Quelle question ? Ou plutôt quel questionnement ? Un rêve pour certains ? Un cauchemar pour d’autres ?
Regardons ce qui se passe près de nous. Mayotte fait partie des 4 îles de l’archipel des Comores.
Dès le 16ème siècle, des Malagasy avaient envahi les îles Comores et raffermissaient leur installation à Mayotte, l’ile la plus proche de Madagascar.
Andriantsoly était le dernier roi Sakalava du Boina. A l’arrivée de Radama 1er et de Ramanetaka à Mahajanga en 1824, il dut quitter son trône et se réfugia à Mayotte, dont il est devenu le sultan.
En 1841, Andriantsoly cède Mayotte à la France. Après l’annexion de Mayotte en 1843, l’archipel est devenu un protectorat français de 1886 à 1912, puis rattaché administrativement à Madagascar jusqu’en 1946. En 1946, il devient TOM (Territoire d’Outre-Mer).
Une consultation sur l’indépendance des Comores eut lieu le 22 décembre 1974 : le vote pour l’indépendance obtenait 95% sur l’ensemble des 4 îles, dont 99 % pour les 3 îles Anjouan, la Grande Comore et Mohéli. Le NON l’emportait avec 63 % de voix à Mayotte.
Lorsque les Comores deviennent un Etat indépendant le 6 juillet 1975, la France a gardé Mayotte qui deviendra plus tard un département français. Jusqu’à présent, Les Comores réclament le retour de Mayotte.
Les Comoriens regardent actuellement avec envie le sort de leurs voisins Mahorais, dont plus du tiers parlent malagasy. Mayotte est devenue une terre d’exil pour les Comoriens. On y immigre pour de meilleurs soins médicaux, pour des accouchements plus sécurisés, pour du travail, bref pour essayer d’avoir une vie meilleure. Cette immigration serait une preuve d’un meilleur niveau de vie à Mayotte.
Peut-on alors affirmer que si Madagascar était restée colonie française, peut-être les Malagasy auraient aujourd’hui un sort équivalent sinon supérieur à celui des Mahorais. 64 ans plus tard, les Malagasy auraient-ils dû accepter cette indépendance (sans les îles éparses) que la France lui a donnée ? Surtout que maintenant, un Vazaha Menasofina est de nouveau à la tête de Madagascar ?
Les Malagasy méritent-ils de vivre dans cette océan de pauvreté ?
Nous n’allons pas épiloguer sur la situation socio-économico-politique du pays, car chacun la vit au quotidien et saura mieux décrire ce qu’il en est.
Demandons-nous plutôt ce qu’il faudra faire, et non ce qu’il aurait fallu faire.
Dans son exhortation “La Joie de l’Evangile”, le Pape François souligne : « Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus. Même les croyants courent ce risque, certain et permanent. Beaucoup y succombent et se transforment en personnes vexées, mécontentes, sans vie. Ce n’est pas le choix d’une vie digne et pleine, ce n’est pas le désir de Dieu pour nous, ce n’est pas la vie dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité ».
La conférence des évêques de mai 2017 avait commencé son message par « PRODUISEZ DONC DES FRUITS DIGNES DE LA REPENTANCE » (Luc 3 :8), et concluait par des recommandations au gouvernement, particulièrement pour l’Education, la Sécurité Publique et la Défense Nationale, les Mines et l’Energie et la Justice.
Le lecteur peut lire la totalité de ce message sur le site
https://fr.zenit.org/2017/05/26/message-de-la-conference-episcopale-de-madagascar-convertissez-vous/?_gl=1%2Ayjg8ty%2A_up%2AMQ..%2A_ga%2AMTk1ODU4OTY0MC4xNzE5Mzk3NjAy%2A_ga_85T1Y8CXY9%2AMTcxOTM5NzYwMi4xLjAuMTcxOTM5NzYwMi4wLjAuMA .
Georges Andriamanantena alias Rado
Il était né en 1923, et partit à Strasbourg en 1960 étudier le journalisme. Il avait contribué avec son frère Célestin à la renommée du « Gazety Hehy », une version malagasy du Canard enchaîné, très apprécié à l’époque.
Il était peintre, et un grand orateur (Kabary), mais il est surtout connu pour ses œuvres dans la littérature malagasy (Dinitra an 1973, Ando en 1977, Zo en 1989, Sedra en 1993, Ny Teny Malagasy en 1994, Tsy maintsy mipoaka en 2002, Fiteny roa-En deux langues en 2005), en particulier ses poèmes qui traduisaient les sentiments intérieurs du Malagasy.
Nous publions ci-après un de ces poèmes, écrits le 25 juin 1991, intitulé « L’Indépendance« . Nous n’osons pas faire une traduction libre en français de cet œuvre. Néanmoins, les non-malagasophones (avec nos plates excuses pour ce néologisme !) pourront lire un essai de traduction sur le site http://tritriva.unblog.fr/ny-fahaleovantena/ .
NY FAHALEOVANTENA
Ny Fahaleovantena dia tsy natao mihitsy
hoenti-kahasambatra fiainan’olom-bitsy.
Fa Fahaleovantena tsy manam-piangarana
hampigoka mamy ny isam-baravarana
Ny Fahaleovantena : tsy trosa tsy miato
iandrandrana vola avy any Dilambato
Fa ezaky ny tena mitohy tsy mety lanaka
tsy haharaiki-trosa ny hoavin’ny taranaka
Ny Fahaleovantena : tsy fanomezan-dasy
ny tenin’ny vahiny hasolo Teny Gasy
Fa Fahaleovantena derain’ilay mitazana
hanandratra ambony ilay Fitenin-drazana
Ny Fahaleovantena : tsy haitraitran-javona
ka iambonian-tenarakofana avonavona
Fa fanetrena tena hitovy amin’ny hafa
Miaraka misaina, miaraka mitafa
Ny Fahaleovantena : tsy endrika sodokan’
ny fiheverantena ho mahavita tokana
Fa hevitry ny maro mitapatapak’ahitra
ny hoavim-pirenena hitera-boninahitra
Ny Fahaleovantena : tsy fanomezam-bahana
ny hevitra-vahiny hanjaka an-kalalahana
Fa Fahaleovantena mivimbina hamiratana
hanaja ny an’ny tena ho any avara-patana
Ny Fahaleovantena : tsy fitadiavan-tehaka
na horaka mandainga mba hampidehadehaka
Fa Fahaleovantena tsy andokafan-tena
fa fantatra eny ihany izay tia ny firenena
Ny Fahaleovantena : tsy hoe ianao mitsako,
fa ny vahoaka kosa mitrongy anaty fako
Fa Fahaleovantena ahitana toky
ka ny maroanisa no sambatra sy voky.
Ny Fahaleovantena : tsy vola fafy katrana
hividianan’olona ho sandam-pisandratana
Fa Fahaleovantena mitana fahamarinana
hitaiza ny vahoaka tsy ho any am-pivarinana
Ny Fahaleovantena : tsy laza vady bainga
am-pielezam-peo, kanefa tranon-dainga
Fa Fahaleovantena milaza ny ao an-tranony
tsy misy laingalainga na mila ranondranony
Izany ka izany no Fahaleovantena
niadian’ny razantsika sy namonoany tena,
nidirany tam-ponja, niaretan-tsesitany,
namoizany ny hareny, namoizany ny rany
Anefa raha tsy izany no Fahaleovantena
iainantsika etoana, fa toa fitiavan-tena
sahia ka mijoroa hiady ho an’ny marina
mandra-pahatratra ny tanjona hotratrarina
Vazaha Menasofina, qui répète à l’envi que « personne ne peut lui enlever le sang malagasy qui coule dans ses veines, ni son amour pour sa patrie (il n’avait pas précisé laquelle) », serait bien inspiré d’en prendre de la graine.
Surtout avant de choisir son futur gouvernement.