Depuis plusieurs jours, une distribution d’argent liquide de 150 000 ariary par famille est orchestrée par le gouvernement dans certains quartiers de Madagascar. Selon les rapports, environ 200 000 familles reçoivent cette somme quotidiennement. Cependant, cette initiative est réservée uniquement à ceux qui ont voté IRMAR lors de la dernière élection communale et qui peuvent présenter une carte d’électeur et une carte TGV lors de la distribution. Cette sélectivité soulève des questions sur l’équité et l’efficacité de cette mesure, étant donné que la majeure partie de la population est exclue de cette aide financière.
Une hémorragie financière chiffrée
Pour comprendre l’ampleur de cette opération, calculons les coûts impliqués :
1er Somme distribuée quotidiennement : 30.000.000.000 ariary par jour.
2e Somme distribuée en une semaine (7 jours) : 210.000.000.000 d’ariary.
3e Projection sur plusieurs mois : Si cette opération devait se poursuivre pendant trois mois (environ 90 jours), le montant total dépasserait : 2700 milliard d’ariary.
En perspective, cette somme colossale pourrait transformer significativement des secteurs clés de l’économie et de la société malgache si elle était utilisée dans une optique de développement durable.
Conséquences et critique de cette démarche
Injustice sociale : Limiter cette distribution aux partisans du régime exacerbe les inégalités et alimente un sentiment de discrimination parmi la population.
Inefficacité économique : L’argent distribué de manière arbitraire n’encourage pas la production ni l’investissement à long terme. Ces fonds sont rapidement consommés sans effet durable sur la pauvreté.
Gaspillage électoraliste : Cette initiative est une achat de votes, ce qui compromet la crédibilité des institutions démocratiques.
Une alternative pour un développement durable
Avec une somme de 2 700 milliards d’ariary, le pays pourrait financer des projets de développement structurants et inclusifs. Voici quelques propositions concrètes :
Renforcement de l’éducation :
Formation et recrutement de milliers d’enseignants. Recrutement de fonctionnaire dans le domaine de l’éducation.
Santé publique :
Modernisation et surtout équippements des hôpitaux et centres de santé. Recrutement de personnels qualifiés. Mise en place d’un système de couverture santé universelle.
Accès à l’énergie :
Installation de panneaux solaires pour 500 000 foyers (à 5 millions d’ariary par foyer). Électrification des villages isolés.
Agriculture durable :
Subventions pour les petits agriculteurs afin d’acheter des équipements modernes. Lancement de programmes d’irrigation et de conservation des sols.
Infrastructures :
Réhabilitation des routes principales et secondaires pour favoriser les échanges commerciaux. Développement des infrastructures d’eau potable.
Lutte contre la pauvreté :
Création de fonds pour soutenir les PME et l’entrepreneuriat. Programmes de formation professionnelle pour les jeunes.
La distribution actuelle d’argent représente un gaspillage énorme de ressources financières. Si ces fonds étaient réorientés vers des initiatives de développement durable, Madagascar pourrait non seulement réduire la pauvreté, mais aussi bâtir une économie plus résiliente et inclusive. Les dirigeants doivent faire preuve de responsabilité et d’ambition pour transformer ces ressources en opportunités réelles pour toute la population.
Photo : FILAHARANA
Légende : L’argent distribué de manière arbitraire n’encourage pas la production ni l’investissement à long terme. Ces fonds sont rapidement consommés sans effet durable sur la pauvreté.