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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Madagascar chute de 13 places dans le classement RSF 2025 : la liberté de la presse asphyxiée sous le régime Rajoelina

La gazette de la grande île
03/05/20253 minute read
Privé de sa direction, harcelé sur le plan administratif et financier, La Gazette de la Grande île n’a pas survécu. Ce n’est pas une fermeture officielle, mais une mise à mort orchestrée par le pouvoir

La liberté de la presse recule à Madagascar, et cette fois, la chute est vertigineuse. Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié ce 2 mai par Reporters Sans Frontières (RSF), la Grande Île perd 13 places, passant de la 100ème position en 2024 à la 113ème en 2025. Une dégringolade inquiétante qui reflète le climat de plus en plus hostile envers les médias, entretenu et aggravé par le pouvoir en place.

Le score global du pays passe de 54,07 à 50,8, confirmant la dégradation de l’environnement médiatique. Si l’indicateur sécuritaire montre une légère amélioration (+0,52 point), tous les autres sont en net recul. L’indicateur politique chute lourdement avec une perte de près de 4 points (de 41,91 à 37,99), faisant passer Madagascar de la 112ème à la 122ème place. L’indicateur économique ne fait guère mieux, reculant de 8 places, tandis que l’indicateur social s’effondre complètement, perdant 25 rangs, ce qui en fait la plus forte régression dans le rapport de cette année.

Derrière ces chiffres se cache une réalité de plus en plus sombre pour les journalistes malgaches. Sous le régime de Andry Rajoelina, la répression de la presse ne cesse de s’intensifier. L’affaire la plus emblématique reste celle de Lola Rasoamaharo, PDG du journal indépendant La Gazette de la Grande Île, arrêté et emprisonné en 2023 sous des accusations controversées et non fondées.

Depuis cette arrestation, La Gazette de la Grande Île a été contrainte de fermer définitivement ses portes, mettant au chômage plus de 80 employés, dont une vingtaine de journalistes. Une disparition brutale qui sonne comme un avertissement glaçant à toute la presse indépendante du pays.

Cette manœuvre judiciaire qui cache un prétexte politique, visait surtout à faire taire l’un des derniers médias critiques envers le régime.

Privé de sa direction, harcelé sur le plan administratif et financier, le journal n’a pas survécu. Ce n’est pas une fermeture officielle, mais une mise à mort orchestrée par le pouvoir.

Pendant ce temps, les pays nordiques caracolent en tête du classement, avec la Norvège (92,31 points), l’Estonie et les Pays-Bas en tête. À l’opposé, l’Érythrée, la Corée du Nord et la Chine ferment la marche, avec des scores inférieurs à 15 points.

La situation à Madagascar, bien qu’encore éloignée de ces extrêmes, s’en rapproche dangereusement. Le recul enregistré cette année doit servir de signal d’alarme, non seulement pour les journalistes et les citoyens malgaches, mais aussi pour la communauté internationale. La démocratie ne saurait prospérer là où la presse est muselée, traquée ou criminalisée.

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