespérée sous la présidence de ANR » souligne Haja. Nous remarquons que notre chauffeur/guide ne se réfère au Président que par son acronyme ANR. Président déclaré élu par la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) lors des dernières élections présidentielles de 2023, une victoire entérinée par la HCC (Haute Cour Constitutionnelle). « ANR a été élu pratiquement sans opposition puisque les dix autres candidats ont décidé de boycotter les élections à lexception de deux prétendants qui navaient aucun espoir de lemporter » explique Haja avec un ton plus que désabusé.

Le nouveau stade

Nous sommes maintenant à Mahamasina où se trouve le nouveau stade. Il porte le nom de l’équipe nationale de football Barea. Imposante architecture, assez esthétique. Les panneaux qui font office de mur offrent en alternance les photos géantes des joueurs qui ont permis à Madagascar datteindre les quarts de finale de la CAN (Coupe Africaine des Nations) en Juillet 2019. Ce qui , dit-on, a décidé le président de se faire construire ce stade de 77 millions de dollars.

Haja nous apprend que la FIFA (Federation Internationale de Football Association) na pas permis aux Barea de jouer à domicile les phases éliminatoires (Juin 2024) de la Coupe du monde 2026 car le stade na pas obtenu laval de la CAF (Confédération Africaine de Football). On vérifie. RFI parle de  « recommandations sécuritaires exigées par les instances internationales du ballon rond et listées lors de la précédente inspection en 2021[6] ». France Info parle de contre-expertise qui pourrait permettre aux Barea de jouer les matchs qualificatifs de la CAF.[7]

A l’évidence,  le téléphérique[8] imposé aux habitants de la Capitale nest pas un  cas isolé. Ainsi le stade Barea. Ainsi le « Colisée[9] » dans lenceinte sacrée du Rova, le Palais de la Reine situé sur la plus haute colline de Tana. Symbole du pouvoir royal jusquen 1896 année dannexion du Pays par la France.

On pense à la Pyramide de Maslow[10].

Naurait-il pas fallu investir ces sommes astronomiques ailleurs? Le téléphérique répond-il aux besoins immédiats de la population de la capitale ? Selon Haja, 5 à 10 kwh  suffisent pour assurer la consommation moyenne dun foyer pour un mois.  « Jai dû acheter des lampes portatives alimentées par panneau solaire », nous confie -t-il, « pour que mon fils puisse faire ses devoirs d’école le soir venu » Haja, avec son français hésitant, nous raconte que lannée dernière les candidats ont dû passer une partie de leur examen à la lumière des bougies.

On revient à la question du téléphérique. Le prix avancé du ticket est de 3000 à 5000 ariary[11]. Celui des bus est de 500 ariary !.

Renseignement pris : plus de  2 millions de personnes se déplacent quotidiennement dans Tana. Et majoritairement utilisent le bus plus à la portée de leur bourse.

Nous nous posons alors la question du profil de Tananariviens qui pourront emprunter le téléphérique conçu pour alléger le trafic journalier.

A la lumière des différents communiqués des autorités, les journalistes locaux et étrangers rapportent que le prix du plaisirde contempler la Capitale à 50 mètres de hauteur nest pas encore « définitif ».

Il est presque 19.00 heures. La nuit tombe. On passe devant un pylône entouré de hautes palissades de sécurité[12].

Notre chauffeur/guide allume la radio. Un groupe de rap malgache chante en français [13]. Dans un cynisme mordant et un  humour noir  grinçant, les paroles évoquent les interminables pénuries deau et d’électricité dont Tana est victime.

« Encore un soir sans lumière. Cest la fête à Tana. Les bougies sont nos étoiles. Ah quel beau gala….
On encaisse en silence. Cest presque devenu normal….                                               
Merci pour cette panne . Ce black out éternel. On vit dans lombre. Mais cest presque sensationnel [14]» Haja nous dépose à lhôtel. On lui laisse un pourboire conséquent. Il doit encore ramener la voiture chez le propriétaire et rentrer chez lui en bus. « Il me faudra au moins deux heures »  nous dit-il « pour rentrer chez moi ». Auparavant il nous a précisé que son domicile ne se trouve pas sur le tracé prévu du téléphérique. 

[1]    Communiqué des autorités malgaches
[2]    JIRAMA : équivalent de EDF (Electricité de France).
[3]    Pylônes : respectivement 56 pour la ligne rouge et 19 pour la ligne jaune
[4]    College RASALAMA : Institution privée protestante qui a donné au Pays d’illustres personnages
[5]    Collège Saint Michel:Institution catholique fondée par les Jésuites en 1888
[6]    RFI 17/04/2024
[7]      France Info 23/10/2024. Prochaine CAF début 2026.
[8]    Télépherique : Coût 152 millions via la BPI et un prêt de 28 millions du Trésor Français. Ouvrage dénoncé par la société civile malgache et dixit le Sénateur français  Pierre Laurent « Ce projet est en inadéquation avec les besoins de la population » plutôt il faudrait un « projet plus adapté aux besoins urgents de la population malgache » in RFI 21/06/2024
[9]    Le ‘Colisée’ (coût 1,4 million d’euros)  unanimement controversé par les défenseurs du patrimoine qui ont réclamé  sa destruction. Mais malgré les critiques, le président a mené le projet à terme » France Info 09/11/2020
[10]   Pyramide de Maslow : de Abraham Maslow ( 1908-1970) psychologue américain qui a hierarchisé les besoins primordiaux des êtres humains dont ceux de se nourrir, de se vêtir, d’avoir un toit, de s’instruire…
[11]   1OOO Ariary = 0.20 Euros (taux variable)
[12]   On a appris que les panneaux solaires installés en haut des poteaux d’éclairage de certaines routes desservant les proches banlieues ont « disparu » !!!.
[13]   Le français est la deuxième langue officielle (parlé par environ 30 % des Malgaches). L’élite malgache s’exprime souvent en français entre eux et la plupart des cours universitaires sont dispensés dans la langue de Molière
[14]   Extraits de « Humour dans le noir » arrangement J.Doe, réalisation Dekzy,  illustration Pov & Nino »

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