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Le Journal de l'île Rouge
Société

Une Répression Silencieuse : La Gazette de la Grande Île fermée, plus de 80 journalistes au chômage

La gazette de la grande île
17/02/20253 minute read

La liberté de la presse à Madagascar a subi un coup fatal avec la fermeture de La Gazette de la Grande Île. Cette disparition ne se limite pas à la suppression d’une voix indépendante, mais entraîne aussi une crise sociale grave : plus de 80 journalistes et employés se retrouvent aujourd’hui sans emploi. Une manière détournée et redoutable de museler la presse, orchestrée par le régime en place.

L’Ultime Bastion de la Presse Libre

La Gazette de la Grande Île était l’un des derniers journaux véritablement indépendants de Madagascar, financé par ses actionnaires, dont Lola Rasoamaharo, et non par des intérêts politiques ou économiques. Ce journal était l’un des rares à oser publier des enquêtes critiques sur le régime, notamment sur la naturalisation française d’Andry Radomelina.

Cette liberté de ton dérangeait, et le pouvoir en place a cherché un moyen d’éliminer cette voix dissidente sans enfreindre directement la loi. La stratégie choisie ? Une instrumentalisation de la justice.

Une Tactique Sournoise pour Contourner la Loi

Officiellement, la loi malgache dépénalise le délit de presse. Une attaque directe contre le journal aurait donc été trop voyante. Lalatiana Andriatongarivo, ministre de la Communication, a donc adopté une approche plus insidieuse : neutraliser la source de financement du journal.

Lola Rasoamaharo, actionnaire principal du journal, a été accusé de tentative d’extorsion de fonds par Brigitte Razaka, une acheteuse d’un de ses terrains. Une accusation montée de toutes pièces qui a abouti à une condamnation de sept ans de prison. Privé de son principal financeur, La Gazette de la Grande Île s’est retrouvée en faillite, contrainte de cesser ses activités.

Des Journalistes Réduits au Silence

Au-delà de la disparition du journal, ce sont plus de 80 journalistes et employés qui ont été jetés au chômage. Ces professionnels constituaient le dernier rempart contre une presse entièrement soumise au régime. Aujourd’hui, à l’exception des correspondants de médias étrangers comme France 24, Madagascar ne compte plus de presse locale véritablement indépendante.

Cette situation illustre une autre facette de la répression : plutôt que d’emprisonner des journalistes, le pouvoir choisit de les priver de leur moyen d’existence. Un muselage économique qui s’avère tout aussi efficace qu’une censure directe.

Un Avenir Sombre pour l’Information

Avec cette fermeture, le régime envoie un message clair : toute voix dissidente sera écrasée, directement ou indirectement. La peur s’installe chez les journalistes restants, qui doivent désormais choisir entre l’autocensure et le risque de représailles.

La disparition de La Gazette de la Grande Île n’est pas seulement une perte pour la presse, mais aussi pour la démocratie et le droit du peuple à une information libre et impartiale. En mettant ses journalistes au chômage, le régime a non seulement éteint une voix, mais aussi dissuadé toute velléité d’indépendance dans les médias restants.

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