Depuis 2019, la population malgache s’est progressivement accoutumée à un quotidien marqué par la crise sous le régime d’ Andry Rajoelina. Cette stratégie apparente visant à normaliser les difficultés économiques et sociales aurait pour objectif de minimiser la perception de la crise en la transformant en une habitude acceptée plutôt qu’une urgence à résoudre.
Andry Rajoelina, à la tête du pays depuis 2019, a adopté cette approche pour atténuer les réactions de la population face aux multiples défis auxquels Madagascar est confronté. La crise, initialement perçue comme une situation d’urgence, s’est transformée en un mode de vie accepté par la société malgache.
La pauvreté, la famine, l’insécurité omniprésente dans tous les domaines, la corruption, le favoritisme, le trafic de ressources naturelles, l’exportation illicite de l’or, les abus de pouvoir, les détournements de biens et de fonds publics, la répression, ainsi que les atteintes à la liberté d’expression et aux droits de l’homme sont devenus des éléments quotidiens du paysage malgache. Ces problèmes, qui seraient largement imputés aux politiques du gouvernement actuel, s’est intégrés à la vie quotidienne au point de ne plus susciter de réactions fortes de la part de la population.
La normalisation de la crise a pour effet de rendre ces défis structurels moins visibles et moins ressentis par la population malgache. L’effet de surprise et d’indignation face à ces problèmes s’est érodé au fil du temps, créant un sentiment d’acceptation tacite de la situation.
Pourtant, certains observateurs soulignent que cette stratégie pourrait également avoir des conséquences négatives sur la mobilisation sociale et la volonté de changement. En habituant la population à la crise, le gouvernement affaiblit les initiatives visant à améliorer les conditions de vie des Malgaches.
À mesure que la crise devient une habitude, il devient impératif de se questionner sur la résilience de la société malgache face à ces défis persistants et sur la nécessité d’un changement de cap politique pour sortir de ce cycle. La normalisation de la crise ne doit pas devenir un obstacle à la recherche de solutions et à la quête d’un avenir meilleur pour Madagascar.