Alors que la scène politique malgache est secouée par de vives tensions, les députés de l’opposition Firaisankina convoquent trois ministres du gouvernement pour s’expliquer sur des sujets brûlants. Parmi eux, Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement, est attendu au tournant sur le controversé projet Base Toliara. Un projet minier déjà critiqué pour ses impacts environnementaux et sociaux. Rasata Rafaravavitafika (Affaires étrangères) devra s’exprimer sur la question stratégique et sensible des Îles Éparses, tandis que Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison (Économie) sera interrogée sur les implications de la Loi de Finances rectificative.
Mais au-delà de ces dossiers, une question plus urgente et plus vaste reste cruellement absente de l’agenda parlementaire : celle du projet d’autoroute reliant Antananarivo à Toamasina. Ce chantier titanesque, présenté comme un projet d’envergure pour le développement économique du pays, est en réalité une véritable entreprise de destruction massive de l’environnement malgache.
Une catastrophe écologique programmée
Quitte à convoquer le ministre de l’Environnement, pourquoi ne pas aborder en priorité ce projet d’infrastructure qui menace ce qu’il reste de forêts primaires dans les Hautes Terres et sur la côte Est ? À ce jour, plusieurs milliers d’hectares de rizières fertiles ont déjà été engloutis, tandis que des plaines naturelles sont remblayées à coups de bulldozers. Aucune étude d’impact environnemental crédible n’a été rendue publique, et aucune norme sérieuse n’encadre les travaux. Pourtant, la loi malgache impose des évaluations rigoureuses pour tout projet ayant un impact majeur sur l’environnement.
Un tollé national et international
Des centaines d’organisations environnementales, locales comme internationales, ont déjà dénoncé le projet d’Autoroute de Rajoelina. Elles pointent du doigt son opacité, l’absence de consultations publiques effectives, et surtout son incompatibilité totale avec les engagements environnementaux pris par Madagascar sur la scène internationale, notamment en matière de lutte contre le changement climatique et de préservation de la biodiversité.
Pour un pays qui abrite plus de 5 % des espèces vivantes mondiales, dont une grande majorité endémique, chaque hectare de forêt détruit est une perte irréversible. Et cela, sans parler des conséquences sociales : des paysans expropriés, des écosystèmes effondrés, des bassins agricoles entiers menacés.
Où sont les priorités ?
Il ne s’agit pas de minimiser l’importance des dossiers évoqués par les députés de l’opposition. Mais il est légitime de se demander pourquoi le plus grand projet destructeur de l’environnement des dernières décennies échappe encore à tout débat parlementaire digne de ce nom. Max Fontaine doit s’expliquer, certes — mais d’abord sur l’autoroute, pas seulement sur la mine.
À l’heure où le monde entier parle de transition écologique, Madagascar prend la route inverse — au sens propre comme au figuré.