Antananarivo – Sommet de la COI : un moment de vérité.
Ce n’est pas tous les jours qu’un chef d’État africain, en pleine tribune internationale, prend la parole pour remonter les bretelles à Emmanuel Macron — avec ironie, dignité, et une clarté politique rare. Et pourtant, c’est exactement ce qu’a fait Azali Assoumani, Président de l’Union des Comores, lors de son discours au sommet de la Commission de l’Océan Indien (COI) tenu à Antananarivo.
Sans détour, le président comorien a réaffirmé la position de son pays : Mayotte est comorienne, point barre. Il n’a pas mâché ses mots. Face aux caméras, aux dirigeants présents, et à la France représentée de manière directe ou indirecte, il a rappelé que le droit international est clair, que les résolutions de l’ONU soutiennent les Comores, et que la France, malgré son statut de membre permanent du Conseil de sécurité, ne peut pas écraser cette vérité sous un vernis juridique fabriqué à coups de référendums controversés et de manipulations diplomatiques.
Et cerise sur le gâteau : l’évocation ironique de son “professeur” Louis de Funès. Un clin d’œil mordant pour dire, je ne tomberai pas dans la provocation. Une manière subtile, mais percutante, de démontrer que le calme et l’humour peuvent être des armes redoutables face à l’arrogance postcoloniale.
Pendant ce temps, Andry Rajoelina, président malgache, lui, fait le dos rond. Pire : il courbe l’échine devant la France, dont il est lui-même citoyen, un détail qui ne passe plus auprès d’une partie grandissante de la population malgache. Car pendant que le président comorien se bat bec et ongles pour une île isolée comme Mayotte, les Îles Éparses, pourtant reconnues par l’ONU comme faisant partie intégrante de Madagascar, sont toujours l’objet de « discussions » stériles avec Paris.
On discute de quoi, exactement ? De la manière dont la France va continuer à gérer unilatéralement ces territoires malgaches ? De comment diluer l’affaire dans des “coopérations environnementales” pendant que le pays perd une partie de sa souveraineté maritime ? Durant qu’on laisse passer les décennies, la France installe des bases météo, contrôle des zones économiques exclusives riches, et Rajoelina lui, ferme les yeux, baisse la tête et tend la main.
Rajoelina, c’est l’anti-Azali. D’un côté, un président comorien qui n’a pas peur de dire merde aux puissances coloniales, qui parle au nom de son peuple, qui ose. De l’autre, un président malgache qui se tait, tergiverse, négocie l’indiscutable, et préfère caresser la France dans le sens du poil au lieu de défendre l’intégrité de son propre pays.
Alors oui, Azali Assoumani a montré ce que c’est qu’avoir des couilles en politique. Il a rappelé à tous que la souveraineté ne se quémande pas, elle se revendique haut et fort. Et ce jour-là, à Antananarivo, ce n’était pas Rajoelina, l’homme du moment. C’était Azali, le Comorien, qui a dit tout haut ce que beaucoup de Malgaches pensent tout bas.
Et pendant que Macron garde son aplomb diplomatique, qu’il parle de “dialogue”, les îles se perdent, la mer se rétrécit, et la mémoire des ancêtres s’efface doucement sous les drapeaux tricolores.
Mais au moins, cette fois, quelqu’un a parlé. Et pas n’importe comment.
Respect, Président Azali.