L’ordre du jour du Conseil des Ministres de ce mercredi 3 mai est un véritable inventaire à la Prévert . Passons sur le fait que le compte-rendu s’est cru obligé de rapporter in extenso les félicitations adressées par Monsieur le Premier Ministre au tout nouveau meilleur bâtisseur d’infrastructure de l’Afrique, Andry Nirina Rajoelina, accessoirement Président de la République de Madagascar.
Comme dans un grand magasin parisien réouvert en 2021après une longue rénovation, on « trouve de tout » dans ce texte.
Commençons par un bon point : un seul limogeage – celui du directeur de la communication du Ministère chargé de l’eau – et peu de nominations (4) au lieu de la litanie hebdomadaire… La nomination de Monsieur Rasolondraibe Tsiresy à la Présidence du conseil d’administration Fonds Souverain n’est pas à décompter dans ces 4 décrets. Le communiqué nous retraçant longuement le parcours du nouveau Président d’une entité placée sous haute surveillance par les bailleurs de fonds traditionnels qui craignent que des ressources revenant normalement au budget de l’ Etat ne soient distraites au profit du Fonds, échappant ainsi au contrôle parlementaire et aux règles de gestion des finances publiques. Les membres du conseil d’administration y compris Monsieur Rasolondraibe du Fonds Souverain avaient été nommés 38 semaines plus tôt lors du Conseil des Ministres du 10 août 2022. Si le TGV adopte la même allure d’escargot pour la finalisation des infrastructures et de l’organisation des Jeux des Iles, autre sujet largement rapporté par le compte- rendu, l’estimation du presque candidat Siteny quant aux chances pour Madagascar d’accueillir ces jeux, 2%, risquent d’être une estimation très optimiste. D’autant que, l’Omni-Président qui a le souci du détail a signifié à ses ministres qu’ils devraient effectuer des achats groupés afin de diminuer les coûts ! Nous aurions aimé avoir le même souci de sa part pour le cas d’une résiliation de contrat après désistement en février 2023 d’une entreprise pour la construction des universités régionales du Vakinankaratra et d’Anosy. Le Conseil endosse ainsi les fonctions de la Personne Responsable des Marchés Publics du Ministère concerné. Peut-il le faire efficacement pour l’ensemble des marchés publics? Nous nous permettons de penser que non, ne serait-ce qu’en observant les perturbations persistantes dans le paiement des arriérés dus aux entreprises titulaires de marché financé par le Fonds Routier. Mais puisque le Conseil s’est substitué au PRMP, nous aurions aimé savoir pourquoi ces chantiers commencés respectivement en juin 2021 et juillet 2022 n’ont pas été menés à bon port et quelles sont les responsabilités impliquées dans cet échec ainsi que les sanctions éventuellement prises.
Le Conseil des Ministres est devenu un lieu où il est traité de tout et de rien. Les projets de loi sur les coopératives et l’accord de coopération économique avec le Royaume Uni y trouvent naturellement leur place comme actes de gouvernement comme peut l’être à la rigueur une communication sur un projet appuyant la décentralisation financé par la KFW. A la rigueur toujours, la décision d’appeler sous les drapeaux 4000 conscrits pour 2 ans peut être portée à l’appréciation du Conseil, mais faut-il que le Conseil statue pour chaque lieutenant que l’Armée envoie en stage? Les actes administratifs les plus courants sont dans l’ordre du jour dès qu’ils touchent le voisinage de la sphère présidentielle. Et va pour une autorisation de remblayer à Amoronakona pas très loin de la gare routière Fisandratana construite par le précédent régime et laissé en friche. Et va pour la prise en charge par le budget de l’Etat des frais et droit de douanes pour treize kits d’analyse d’eau: eh oui 13 ! Même chose pour le matériel destiné à la construction d’une ligne du téléphérique: devinez la couleur de la ligne ! A ce stade, la communication sur la réception d’une vedette rapide offerte par la JCA à Ambilobe début juin et le paiement des arriérés dus à l’oprateur Airtel pour l’utilisation de la ligne verte 913 pour le Covid 19 apparaissent comme des sujets de premier plan. Tant il est vrai que l’année est électorale et qu’il est rare ces temps-ci que l’Etat règle ses dettes.
N’oublions surtout pas que le Ministère chargé de la Santé Publique a été autorisé à engager les formalités administratives pour la construction d’un hôpital « manara-penitra » à Mananara Nord.
Dans cet inventaire à la Prévert, il ne manque décidément que les ratons laveurs.
