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Le Journal de l'île Rouge
La une

Devoir de mémoire ? Décolonisation ?

La gazette de la grande île
26/01/20246 minute read

Notre récent article « Monument commémorant la recolonisation » a suscité de nombreux messages et réactions, ce dont nous remercions nos fidèles lecteurs.
Certains messages nous rappellent la chasse aux chefs militaires sudistes de la guerre de Sécession. Ainsi, le 8 septembre 2021, la statue de Robert Lee à Richmond en Virginie, principal dirigeant militaire des confédérés, a été descendue de son piédestal. Cet Américain avait lutté avec les Etats du Sud des USA contre ceux du Nord qui avaient aboli l’esclavage, pendant la guerre de sécession qui avait pris fin en 1865. Le déboulonnage de cette statue fortement taguée n’a donc eu lieu que 156 ans plus tard.

Il s’agissait d’une guerre fratricide entre Américains, et des Américains avaient déboulonné la statue d’un autre Américain.

Le 16 mai 1871, la colonne de Vendôme surmontée d’une statue de Napoléon 1er avait été abattue à Paris par les Communards. Des Français contre la statue d’un autre Français !  

                 

Au lendemain de la dislocation de l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) le 26 décembre 1991, des pays anciennement membre de cette Union avaient entrepris de détruire des monuments rappelant cette période, comme les statues de Lénine.

Statue de Lénine déboulonnée à Zaporijia, Ukraine

 

Ces fois-là, il s’agissait de citoyens de deux pays différents

Madagascar et la France

Chez nous à Madagascar, une statue de Jeanne d’Arc habillée de noir et ceinte d’une banderole, qui proclame « Vous avez raison, les enfants », trônait au début de l’avenue de ce qui s’appelait encore Avenue de la Libération devenue Avenue de l’Indépendance. Comme pour donner raison aux mouvements estudiantins de 1972, qui ont finalement abouti à l’enlèvement de cette statue. Tout comme la statue Galliéni au jardin d’Ambohijatovo, en face du tunnel d’Ambanidia.

Le monument aux morts du lac Anosy, érigé en 1927 pour rendre hommage aux soldats malagasy morts pendant la guerre de 1914/1918. En novembre 2022, l’actuel ambassadeur de France avait effectué une visite à ce monument surmonté par ce qu’appellent les Malagasy « Anjely Mainty ».

La génération actuelle mérite de connaître l’Histoire, le passé de ce lac artificiel créé par Radama 1er au milieu duquel il fit construire une poudrière. Lorsque celle-ci fut déplacée à Mantasoa, Ranavalona 1ère fit raser la poudrière pour y créer une résidence de villégiature, « l’îlot de la Reine ». Plusieurs Reines, jusqu’à Rasoherina, s’y succédèrent.

A partir de 1924, les colons voulaient effacer les traces de la royauté malagasy en y érigeant à sa place un monument aux morts. Il fallait absolument effacer tout symbole à la royauté merina et toute référence aux Hovas. Malgré tout, au début de 20ème siècle, le lieu servit de lieux de représentations de chants et danses folkloriques (Vakodrazana) , ainsi que les Hira Gasy avec les Mpilalao.

Pendant la colonisation, un petit port fut bâti sur la rive est du lac. Ce qui permit aux Français de l’époque de faire des excursions en pirogue sur ce lac. Du temps de la 2ème République, Mme Céline Ratsiraka avait bien essayé de recréer ces excursions avec le petit bateau ROTSIROTSY.

Ce monument du lac Anosy érigé en 1927, est certes dédié aux tirailleurs malagasy morts pendant la guerre 1914/1918. Se pose maintenant la question de savoir s’il faut le laisser tel quel ou le démolir afin qu’on y mette par exemple un monument aux morts malagasy de 1895.

Des fosses communes ont servi de sépultures aux soldats malagasy morts lors de la lutte contre les envahisseurs français, et selon les « Lovantsofina » (tradition orale), ces fosses communes seraient du côté d’Ambolomoty Marovoay et du côté de Maevatanana. Aucun monument à leur mémoire, au contraire des Français morts à cette époque. Et ce qui interpelle, c’est la présence du drapeau malagasy à côté du drapeau français !

Ces photos ont été prises sur la RN4, entre Andriba et Mahatsinjo. Mais on rencontre des stèles dès le croisement vers Marovoay sur La RN4.

A Antsiranana, un monument à la gloire du maréchal Joffre trône sur la corniche. Et comme sur les autres stèles, le drapeau malagasy se trouve à côté du drapeau français.

Ici, même pas de drapeau malagasy.

Même si le 14 octobre 2020, Cédric Vazaha est venu déposer symboliquement une gerbe de fleurs sur ce tombeau du président Philibert TIRANANA à Anahidrano.

Il paraît clair qu’il ne faut pas compter sur Cédric Vazaha pour revisiter tous ces « monuments » qui sont des hommages à la colonisation, et sur lesquels figurent le drapeau malagasy symbole de l’Indépendance et du recouvrement de la souveraineté malagasy sur Madagascar (excepté les îles éparses).
Cédric Vazaha a déjà souillé Manjakamiadana avec son Colisée et en le débaptisant en Rovan’i Madagasikara. Tout comme il a voulu effacer Mahamasina (Ce qui rend sacré), en baptisant « Stade Barea » le Stade Municipal de Mahamasina. Il en a d’ailleurs profité pour dépouiller la population tananarivienne en donnant la majorité du capital de ce stade à l’Etat Malagasy.
C’est à l’Opposition que les Malagasy s’adressent , c’est vers le fameux C11 que se tournent les patriotes malagasy. Eux qui ont tant scandé « Miala Vazaha ! Tsy mila Vazaha ». Alors  » ASA FA TSY KABARY » (Travail et non discours ou acta non verba), faites le nécessaire et rectifiez ce qu’il y a lieu d’être. Continuez le travail de décolonisation.
Si Deba avait fait ériger le Mausolée en souvenir de la lutte de 1947 des patriotes malagasy, il est peut-être temps de construire le tombeau du soldat inconnu, en souvenir de tous ceux qui sont tombés, tués par les colonisateurs français. Surtout au moment où revient un Vazaha pour tuer ce qui reste des Malagasy avec sa politique de werawera développée dans son PGE (Programme Générale de l’Etat) que vous  pourrez lire ici https://www.presidence.gov.mg/images/2024/cm/17012024/Conseil-des-Ministres-17-janvier-2024.pdf . Le lecteur peut s’amuser, s’il a un peu de temps à perdre, à lire le PGE de 2019 et à constater que moins de 10% des promesses inscrites ont été réalisées https://www.presidence.gov.mg/19-a-la-une/66-la-ligne-directrice-de-la-pge.html . C’est sans doute pour cela qu’on vient de nommer Mme Bangomalala Andriamasinoro directeur de la coordination des promesses présidentielles.

Encore des promesses présidentielles tout en disant donner la priorité à la décentralisation. Une contradiction évidente mais qui ne semble pas émouvoir Cédric Vazaha !

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