Le soir même de la proclamation par la BCC des résultats des élections présidentielles, Rajoelina s’était envolé pour Dubaï, n’attendant même pas son investiture. Viendra le jour où la Cour des Comptes se penchera sur le financement de ce voyage qui reste un voyage privé, même s’il avait prétendu avoir été un des invités spéciaux du sommet COP28. C’était début décembre 2023.
Dès le 12 février 2024, Rajoelina s’était de nouveau envolé pour assister au « World Governments Summit » à Dubaï. Avec une suite présidentielle imposante de plus d’une centaine de personnes ! Du jamais vu en 64 ans « d’Indépendance ».
Mi-février 2024, il est allé assister au 37ème sommet de l’Union Africaine à Addis Abeba.
Le président namibien Hage Geingob avait assisté aux deux investitures de Rajoelina. Malgré cela, Rajoelina n’a pas participé aux cérémonies de l’enterrement de ce président, préférant y déléguer le PM Ntsay Mike Tyson. Une forme de mépris pour ce très grand militant anti-apartheid, très aimé de son peuple et très respecté en Afrique !
Rajoelina va de nouveau voyager pour se rendre en Turquie, afin de participer au Forum diplomatique d’Antalya, prévu se tenir du 1er au 3 mars 2024. Certes, le ministre de l’eau avait fait le point de la situation du projet pipeline Efaho, dont les titulaires du marché sont le turc SUPERLIT et le chinois ZHEJIANG HUAFENG NEW MATERIAL CO. Ltd. Mais cela justifie-t-il la nécessité absolue de ce voyage ? En ces temps de disette budgétaire où les fonctionnaires n’ont obtenu d’augmentation depuis 3 ans. Rajoelina a insisté, lors de ce conseil des ministres, sur la nécessité d’accélérer les travaux. Ce qui montre que ce pipeline est loin d’être encore fonctionnel, contrairement à ses affirmations lors du débat télévisé entre les 3 candidats Rajoelina/Raderanirina/Siteny. Un mensonge de plus !
Rajoelina compterait mener une offensive économique dans le but de convaincre des investisseurs turcs à venir investir à Madagascar. C’est mettre la charrue avant les bœufs : on ne peut même pas satisfaire actuellement aux besoins électriques des entreprises existantes !
On comprend que Rajoelina ait besoin de quitter Madagascar de temps à autres, afin de prendre un peu ses distances des problèmes du pays, de pouvoir respirer un peu et se ressourcer.
Quand on apprend que le conseil des ministres prend du temps pour discuter des problèmes d’enlèvement des ordures à Antananarivo ! Que Rajoelina donne des instructions pour renforcer l’opération coup de poing ! Donc, même pas une solution pérenne ! Ceci n’a fait que montrer l’incompétence de l’ex-maire Naina Varira, même si Lalatiana Ravololomanana lui a rendu hommage en disant qu’il a quitté la mairie la tête haute ! Plutôt la queue basse à notre humble avis !
Et quand on lit les chiffres avancés, il y a de quoi sourire :
-La SMA dit qu’elle ne dispose quotidiennement que de 1 500 litres de carburant, alors qu’il en faudrait 5 000 litres. Soit seulement 30% des besoins.
-De l’autre côté, le ministre de l’eau dit que le volume des déchets collectés est passé de 1 500 m3 par jour à 900 m3 actuellement, soit 60% des objectifs journaliers.
Cherchez l’erreur !
-Ajoutez à cela que la SMA se plaigne de ne pouvoir mobiliser que 21 camions par rapport à un besoin de 30 camions, soit 70%.
Mais même si elle disposait de 30 camions et seulement de 1 500 litres, à quoi cela servirait-il ?
C’est comme les 7 centrales thermiques de 105 MW bloquées à Tamatave, commandées sans avoir préalablement vérifié les charges maximales supportées par les ponts de la RN2. A supposer que la Jirama finisse par arriver à les monter à Ambohimanambola, comment va-t-elle financer l’achat du carburant nécessaire ? Le problème reste entier.
N’aurait-il pas fallu raccorder en priorité Toamasina au Réseau interconnecté d’Antananarivo ? Et monter cette centrale plutôt à Toamasina, avec l’avantage évident d’un coût du carburant largement inférieur. Cerise sur le gâteau, une RN2 moins encombrée ! A moins que cela n’ait été fait exprès, dans le seul but d’enrichir les transporteurs de carburant comme Sodiat !
Des projets présidentiels mal ficelés, comme l’autoroute Antananarivo/Toamasina, qu’il aurait été plus intelligent de commencer à Toamasina.
Nomination d’une directrice des projets présidentiels
Le dernier conseil des ministres du 28 février 2024 vient de nommer Malalatiana Mahanina Rakotoniaina directrice des projets présidentiels !
Une dame photogénique, Merina évidemment, qui a d’ailleurs un petit air de famille avec Mialy Rajoelina. Selon son profil Linkedin, elle a travaillé dans plusieurs compagnies privées comme Orange, Airtel, Vivo Energy, dernièrement retour à Orange.
Rajoelina a fait de la gouvernance un des 3 piliers de son nouveau programme, et cette nomination montre qu’en fait, il ne sait pas du tout ce que signifie gouvernance.
Les projets publics relèvent :
-soit du gouvernement dans le cadre du PGE, auquel cas ils sont inscrits dans la loi des finances et les premiers responsables sont les ministères.
-soit des collectivités décentralisées dans le cadre de leurs budgets
Et Monsieur Rajoelina ose parler, de surcroît, de décentralisation. Il n’arrive même pas à faire de la déconcentration, jusqu’à qualifier de projet présidentiel la réhabilitation d’un WC d’une école catholique de Fianarantsoa !
En tout cas, nous avons appris la nomination de cette dame dans les réseaux sociaux, car au moment où nous écrivions cet article, le compte rendu du dernier conseil des ministres ne figure toujours pas sur le site de la présidence. Ce manque de professionnalisme va sûrement être corrigé après cet article.
Nous savons que la présidence lit nos articles et semble en tenir compte. Dans notre article « Malaise chez nos Forces armées », nous avions fait remarquer que la version française du compte rendu du conseil des ministres du 7 février 2024, reprenait en fait la version française du compte rendu du conseil des ministres du 20 décembre 2023. La présidence vient de corriger l’erreur.
Conseil à Rajoelina
Il devrait apprendre à déléguer à ses ministres, ce qui lui permettra de s’adonner à ses loisirs préférés et à ce qu’il sait faire : voyager et se pavaner dans les réunions internationales, ou poser des 1ères pierres.
Par exemple, cet affaire d’enlèvement d’ordures ne méritait vraiment pas une discussion en conseil des ministres. Peut-être pour montrer que Rajoelina se soucie du sosialimbahoaka ! Cela relève de la CUA et tout au plus, aurait mérité une réunion interministérielle avec le ministre de l’eau et le ministre des finances, à la rigueur le ministre de l’intérieur. Tout au plus, Rajoelina pouvait passer un coup de fil au ministre responsable, pour lui rappeler l’importance qu’il accorde à ce sujet.
Malheureusement, près de deux mois après la nomination de Naina Varira, toujours pas de PDS à la CUA. Et comme le dicton malagasy « Biby tsy misy lohany », et « quand le chat n’est pas là, les souris dansent ».
Encore heureux que les CEMA et le COMGN ont fini par être nommés ! Ce serait présomptueux de la part de la Gazette d’écrire que c’est grâce à notre article cité ci-dessus.
Par ailleurs, Rajoelina doit enterrer la nomination de secrétaires d’état auprès de la présidence, qui non seulement seront budgétivores, mais dilueront également les responsabilités par rapport aux ministres rattachés à Ntsay Mike Tyson.
Bon voyage et bon séjour, Prezidà !
