300 bus sont annoncés à Madagascar, officiellement pour moderniser le transport urbain. Mais avant cela, 38 d’entre eux — 26 électriques et 12 thermiques — seront utilisés pour transporter gratuitement les spectateurs des festivités prévues au lac Iarivo à l’occasion de la fête nationale.
À première vue, l’initiative semble louable. Sauf que, comme souvent, la réalité derrière l’opération est bien plus sombre que la peinture neuve des bus.
Un projet politique recyclé
Ces bus, on en parle depuis fin 2022. Rajoelina les avait promis à grand renfort de discours et de communiqués, comme symbole de progrès. Deux ans plus tard, on les annonce en grande pompe, comme une nouveauté, juste à temps pour le 26 juin. Mais selon des sources fiables à Madagascar, les 26 bus électriques sont déjà sur place depuis longtemps. Ils ne viennent pas d’arriver. Ils dorment en silence depuis des mois, voire des années, en attendant leur heure.
Et cette heure, c’est maintenant : l’État va les « acheter » officiellement, avec l’argent du peuple, à une entreprise appartenant à Mamy Ravatomanga.
Joylong, made in Ravatomanga
Les bus électriques sont de marque Joylong, une marque chinoise peu connue, mais bien implantée à Madagascar grâce à un seul homme : Mamy Ravatomanga, homme d’affaires tout-puissant et grand ami du régime. C’est sa société qui distribue Joylong dans le pays. Et c’est à lui que l’État malgache s’apprête à verser plusieurs milliards d’ariary.
Encore une fois, les caisses publiques sont ouvertes pour enrichir un cercle restreint de privilégiés. Aucun appel d’offres transparent, aucune mise en concurrence, aucune explication. Juste une transaction entre amis. Une de plus.
Un peuple usé, une machine bien rodée
À ce niveau de répétition, ce n’est plus une rumeur, ni une surprise. C’est une méthode de gouvernance. Rajoelina promet, Ravatomanga encaisse, et le peuple regarde, impuissant. La colère a laissé place à la lassitude. Plus personne ne s’étonne. Plus personne ne réagit.
Et c’est bien là le problème : cette indifférence fabriquée par l’accumulation de trahisons. Un peuple vidé par la pauvreté, habitué à voir ses dirigeants se servir avant de servir. Les affaires se suivent et se ressemblent, sans conséquences, sans justice.
Une opération toxique sous couvert de modernité
Les 26 bus électriques rouleront. Ils transporteront gratuitement les spectateurs vers le lac Iarivo. Les discours vanteront les mérites de la transition énergétique, de l’innovation, de l’État au service du citoyen. Mais derrière le volant, c’est le clientélisme qui tient le cap.
Et pendant que Ravatomanga empochera des milliards, le contribuable malgache, lui, paiera — encore et toujours.