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Le Journal de l'île Rouge
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Peut-on encore faire confiance en la Justice ?

La gazette de la grande île
10/02/20258 minute read

Dans un pays « normal » qui fait sienne la Charte Internationale des Droits de l’Homme dans le préambule de sa Constitution, « Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination« , et Nul ne peut être au-dessus de la Loi.

Ainsi par exemple, l’ancien président Nicolas Sarkozy vient de se faire poser un bracelet électronique restreignant sa liberté, après sa condamnation par la Justice de son pays.

En revanche à Madagascar, l’ex-Dircab Romy VOOS reconnue coupable de corruption par la Justice britannique est rentrée tranquillement à Madagascar, sans qu’aucune poursuite n’ait été diligentée contre elle par le BIANCO ou le Pôle Anticorruption.
Rinah, ex-directrice de la communication de la présidence, avait avoué à l’Inspection Générale de l’Etat avoir fait des faux et usage de faux afin d’obtenir un marché dans l’affaire SMMC : https://lgdi-madagascar.com/2024/08/27/politique/corruption-tolerance-zero-du-bla-bla-a-la-sauce-radomelina-vazaha/  ou https://www.facebook.com/share/p/1BHdYsHYvR/.    Aucune poursuite et actuellement, elle est payée en devises à l’ambassade de Madagascar à Pékin.

    

La détention préventive, l’arme fatale du régime

Dans le titre II, « Des libertés, des droits et des devoirs des citoyens », l’alinéa 9 de l’article 13 de la Constitution précise que « La détention préventive est une exception ». Pourtant, depuis le retour de Rajoelina Rainilainga à la tête de l’Etat, la détention préventive est la règle et elle est systématique, malgré les prisons bondées.
C’était par exemple le sort réservé au journaliste Fernand Cello, il y a une semaine, un dangereux journaliste qui a commis l’imprudence de publier à tort en octobre 2023 sur sa page Facebook que le président de la HCC alias Flamants roses était parti en France. Il s’en était pourtant excusé publiquement, mais cela n’aurait pas suffi.

Vendredi dernier, M. Jaokamisy Andriatsidiso correspondant local d’une ONG active contre les accaparements des terres a été convoqué pour enquêtes par la gendarmerie d’Ambilobe. À l’heure où nous écrivons, il est toujours en garde à vue. Les espoirs de son avocat de lui éviter une détention préventive seront-ils déçus ? Statistiquement, on est tenté de répondre par l’affirmative.
Ce membre de la Société civile n’a pourtant fait que rapporter certains faits sur Nosy Mitsio et/ou Nosy Sakatia.
Rossy publie sur sa page Facebook avoir demandé au ministre chargé du Foncier des explications sur ce qui se passe actuellement du côté de Nosy Be. En réponse, le communiqué ci-après :

                     

 

La course à l’échalote : les terrains à Nosy Be, Nosy Mitsio et Nosy Sakatia

La mafia au pouvoir entend profiter d’un possible boom touristique dans ces îles et elle se rue pour s’accaparer les meilleurs sites. On comprend mieux maintenant pourquoi on a remplacé le fidèle ministre Pierre Houlder par le copain/coquin Naina Andriantsitohaina.

Les va-et-vient à Nosy Be et dans les archipels Mitsio de la famille Rajoelina Rainilainga avec l’émirati Alabbar, propriétaire de la compagnie Emaar Properties et promoteur du gratte-ciel Burj Khalifa, ont beaucoup inquiété la population. Malgré l’interpellation de nombreuses ONG, la mafia Rajoelina et compagnie n’a jamais donné les éclaircissements demandés.  39 associations et membres de la société civile ont fini par écrire directement à M. Mohamed Alabbar. L’original est en anglais, dont ci-après une traduction libre :

« Cher Monsieur le Président,

Ayant appris par les médias votre actuelle visite à Nosy Be, nous, organisations de la société civile soussignées, vous adressons nos salutations.
Les médias nous ont également informés que lors de votre séjour, vous envisagez de rencontrer le président de la République de Madagascar, Andry Rajoelina, pour finaliser un accord concernant l’archipel de Nosy Mitsio.
L’objet de ce message est de souligner qu’à Nosy Mitsio, qui est la plus grande île de l’archipel, vivent plus d’un millier de personnes, hommes, femmes et enfants, qui sont des êtres humains au même titre que vous et nous, et que leurs droits humains fondamentaux doivent être respectés.
À notre connaissance, les communautés qui vivent sur l’île n’ont jamais été clairement ou officiellement informées du projet touristique proposé, évoqué dans les médias par les autorités de l’État et très probablement discuté avec les investisseurs.
Ces autorités n’ont jamais organisé de rencontre avec les fokonolona – les communautés locales de cette île – malgré l’importance cruciale accordée au dialogue et à la concertation dans les coutumes et traditions malgaches. En outre, les principes juridiques internationaux exigent une information préalable et le consentement des communautés touchées par les projets d’investissement.
Il est possible que les responsables de l’État concernés hésitent à informer les communautés de Nosy Mitsio, sachant leur possible opposition ferme à la marchandisation de leurs terres et de leur île.
De plus, la loi nationale malgache interdit la vente d’îles et la location de la zone côtière de 25 mètres sur tout le territoire national.

Nous soutenons fortement les habitants de Nosy Mitsio :

  • en défendant les terres héritées de leurs ancêtres, qui constituent leur principal moyen de subsistance ;
  • à préserver leur culture et à sauvegarder les progrès qu’ils ont réalisés dans leur cheminement vers le développement durable.

Faisant appel à votre sagesse et à votre humanité, nous vous présentons, Monsieur le Président, nos salutations les plus respectueuses.

20 décembre 2024 »

Une lettre qui a peut-être refroidi les ardeurs du prince émirati, et dont se serait bien passé la mafia.

Amporaha

Ce très beau site se trouve au nord de Nosy Be, en face d’Andilana. Une publication intitulée « Spoliation d’investisseurs étrangers à Madagascar ! Un de plus ! » circule sur le Net :
Une concession sur la réserve foncière touristique Amporaha aurait été accordée en 2008 aux époux Lavergne. Depuis 2024, ils ont chargé le couple Belgo-Malagasy, les époux Verly de la rénovation du site et de la régularisation de la situation administrative du site. Les travaux avaient commencé en septembre 2024.
Le 19 décembre 2024, un courrier rédigé par le Secrétaire Général du Ministère du Tourisme et par la Directrice des Affaires Juridiques a été adressé aux « occupants illicites et illégaux des lieux » et les enjoignant de quitter immédiatement le site, a été reçu par les époux Verly.
Le 6 janvier 2025, « sur ordre des plus hautes autorités », un jet privé de la compagnie d’aviation TOA appartenant à Mamy Ravatomanga alias PB, a été chargé de les ramener manu militari à Tana.
Le site fut perquisitionné, ainsi que le domicile de la femme Ericka Ramamdimbinirina compagne ou épouse Verly.
Après 4 jours de garde à vue, David Verly et son collaborateur Fiderana Andriamampiray ont été accusés d’occupation illicite, de corruption de fonctionnaires, de blanchiment de capitaux, d’importations illicites… Depuis, ils sont en détention préventive à Antanimora.

                                

Voilà comment fonctionne notre Justice, et elle ne peut plus être considérée comme le rempart de la démocratie.
Comment faire confiance en cette Justice quand on voit que le Président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature, supposé être le garant de l’indépendance de la justice, viole lui-même allègrement la Constitution ?
Par une simple communication du ministre des forces armées, le conseil des ministres a approuvé l’envoi en RDC d’une mission de médecins militaires malagasy.

Pourtant, selon l’alinéa 3 de l’article 56 de la Constitution  » Le Président décide en Conseil des ministres de l’engagement des forces et des moyens militaires pour les interventions extérieures, après avis du Haut Conseil de la Défense nationale et du Parlement« .
On ne sait pas si le Haut Conseil de la Défense Nationale et le Sénat ont été consultés. En tout cas, selon Siteny le chef de l’opposition à l’Assemblée nationale, les députés ne l’ont pas été et la prise de cette décision serait donc purement et simplement un viol de la Constitution par le chef suprême des Armées.
Mais chut ! Une note datée du 29 janvier 2025 enjoint les membres des Forces de Défense et de Sécurité de la fermer. Notamment sur les réseaux sociaux Facebook, Instagram, Twitter… Les pointillés se référant probablement aux TikTok et autres.

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