La Banque mondiale a approuvé le Cadre de Partenariat Pays (CPF) pour Madagascar pour la période 2023-2027 avec pour ambition de « soutenir les efforts du pays en faveur d’une croissance inclusive et résiliente ». Si ces ambitions restent dans les standards des pays de l’Afrique Subsaharienne, la responsable des opérations de la Banque pour Madagascar inscrit le nouveau cadre « dans la continuité de l’engagement à long terme du Groupe de la Banque mondiale » envers le pays.
Pour accroître les opportunités économiques afin de créer des emplois et d’augmenter les revenus, le cadre propose à Madagascar de sélectionner, puis de développer des chaînes de valeur. Le mode d’intervention proposé est la continuation de l’approche de la série de projets des pôles de croissance intégrés (PIC) : soutien direct à des secteurs clés (tourisme, agro-industrie, numérique), plateforme de dialogue politique et amélioration du climat d’investissement. Un point particulier concerne le renforcement des bases de l’économie numérique et la mise en œuvre des réformes en vue de la libéralisation de l’infrastructure numérique, d’une réglementation indépendante et efficace du secteur et de la participation du secteur privé. L’objectif est de contribuer à l’émergence d’un écosystème de start-up numériques par le soutien à l’incubation de nouvelles entreprises numériques, à un élargissement à l’ensemble des segments du secteur de la participation de l’investissement privé, et par le renforcement des capacités des acteurs (incubateurs, universités). Le cadre met en avant la nécessité impérieuse de l’amélioration de l’accès aux services d’infrastructure de base qui ne saurait faire l’impasse sur une priorisation spatiale et tenir compte de l’avantage comparatif entre les régions et les filières d’investissement. Les interventions préconisées doivent contribuer à « améliorer et stabiliser les moyens de subsistance ruraux, stimuler la compétitivité du pays et créer de nouvelles opportunités dans les services tout en renforçant la sécurité alimentaire et la résilience au changement climatique ». Le cadre de partenariat souhaite améliorer les résultats en matière de capital humain en intervenant prioritairement dans l’accès à une éducation et à des services de santé de qualité en privilégiant les populations difficiles à atteindre. Il s’agit en particulier dans le domaine de l’éducation, d’inverser les tendances actuelles à la régression en poursuivant les interventions en cours (petite enfance, résultats de l’apprentissage, qualité des enseignants) et en introduisant l’utilisation d’approches numériques. Le cadre veut contribuer à la promotion de l’autonomisation des femmes et des filles par un accès facilité aux services de soutien en cas de violence basée sur le genre, l’accroissement du nombre de filles au niveau secondaire et l’accès à la contraception. L’approche programmatique multi-phase de la nutrition, actuellement utilisée pour le secteur, sera l’outil de base choisi pour améliorer les systèmes de sécurité alimentaire et réduire les retards de croissance. Les projets du secteur agricole devront tenir de la nutrition comme les projets relatifs à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène prennent en compte la prévalence des retards de croissance et les maladies diarrhéiques pour le ciblage en lien avec les régimes de protection sociale. Quant au renforcement de la résilience et la résistance aux chocs, le cadre quinquennal propose les méthodes déjà en cours de mise en place dans les interventions en cours allant de viser à l’accroissement de l’espace fiscal à la gestion intégrée et participative des ressources naturelles en passant par le renforcement de la gestion des risques et l’appropriation nationale d’une protection sociale plus efficace et mieux ciblée.
Une continuité dans les principes, modes et structures d’intervention, prime donc dans le contenu du cadre de partenariat pays. Est-ce le signal que les interventions du Groupe à Madagascar ont rencontré des succès qui ne nécessitent plus qu’une amélioration ? Ou le constat que leurs effets restent insuffisants pour passer à une autre phase porteuse de plus de croissance ? Il y a sans doute un peu des deux, puisque le cycle de financement doit à la fois rattraper les retards et contretemps de certains projets (éducation, exportation de viande, digitalisation, …) et s’appuyer sur l’accélération actuelle espérée par les réformes de certains secteurs, impulsée par les conditionnalités de déblocage de l’aide budgétaire de 100 millions de dollars (énergie, mines, TIC…). Une lecture exhaustive du document approuvé par le Conseil d’Administration de la Banque nous permettra d’avoir une vision plus éclairée et exhaustive du cadre dans lequel devra évoluer le prochain mandat présidentiel. Ceci quel que soit le choix des électeurs malgaches. Nous y vérifierons en particulier dans quelle mesure ce cadre de partenariat fait référence au Plan pour l’Émergence pour Madagascar, document dont la version officielle définitive n’a toujours pas été publiée à Madagascar. En général, le cadre de partenariat pays mentionne son alignement sur le plan de développement du gouvernement du pays concerné même si un tel alignement peut parfois relever du vœu pieux : le communiqué de presse de la Banque mondiale sur le cas de Madagascar a omis de le faire, se contentant d’insister sur le processus classique de son élaboration en citant le diagnostic systématique du pays (SCD) et le diagnostic du secteur privé du pays (CPSD). Nous nous efforcerons de mettre à la disposition de nos lecteurs le contenu de ce document afin qu’aucun candidat aux élections présidentielles ne puisse tromper les électeurs en transformant les engagements actés par la Banque mondiale en « velirano » version 2023.