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Le Journal de l'île Rouge
Société

Déclin des taxi-villes : ce n’est pas un assassinat, c’est un suicide

La gazette de la grande île
02/06/20253 minute read

Depuis quelque temps, les chauffeurs de taxi-villes crient à l’injustice. Ils dénoncent la montée en puissance des taxis électriques, des taxis-motos et autres alternatives modernes qui, selon eux, ont « tué leur métier ». Mais soyons clairs : ce n’est pas la concurrence qui a tué les taxi-villes. Ce sont eux-mêmes qui ont creusé leur tombe. Lentement, mais sûrement.

Pendant des décennies, les taxi-villes ont régné sans partage dans de nombreuses villes. Hormis les bus, ils n’avaient pratiquement aucun concurrent sérieux. Et plutôt que de mettre ce monopole à profit pour améliorer leurs services, ils ont choisi la facilité : l’immobilisme.

Les clients ont été contraints de tolérer un service souvent déplorable. Trop chers, sales, dangereux… Ces taxis ont fini par incarner le pire de ce que peut offrir un transport urbain :

  • Des sièges poussiéreux et pleins de miettes,
  • Des pneus lisses qui explosent en pleine course,
  • Des portières qui ne ferment plus,
  • Des pare-brise fissurés,
  • Des amortisseurs morts qui transforment chaque dos d’âne en calvaire,
  • De l’eau qui s’infiltre à la moindre pluie,
  • Des phares inutiles,
  • Et parfois, de l’essence stockée dans des bidons dans l’habitacle !
  • Des freins qui lâchent

Ajoutons à cela le spectacle bien connu lors des visites techniques : un seul extincteur que les chauffeurs se passent discrètement pour passer la vérification, un contrôle qui ne garantit donc plus rien.

Et pourtant, malgré tout cela, les taxi-villes continuaient de gonfler leurs tarifs, convaincus que les clients n’avaient pas d’autre choix. Ils ont pris leur clientèle pour acquise. Une erreur stratégique majeure.

L’arrivée des taxis électriques et des taxi-motos n’a fait qu’exposer cette négligence chronique. Moins chers, plus propres, plus modernes, ces nouveaux venus ont immédiatement séduit un public lassé d’être maltraité. Le changement a été radical : dès qu’une alternative fiable est apparue, les clients ont fui les taxi-villes en masse.

Aujourd’hui, alors que certains chauffeurs de taxi-ville tentent de redorer leur image, le mal est déjà fait. Ce ne sont plus seulement les véhicules ou les prestations qui sont en cause, mais l’image même du taxi-ville : celle d’un service vétuste, peu fiable, et trop cher. Une image que des années de négligence ont figée dans l’esprit du public.

Ce déclin n’est donc pas le fruit d’un assassinat économique. Il résulte d’un suicide commercial, provoqué par des décennies d’indifférence aux attentes des usagers. Et maintenant que la concurrence est là, les taxi-villes paient le prix fort de leur propre mépris du client.

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