Les principaux opérateurs de « mobile money » de la Grande Île sont furieux. Face au projet de taxe sur les transactions mobiles, annoncé le 14 novembre par la Direction générale des impôts (DGI) et présenté à l’Assemblée nationale le 18 novembre, ils ne se sont pas contentés de publier un communiqué, le 21 novembre, dans la presse et sur les réseaux sociaux, pour marteler leur opposition.
Le même jour, les directeurs généraux Louis-Olivier Favot (MVola), Heritiana Randrianarison (Airtel) et Mathieu Berthelot (Orange Money) ont aussi envoyé un courrier confidentiel à plusieurs partenaires techniques et financiers. Parmi les destinataires figuraient Atou Seck et Kodjovi Eklou, respectivement représentants de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI) à Madagascar, mais aussi le bureau de la Banque africaine de développement (BAD) à Antananarivo. L’objectif est clair : solliciter leur appui pour faire reculer le gouvernement d’Andry Rajoelina sur cette mesure qu’ils estiment inefficace pour l’État et « dangereuse » pour les consommateurs. Le projet de loi prévoit de taxer à hauteur de 0,5 % toutes les transactions mobiles de plus de 150 000 ariarys (environ 30 euros) à partir de l’année prochaine.
Ce bras de fer intervient dans un contexte budgétaire difficile pour Madagascar. Depuis des mois, la ministre des finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, tente par tous les moyens d’augmenter les recettes fiscales du pays, dont la trésorerie est sous tension (AI du 10/06/24). Mais la BM et le FMI, insatisfaits de la gestion d’Andry Rajoelina, ne viendront pas immédiatement à la rescousse des finances de la Grande Île : les deux institutions ont repoussé de quelques mois leurs appuis budgétaires respectifs (AI du 29/11/24 et du 19/11/24).