Il y a cinq ans, la Banque mondiale promettait un nouveau souffle à la capitale malgache. Le Projet de Développement Urbain Intégré et de Résilience du Grand Antananarivo (PRODUIR) devait incarner une vision ambitieuse : moderniser, protéger, assainir. Mais aujourd’hui, ce qui devait être un symbole de progrès est devenu le reflet criant d’un échec cuisant.
125 millions de dollars. C’est la somme vertigineuse qui a été mobilisée : un financement initial de 75 millions de dollars via l’Association Internationale de Développement (IDA), auquel se sont ajoutés en décembre 2020 50 millions supplémentaires. Des chiffres qui donnent le vertige, surtout quand on constate ce qu’il en reste : des pierres alignées au bord de l’Ikopa, détournées de leur fonction initiale et transformées… en bassins de lessive géants.
Ces enrochements, censés protéger les berges contre l’érosion et empêcher l’utilisation anarchique du fleuve, n’ont finalement servi qu’à installer plus confortablement les lavandières. La réalité sur le terrain est implacable : aucune amélioration visible, aucune appropriation durable par les riverains, aucune transformation profonde du tissu urbain.
PRODUIR a échoué. Et au lieu d’un Antananarivo résilient, nous avons un miroir de ce que coûte l’inefficacité : des millions de dettes que les générations futures devront rembourser, sans avoir rien reçu en retour. Ni assainissement réel, ni revalorisation des quartiers vulnérables, ni amélioration des conditions de vie promises à grands renforts de jargon technocratique.
Antananarivo étouffe, patauge et subit encore les crues, les déchets, le désordre urbain. PRODUIR n’a rien produit — sinon le sentiment amer d’avoir assisté, une fois de plus, à un détournement déguisé de l’espoir collectif.