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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Les damnés de Thiaroye, les suppliciés de Madagascar et la falsification de l’épopée gaullienne : chronique d’une indignité méthodique.

La gazette de la grande île
27/04/20254 minute read

À l’ombre des fastes orchestrés pour travestir l’humiliation en épopée, l’histoire officielle française érige en mythologie ce qui ne fut que débâcle et parjure. En vérité, la France, cette sentinelle de pacotille, capitula en quarante jours, livrant ses armes, son sol et son âme à l’occupant, mendiant dans l’ombre une improbable rédemption qu’elle ne devait jamais conquérir seule.

Ce fut, une fois encore, l’Afrique suppliciée qui prêta son sang et ses bras : du Sénégal au Tchad, du Maroc à Tunisie, du Dahomey à la Haute-Volta, de la Mauritanie au Congo, et jusqu’à Madagascar, dont les enfants arrachés aux rizières vinrent grossir les cohortes des sacrifiés. Aux débarquements de Provence, ce furent eux, les tirailleurs, exposés en première ligne, chair à canon désignée, afin d’épargner les précieuses troupes métropolitaines, blanches de peau et d’arrogance.

L’indignité suprême advint lorsque, le glas de la guerre sonné, De Gaulle, tributaire de ces combattants invisibilisés, interdit leur présence aux cérémonies de la victoire sur les Champs-Élysées, réservant l’auréole de la libération aux seuls enfants d’une République sélective dans sa gratitude.

Mais que dire de l’ultime félonie, du massacre froidement orchestré à Thiaroye en 1944, lorsque des vétérans africains, réclamant leur solde, furent passés par les armes ? Que dire de l’opération méthodique de “blanchiment” des armées coloniales, pour satisfaire l’obsession raciale des élites occidentales, tout en travestissant les libérateurs en anonymes dispensables ?

Et que dire enfin de Madagascar, île martyre, conquise à la baïonnette en 1896, ravagée par les travaux forcés, les réquisitions, les déportations, puis en 1947, dévastée par l’insurrection sanglante où, en quelques mois, l’armée française noya dans le sang près de 100 000 âmes insurgées, exterminées au nom de l’ordre colonial ?

Comment taire l’exploitation effrénée de ses richesses : la vanille, le nickel, l’or, les hydrocarbures, aujourd’hui encore pillés sous des concessions iniques, pendant que la France, insatiable prédatrice, refuse de restituer à la Grande Île les Îles Éparses, ces fragments d’archipel confisqués, clefs de voûte stratégiques de la souveraineté maritime malgache ?

L’histoire est tissée de forfaitures.

La “cristallisation” des pensions militaires, en abaissant les vétérans africains au rang de citoyens de seconde zone ;

L’usage cynique des soldats noirs comme chair sacrificielle dans toutes les offensives périlleuses ; L’érection d’une fiction historique où l’Afrique n’est qu’un figurant effacé du récit gaullien ; et l’asservissement économique permanent imposé aux anciennes colonies sous couvert de “coopération” : tout cela compose le tableau réel, effroyablement cohérent, de la domination française.

Ce ne sont point des “accidents” isolés, ni des “erreurs de parcours” comme feint de le prétendre la rhétorique de l’excuse tardive.

C’est une architecture froide, préméditée, implacable.

À l’heure où nos sous-sols recèlent plus de 98000 milliards de dollars en minerais, pétrole, cobalt, uranium, terres rares ;

à l’heure où nos côtes abritent des trésors offshore convoités par toutes les grandes puissances ; il est criminel de laisser ces ressources enrichir les palais d’Outre-Loire, pendant que nos enfants meurent d’ignorance, de maladie et de misère.

La Chine, la Russie, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil tendent aujourd’hui d’autres mains, pour construire sans chaînes.

Notre riposte ne saurait plus être suppliante : elle doit être tectonique.

Que le Sahel insurgé, que l’Afrique équatoriale, que les rizières malgaches, que les côtes somaliennes s’embrasent d’une même fureur rédemptrice !

Nous devons bâtir nos propres écoles, nos propres mines, nos propres armées.

Nous devons forger nos alliances non plus sur le langage de la soumission, mais sur l’axiome de la souveraineté intégrale.

Jeunesse d’Afrique, jeunesse de l’Océan Indien, Que Thiaroye soit notre Marignan ! Que Madagascar 1947 soit notre Valmy !

Car il n’y aura pas de seconde chance : l’avenir ne se négocie pas — il se conquiert.

 

Source : Tchad indépendant

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