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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Manipulation de la Loi et Muselage de la Presse : L’Affaire de la Gazette de la Grande Île et Lalatiana Andriatongarivo

La gazette de la grande île
14/02/20254 minute read

À Madagascar, la liberté d’expression est un droit inscrit dans la loi, mais en pratique, elle est souvent bafouée par des manœuvres politiques et judiciaires visant à faire taire les voix dissidentes. L’un des cas les plus emblématiques de cette dérive est celui de Lola Rasoamaharo, PDG du journal La Gazette de la Grande Île, et de la fermeture orchestrée de ce média indépendant.

Une Presse Libre et Gênante pour le Pouvoir

La Gazette de la Grande Île était le dernier bastion d’une presse véritablement indépendante à Madagascar. Contrairement à d’autres journaux financés par des partis politiques, des entreprises ou des ONG, il fonctionnait uniquement grâce aux contributions de ses actionnaires, dont Lola Rasoamaharo. Cela garantissait une liberté éditoriale rare dans le paysage médiatique malgache, permettant à ce journal de publier des enquêtes et des révélations susceptibles d’embarrasser le régime en place.

L’un des articles les plus explosifs publiés par La Gazette de la Grande Île concernait la nationalité de Radomelina. Selon cet article, il a acquis la nationalité française en 2014, perdant ainsi sa nationalité malgache. Une révélation qui a eu des implications politiques majeures, remettant en question sa légitimité à diriger le pays.

Un Contournement de la Loi pour Éliminer un Adversaire

Officiellement, Madagascar a dépénalisé le délit de presse, ce qui signifie qu’aucun journaliste ne peut être emprisonné pour un article publié. Cette mesure, censée protéger la liberté d’expression, est cependant contournée par des manœuvres plus insidieuses, comme l’utilisation de chefs d’accusation étrangers à la presse pour faire taire les journalistes dérangeants.

Dans le cas de Lola Rasoamaharo, le régime a trouvé un prétexte parfait pour l’éliminer sans attaquer directement le journal. Une plainte a été déposée contre lui par Brigitte Razaka, une femme ayant acheté un terrain lui appartenant. Celle-ci l’a accusé de tentative d’extorsion de fonds lorsqu’il a simplement demandé le paiement de son bien. Une affaire qui, en d’autres circonstances, aurait pu être réglée par une procédure civile ou un accord à l’amiable. Mais dans un pays où la justice est largement corrompue et manipulable, cette accusation a été exploitée pour aboutir à une condamnation sévère de sept ans de prison ferme.

Lalatiana Andriatongarivo, figure influente du régime et ministre de la Communication de l’époque, n’a pas ordonné la fermeture directe du journal. Mais en orchestrant cette opération par des voies détournées, elle a contribué à museler un média dérangeant sans enfreindre directement la loi sur la dépénalisation du délit de presse.

Une Stratégie Imparable : Couper les Ressources Financières du Journal

Avec Lola Rasoamaharo en prison, l’actionnaire majoritaire de La Gazette de la Grande Île disparaissait du paysage. Sans ses fonds personnels pour financer les opérations du journal, celui-ci s’est retrouvé dans l’incapacité de fonctionner. Plus de 80 employés ont perdu leur emploi, et un des derniers organes de presse indépendants du pays a dû mettre la clé sous la porte.

Lalatiana Andriatongarivo, figure influente du régime et ministre de la Communication, n’a pas ordonné la fermeture directe du journal. Mais en orchestrant cette opération par des voies détournées, elle a contribué à museler un média dérangeant sans enfreindre directement la loi sur la dépénalisation du délit de presse. Une stratégie bien rodée qui illustre comment le pouvoir en place manipule les institutions judiciaires et économiques pour museler toute opposition.

Un Signal d’Alerte pour la Liberté de la Presse à Madagascar

L’affaire de La Gazette de la Grande Île met en lumière une tendance inquiétante à Madagascar : la répression des voix critiques par des moyens détournés. Si un journal aussi influent a pu être réduit au silence, qu’en est-il des journalistes indépendants, des blogueurs ou des citoyens qui osent dénoncer les abus du régime ?

La liberté d’expression est un pilier essentiel de toute démocratie. Mais lorsque les dirigeants manipulent la justice pour faire taire les médias indépendants, c’est l’ensemble du peuple malgache qui perd une précieuse source d’information et de vérité. L’affaire Lola Rasoamaharo restera un exemple criant de la manière dont la liberté de la presse peut être étouffée sans que la censure ne soit officiellement proclamée.

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