Le prochain président est vraiment à plaindre, car il aura énormément à faire pour redresser le pays. Tant l’héritage laissé par Vozongo Menasofina s’avère nettement négatif sur tous les plans.
Rien que pour la dette publique totale laissée à son successeur, elle s’élève à 5,7 milliards de dollars, soit une augmentation de 39% de fin décembre 2018 à fin mars 2023. Pour la même période, le PIB n’aura augmenté que de 8,6%.
Ces chiffres synthétisent le bilan financier du régime Vozongo Menasofina. Résultat d’une politique économique désastreuse se résumant en ces projets présidentiels manara penitra, conformément aux fameux Velirano.
Tout va à vau l’eau et les yeux se tournent vers les militaires, seuls espoirs pour restaurer la discipline et le respect des lois, conditions sine qua non d’un début de redressement du pays.
L’épisode « fuite des sujets du Bacc » n’aura été que la partie émergée de l’iceberg corruption.
Peu de gens ont par exemple entendu parler du concours 2023 pour des officiers et commissaires de police. 9 candidats qui ne s’étaient même pas présentés aux épreuves écrites, ont été admis à se participer aux épreuves orales. De futurs fonctionnaires chargés d’appliquer la loi et de traquer les voleurs, les tricheurs, les corrupteurs… ! Quelle crédibilité leur accorder dans leur future mission ? Et le ministre de la police, le premier ministre et Vozongo Menasofina restent muets !
Madagascar est tombé bien bas et même si on a touché le fond depuis longtemps, on continue de creuser pour descendre encore plus profondément.
Plus d’éthique dans aucun domaine de la vie quotidienne.
Alors, éthique morale ou politique ? C’est quoi ? Un chef d’Etat malagasy en exercice qui avait osé quémander la nationalité française ? Et il avait osé cacher cela pendant 9 ans à la population malagasy ? Et il ne s’est même pas donné la peine jusqu’ici de s’en excuser ? Se faisant plutôt applaudir par des Ampanjaka convoqués pour la circonstance et pire, par des généraux en tenue !
En 2016 au japon, le ministre de l’énergie est resté incliné pendant 20 minutes devant la population d’une petite ville à cause d’une coupure d’électricité qui a duré 20 minutes.
L’aspect juridique de la perte de nationalité est importante, mais cette question ne saurait être réduite à ce point. La perte de confiance en la probité de Rajoelina le disqualifie pour la conduite des affaires de l’Etat.
En 2017 à Taïwan, le ministre de l’économie a dû démissionner après une panne d’électricité, due à une erreur humaine lors d’une opération de maintenance.
Hélas à Madagascar, vous ne verrez pas la ministre de l’enseignement supérieur ou le ministre de la police démissionner après les bavures citées supra.
Peut-on, par exemple, continuer à faire confiance à un régime qui méprise ouvertement les artistes malagasy et préfère faire appel à des Chinois pour la chorégraphie prévue pour les cérémonies d’ouverture des jeux des îles ? Même le député artiste Rossy, qui a depuis toujours soutenu Vozongo Menasofina, a fini par s’en offusquer !
Cela ne leur suffit pas d’avoir à leur côté les Vazaha Patrick Rajoelina, Gérard Perceau, Philippe Tabuteau ? Ou Thierry de Bailleul à la tête de Madagascar Airlines ? Et bientôt d’un autre expatrié à la tête de la Jirama ?
Cela ne leur suffit pas de vendre nos îles (Nosy Sakatia, Nosy Kismany, Nosy Ankao etc..) ? Peut-être vaut-il mieux que pour l’instant, les îles éparses restent sous la souveraineté française ? Sinon, Vozongo Menasofina aura tôt fait de les louer sous bail emphytéotique ?
Quant à l’armée, symbole de l’indépendance d’un pays, des militaires qui acceptent sans broncher d’avoir comme chef suprême un Vozongo Menasofina ayant la nationalité de l’ancien colonisateur ! Quelle honte !
Plus encore, ces forces de « l’ordre » empêchent les civils, qui subissent ce président Vozongo Menasofina, de manifester pour réclamer son départ immédiat.
Soldats, certes il y a le principe d’obéissance hiérarchique, mais les militaires doivent également faire appel à leur conscience et ne pas obéir aveuglément à un ordre manifestement illégitime.
Hélas, le sursaut d’orgueil de l’armée ne proviendra très probablement pas des généraux qui ne mordront pas la main qui les nourrit, et ne toucheront pas le chef d’Etat à qui ils doivent leur grade de général.
Par exemple au Mali, ce sont des colonels qui ont mené la lutte pour la prise du pouvoir. Au Burkina Faso, après la prise du pouvoir par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, c’est le capitaine de 35 ans Ibrahim Traoré qui a pris la suite.
En 2009, c’étaient les commandants Lylison et Charles qui étaient parmi les meneurs.
Actuellement, de nombreux politiciens parlent d’un « gouvernement d’union nationale de transition » même si certains essaient d’utiliser un autre terme comme « gouvernement d’entente nationale intermédiaire ». TEN, GENIE etc…
Peu importe la dénomination si c’est un passage obligatoire pour aller vers un meilleur futur.
Il nous semble qu’il est nécessaire de commencer par rétablir la discipline à tous les niveaux, faire respecter la loi et notamment par les hauts dirigeants, lutter efficacement contre la corruption et l’insécurité. On aura même sans doute besoin d’une certaine dose de dictature.
On ne peut pas compter sur les politiciens pour la mise en œuvre de ces conditions minimales nécessaires au redressement du pays. Transition pour transition, il faut des militaires patriotes ayant le sens du bien commun, et il y en a. Seuls ceux-là pourront rendre une peu d’espoir aux Malagasy qui ne croient plus aux politiciens, pour ne pas dire politicards.
Espérons qu’ils feront bientôt siennes les paroles d’un de leurs aînés « Tsy miamboho adidy aho, mon général » (Je ne faillirai pas à mes devoirs, mon général).
Soldats, sous-officiers et officiers non généraux, ne fermez plus les yeux et faites votre devoir ! Vous êtes le dernier rempart du peuple.
Pendant que nous écrivions, une tentative de coup d’Etat au Niger était en cours et aurait réussi. Parmi les instigateurs figurent d’anciens élèves de l’Académie militaire d’Antsirabe, comme en sortait également feu Thomas Sankara du Burkina Faso.
En 2017, lors de la célébration des 50 ans de l’académie militaire, il a été rappelé que 3 500 officiers dont 54 femmes et 140 étrangers y ont été formés.
Alors militaires académiciens, rappelez-vous la devise de votre établissement « Ho an’ny Tanintrazana » (Pour la Patrie ou la Nation), le moment est venu pour rendre à la patrie une partie de ce qu’elle vous a donnée. Prenez exemple sur vos pairs africains qui ont osé prendre leurs responsabilités.