L’ambition du Président Andry Rajoelina est de devenir champion dans tous les domaines, d’après ces déclarations lors du 33e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine à Addis-Abeba en février 2020. C’était clair aux yeux des partenaires.
Les partenaires techniques et financiers ont bien compris que porté le titre de « Président de la République” est la seule source de motivation durable de Monsieur Andry Rajoelina. Certains d’entre eux utilisent la récompense de « Champion » de ceci ou de cela… Comme levier pour obtenir efficacement des résultats concrets de leur agenda politique pour le développement. Ils ont compris que pour être motivé le Président Andry Rajoelina doit se sentir investi d’une mission et plus particulièrement la réussite de l’agenda pour le développement. La remise de trophée à Monsieur le Président Andry Rajoelina devrait alors le pousser à fournir de bonnes performances dans le ou les secteurs en question.
Ce serait la raison principale pour laquelle, en 2020, le Président Andry Rajoelina a été récompensé lors du 33e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernements de l’Union africaine à Addis-Abeba, dans la lutte contre la malnutrition. En 2022, la Banque Africaine de Développement et la Fondation américaine Big Win Philanthropy, ont récompensé le Président Andry Rajoelina en marge du sommet USA-Afrique en le désignant champion de la nutrition et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) lui a remis le trophée du champion de l’industrialisation en Afrique en 2022. Et récemment, Il a reçu le Trophée Babacar Ndiaye des « Africa Road Builders », une récompense parrainée par le Groupe de la Banque africaine de développement, décerné par Acturoutes, une plateforme d’information sur les infrastructures et le réseau routier en Afrique.
Madagascar, a-t-il amélioré depuis les performances dans le secteur de la nutrition, de l’industrie et de la construction routière, objet de la remise des trophées susmentionnés ? Les motivations de la Banque Africaine et de l’ONUDI ont elles porté ses fruits ? Les résultats sont là. Soyons justes, honnêtes et concrets et arrêtons la manipulation de l’opinion :
Selon les statistiques, la situation nutritionnelle des enfants à Madagascar demeure encore très précaire et structurellement fragile : plus de la moitié des enfants de moins de 5 ans souffrent encore de problèmes de malnutrition. La majorité des malagasy est en train de constater une dégradation de la situation de leur sécurité alimentaire, combiné avec le contexte mondial qui affecte l’inflation et le pouvoir d’achat des ménages malagasy. La faiblesse des récoltes due au changement climatique et d’un politique agricole inadéquate contraindront la population à s’approvisionner sur les marchés assez précocement. Ils ne seront pas à l’abri des prix qui seront très volatiles. Les ménages mettront en place des stratégies alimentaires et de crise et parfois d’urgence, basées sur les quelques moyens d’existence productifs à leur disposition. Ainsi, des millions de malagasy sont susceptibles d’être en insécurité alimentaire élevée donc mal nourrie. « Avoir une bonne nutrition » est encore un grand défi pour la majorité des Malagasy pourtant, c’est la base du bien-être humain qui contribue à résoudre les problèmes de pauvreté, de santé et d’éducation.
Notre production industrielle s’est-elle réellement améliorée depuis ? Malgré une modeste reprise économique après la dernière crise politique du pays, le taux de croissance de notre production intérieure par habitant a été en moyenne à peine supérieur à 0 % par an selon les statistiques. Une bonne gouvernance, lisible pour le secteur privé demeure à être mise en œuvre effectivement et efficacement. Tous les rapports de différentes institutions nationales et internationales sur le développement de l’industrie par le secteur privé à Madagascar ont mentionné l’absence d’une bonne lisibilité de l’environnement des affaires. Pas de lisibilité sur la bonne gouvernance, pas d’industrie.
En ce qui concerne notre réseau routier à Madagascar, l’épine dorsale de notre réseau de transport (plus de 90 % du volume total de marchandises et de passagers) est dans un état précaire. Sur les 6 000 km de routes goudronnées, plus de 50 % sont dans un état passable à mauvais (et en particulier la RN2, la RN4, la RN6 et la RN7), nécessitant des actions urgentes ; et plus de 75 % de nos routes régionales et locales sont en mauvais état. Avant 2010, l’entretien routier a fonctionné grâce à des financements stables et substantiels collectés par le Fonds d’Entretien Routier. Depuis 2010, l’entretien a été quasi inexistant, l’argent du Fonds d’Entretien Routier a été alloué ailleurs et si aujourd’hui le peu du réseau national est en état bon à moyen, c’est probablement grâce au programme de réhabilitation financé par l’aide extérieure qui par la force des choses s’apparente à un cycle vicieux « construction – manque d’entretien – reconstruction ». Grâce à un financement de la Banque mondiale et autres partenaires financiers, la reconstruction est en train d’être replanifiée depuis ces derniers mois.
Certes, les institutions internationales utilisent à fond actuellement la communication pour défendre leur réputation et booster leur agenda politique de développement conformément aux objectifs de développements durables, mais des fois malheureusement, la distribution de certains trophées n’ont qu’un objectif de communication intéressé. Comme à Madagascar par exemple, la guerre de communication de personnalités politiques sur des titres mal acquis montre le niveau de moralité non-exemplaire, indigne d’une personnalité supposée montrée la sagesse aux yeux de la majorité. Heureusement que tous les Malagasy ne soient pas tous des nuls pour accepter une telle pratique de désinformation. La manipulation de l’opinion avec les pratiques de désinformation ne sert pas l’intérêt général. Soyons justes, honnêtes et concrets pour l’intérêt général.