Extrait du compte rendu du conseil des ministres du 27 novembre 2024 : « Le Conseil des Ministres a approuvé la demande d’autorisation de transfert pour le paiement des Heures Complémentaires et des Vacations au titre de l’année universitaire 2019-2020 pour les six universités et les trois IST« .
Des professeurs d’Université ne sont donc pas payés depuis le retour au pouvoir en 2019 de Rajoelina SAFIOTRA, et vont peut-être enfin recevoir leur dû des années 2019 et 2020. Quant aux années 2021, 2022, 2023 et 2024, ils devront encore attendre ! Les arriérés des pétroliers, l’autoroute qui n’aboutit nulle part, les budgets de préparation des sommets de la COI ou de la SADC, bref les werawera sont la priorité de Rajoelina SAFIOTRA. Ou encore la construction de gymnases, de piscines !
Ces malheureux professeurs sont devenus une variable d’ajustement de cette « pauvreté » du Trésor public.
Les aides des bailleurs de fonds traditionnels
Qui avait dit lors de la campagne présidentielle de 2018 « Si Madagascar continue à ne compter que sur les bailleurs de fonds traditionnels, elle restera encore sous-développée en 2050« .
Les caisses sont vides et « la cigale Rajoelina Safiotra se trouve fort bien dépourvue« . Heureusement pour la population que ces bailleurs de fonds ne sont pas rancuniers, et sont présents et l’aident à survivre et à ne pas toucher le fond.
Depuis 2019, Madagascar recule et est devenu en 2023 le 5ème pays le plus pauvre derrière le Burundi, Sierra Leone, Sud Soudan et la République Centrafricaine avec un PIB/tête de 530 dollars. Soit 3 fois moins que les Comores avec 1587 dollars. A ce rythme, Madagascar devra emprunter auprès des Comores que Rajoelina SAFIOTRA méprise tellement. Comme l’a dit l’ancien DG de la présidence Gérard Andrialemirovason, le Comorien n’est plus ce vendeur de samoussa ou de maskita , c’est le Malagasy qui est maintenant devenu gardien des Comoriens.
Oui, Madagascar est malade, très malade et a besoin de se soigner. Malheureusement, Rajoelina SAFIOTRA ne s’en rend pas compte et se contente d’être soigné par les bailleurs de fonds traditionnels.
Plus particulièrement, le budget est malade et les caisses du Trésor exsangues, principalement à cause de l’hémorragie provoquée par les subventions à la Jirama et aux pétroliers depuis 2009.
Une situation due à deux erreurs stratégiques de Rajoelina : la baisse des prix de l’électricité en 2019, tout comme sa décision de fixer les prix à la pompe à la même date.
Le président Rajaonarimampianina avait bien trouvé une solution pour la JIRAMA en négociant les deux projets de barrage Sahofika, permettant de faire baisser le prix de revient de la Jirama bien au-dessous de son prix de vente de l’électricité. Hélas, Rajoelina SAFIOTRA a sabordé ces 2 projets avec l’assistance de son conseiller personnel Gérard Perceau (dont on se demande avec quel budget il est payé. Cette transparence !).
Rajoelina le cache bien, mais même son projet phare Autoroute Tana/Toamasina est au point mort. Début novembre, Gérard Perceau et l’EDBM tendaient la main lors de l’évènement Paris Infraweek pour le financement de Sahofika, Volobe et de l’autoroute, dont vous pouvez suivre une partie en cliquant sur https://we.tl/t-6D0UlhcCHU .
Oui, les caisses sont vides et la Banque Mondiale et la BAD ont même dû réorienter leurs actions, en finançant des appuis budgétaires au lieu de projets, afin de permettre à l’Etat de boucler son budget.
Par ailleurs, si le FMI verse habituellement leur concours à la Banque Centrale des pays où il intervient, cette fois il a dû accepter de les virer au Trésor pour renflouer la trésorerie de l’Etat.
La Banque Mondiale avait joué le rôle de locomotive et a versé en 2023 une 1ère tranche d’appui budgétaire de 100 millions de dollars.
Le FMI avait suivi, en acceptant d’annuler la FEC précédente : la dernière tranche n’a pu être décaissée, faute par l’Etat d’avoir pu respecter les conditionnalités. Un nouvel accord, appelé FEC/FRD, avait alors été signé. C’est ainsi que 48 millions de dollars avaient été versés au Trésor le 21 juin 2024, dès l’approbation par le CA du FMI de cet accord FEC/FRD.
2ème tranche FEC/FRD
–48 autres millions de dollars étaient prévus être décaissés le 30 novembre 2024. Ce ne sera probablement pas le cas à cette date, car une fois de plus, un certain nombre de conditionnalités n’ont pas été respectées, en particulier la mise en place de l’ajustement automatique des prix à la pompe.
Un désaveu et débouclage de la mesure populiste catastrophique prise par Rajoelina SAFIOTRA en juin 2019 de contrôler les prix à la pompe, au lieu de les laisser évoluer en fonction des prix du marché. Cette mesure a fait exploser le montant des subventions aux pétroliers, qui avaient retenu en contrepartie les taxes prévues pour le FER, d’où l’absence de maintenance des routes depuis 5 ans et le mauvais état du réseau routier qui en a résulté. Ces mauvaises routes augmentent évidemment la consommation de carburants et arrangent bien les affaires des pétroliers. Ils augmentent ainsi leurs revenus sans aucun effort supplémentaires. Ceci explique cela !
Rajoelina SAFIOTRA ne prendra probablement pas cette mesure d’ajustement automatique des prix à la pompe avant les élections communales, car elle aura très certainement des répercussions haussières sur les coûts du transport de marchandises et de passagers. L’augmentation du prix du ticket de Taxi Be en perspective!
Mais la population tananarivienne doit le savoir, on n’y échappera pas après les élections communales, quel que soit le maire élu. C’est une certitude car Rajoelina SAFIOTRA n’a plus aucune marge de manœuvres. Et là, personne ne croira plus aux importations hors taxes de bus promises comme lors de la dernière hausse des prix à la pompe en juillet 2022.
–54 millions de dollars sont également prévus être décaissés le 30 novembre 2024 au titre de la FRD:
La moitié de cette somme, lorsque le gouvernement aura adopté un décret clarifiant le mandat du Comité Interministériel pour l’Environnement (CIME) pour couvrir toutes les politiques relatives au changement climatique. Ce décret prévoira notamment :
(i) une présidence assurée au niveau du Premier ministre
(ii) la tenue de réunions semestrielles donnant lieu à des comptes rendus publiés pour suivre la mise en œuvre des décisions relatives aux politiques liées au climat et
(iii) la mise en place d’un secrétariat partagé entre le MEDD et le MEF.
L’autre moitié sera débloquée, lorsque le gouvernement aura adopté un nouveau décret sur les études d’impact environnementales (EIE) pour remplacer le décret MECIE [Mise en compatibilité des investissements avec l’environnement] de 2004 et adopter et publier des critères pour la priorisation et la sélection des projets d’investissement, incluant l’intégration d’éléments liés au changement climatique (adaptation, atténuation et résilience).
La publication de ce décret va obliger le gouvernement à procéder à une indemnisation préalable des expropriations pour cause d’utilité publique. Aux études sur l’impact environnemental, s’ajoutera des études sur les impacts sociaux. Ces deux mesures ennuient fortement le gouvernement, car le projet d’autoroute et Base Toliara risquent de ne pas « passer ».
A condition que ces 102 millions de dollars de la FEC/FRD soient débloqués, la Banque Mondiale va également verser la 2ème tranche de 100 millions de dollars d’appui budgétaire.
Au dernier conseil des ministres, ces décrets n’étaient toujours pas à l’ordre du jour.
Paiement des salaires des fonctionnaires de décembre compromis ?
La 1ère tranche de 66 millions de dollars d’aide budgétaire de la BAD est également attendue. Y aurait-il aussi des conditionnalités à satisfaire ?
En tout cas, si Madagascar ne reçoit pas ces 268 millions de dollars (1 251 milliards ariary) avant le 20 décembre 2024, le Trésor aura des problèmes pour payer les salaires de décembre des fonctionnaires.
Chercher de l’argent à tout prix
Les caisses du Trésor sont désespérément vides, notamment à cause des subventions aux pétroliers et à la Jirama, mais également à cause de projets d’investissements mal choisis comme le stade Barea, le Colisée, l’autoroute.
C’est pour cette raison que Rajoelina SAFIOTRA s’est déjugé sur le projet Base Tuléar. En 2019, il avait pris la bonne décision de suspendre l’ouverture de ce projet. Le dernier conseil des ministres du 27 novembre 2024 vient d’autoriser la reprise de ce projet. Il semblerait que l’investisseur avait promis de verser immédiatement 20 millions de dollars (information à confirmer). Rajoelina Safiotra s’est targué en conseil des ministres avoir supervisé personnellement les négociations, selon le compte rendu du conseil des ministres » Sous la direction du Président de la République, les négociations ont permis d’augmenter significativement les avantages fiscaux, économiques et sociaux pour Madagascar, tout en garantissant des bénéfices pour la région d’Atsimo Andrefana et ses communautés, ainsi que pour Base Toliara« .
Pourquoi ne pas avoir appliqué tout simplement le nouveau code minier et la LGIM, loi sur les grands projets miniers, comme pour Ambatovy ? Surement, l’accord ad-hoc est certainement plus intéressant pour les investisseurs. Ce ne sont pas de philanthropes.
Rajoelina SAFIOTRA aurait-il changé sa position, grâce au rachat de Base Tuléar par l’américain Energy fuels.
A cause du coup d’Etat de Rajoelina en 2009, les Américains avaient arrêté les financements provenant du MCC (Millenium Challenge Corporation).
En avril 2022, Rajoelina SAFIOTRA avait rencontré Alice Patterson Allbright, Présidente Directrice Générale du MCC, et espérait ardemment bénéficier de nouveau du financement de cet organisme. Néanmoins, cette dernière lui avait juste conseillé de persévérer afin de répondre davantage au critère lié à la lutte anti-corruption.
Trois ans et demi plus tard, selon l’ambassadeur américain Claire Pierangelo qui avait été reçue par Rajoelina SAFIOTRA à Iavoloha, Madagascar doit encore persévérer car elle est toujours dans la salle d’attente de l’accès à ce financement.
Il est vrai que la lutte contre la corruption n’est qu’un trompe l’œil , et personne n’est dupe, notamment les diplomates en poste et la population. Pour preuve, Rajoelina SAFIOTRA n’a demandé aucune enquête judiciaire concernant son ex-bras droit Romy Voos.
Madagascar en est à son énième réunion pour la mise en place de la Nouvelle Stratégie Nationale de lutte contre la corruption. Des palabres, quelques bonnes intentions ! Pour quels résultats ?
Tant que Rajoelina SAFIOTRA et son gouvernement ne s’approprie pas vraiment cette lutte contre la corruption, elle restera lettre morte.
Pour devenir crédible, acta non verba !
Un exemple concret : engager des poursuites judiciaires contre son ex-directrice de cabinet Romy Voos, condamnée par la justice britannique à 3 ans et demi de prison pour corruption.
Ou bien contre son ex-directrice de la Communication Rinah Rakotomanga dans l’affaire SMMC.
Si même Mamy Ravatomanga alias PB ou Président Bis n’arrive plus à se faire payer ses factures, c’est que les caisses doivent être vraiment vides. Et tel l’adage bien malagasy « Tanimena ve hirehitra ». Il est maintenant obligé d’user de la menace de saisie
Ces sénateurs pourront toujours se consoler en prenant le téléphérique, si par hasard on arrivera à terminer techniquement ce projet.
Quant à son fonctionnement, on ne sait pas encore d’où viendra l’argent pour financer le déficit prévisible, ce qui refroidit les éventuelles sociétés intéressées à l’exploiter.