Chronique noire d’un royaume pourri : quand l’État devient une épicerie de mafieux en veste repassée.
Parce qu’à Madagascar, la presse libre est traquée comme un gibier, parce que le moindre mot contre le régime vaut censure, intimidation ou disparition programmée, Tchad Indépendant a pris le serment de parler à la place des bâillonnés. Ce texte n’est pas une chronique : c’est un cri. Un écho jeté depuis N’Djamena vers Antananarivo, en solidarité avec les journalistes, les intellectuels et les citoyens qui suffoquent sous la chape de plomb d’un pouvoir devenu sépulcre.
À quoi reconnaît-on une République gangrenée ? À ses ministres ventriloques, à ses préfets dilués dans la pourriture, à ses directeurs devenus marchands de terres volées et de silence tarifé. À Madagascar, l’État n’est plus qu’un marché noir déguisé en palais présidentiel, une foire à la trahison nationale où l’on échange la dignité contre quelques sacs de riz moisi.
Il ne s’agit plus de corruption, mais de cannibalisme institutionnalisé. La vermine n’est plus sous les tables : elle siège dans les fauteuils. Et dans ce théâtre tragique, le comédien suprême, grimé en homme d’État, joue à l’homme providentiel tandis que ses sbires bradent la nation au kilo, à la tonne, à l’once.
Des riz avariés, importés pour nourrir les ventres vides, distribués sciemment aux populations affamées : voilà l’œuvre d’un pouvoir pour qui l’humanité est un détail. À Mahajanga, le poison est devenu ration alimentaire, et ceux qui devaient protéger sont devenus les trafiquants de la mort douce. La misère comme stratégie. Le pourrissement comme programme.
Et ce n’est là qu’une parcelle d’un empire fondé sur la prédation. À Isahafa, les terres destinées au bien commun ont été confisquées par des bureaucrates aux poches pleines et à la conscience vide. Le foncier est désormais la chasse gardée des hyènes administratives. Pendant que le peuple rêve de bâtir une case, les élites se construisent des forteresses sur les cadavres de la justice.
Mais la farce atteint son sommet quand l’une des créatures du trône, prise la main dans la valise, se fait épingler à Londres — non pas pour vol de poules, mais pour négociation clandestine au nom du pouvoir suprême. Une diplomatie de valise, une République de porteurs de mallettes. Le roi est nu, et même ses conseillers finissent derrière les barreaux, à l’étranger, là où la loi n’est pas achetable.
Ce pouvoir n’est plus illégitime, il est illisible. Il ne gouverne pas, il trafique. Il ne sert pas, il siphonne. Il ne représente rien, si ce n’est l’incarnation absolue de la trahison du peuple malgache. Chaque décret signé est une gifle. Chaque silence présidentiel est une insulte. Chaque nomination ministérielle est un code pour enrichissement.
À quand l’insurrection ? À quand l’éveil de la masse qu’on gave de promesses pourries comme le riz de Mahajanga ? À quand le sursaut des dignes, des jeunes, des oubliés, des affamés ? Car ce régime ne tombera pas de honte — il faut le faire tomber. Et le ridicule, lui, ne tue pas : il règne, vêtu d’un costume de carnaval présidentiel, coiffé d’un trône en papier mâché.
L’histoire ne s’écrit pas avec des slogans, elle s’écrit avec des actes. Et bientôt viendra l’heure des comptes. Pas devant les caméras, mais dans la rue, là où les ventres criant famine retrouveront leur voix.
Tchad indépendant