Madagascar, cette île aux richesses naturelles exceptionnelles, dispose d’un potentiel hydroélectrique colossal estimé à environ 7 800 MW, faisant d’elle l’un des pays africains les plus prometteurs dans ce domaine. Pourtant, moins de 2% de ce potentiel est exploité, selon le dernier Rapport pays 2024 de la Banque africaine de développement (BAD). Ce chiffre est alarmant, d’autant plus que l’exploitation des énergies renouvelables est cruciale pour un développement durable et une réduction de la dépendance aux énergies fossiles.
Ce retard dans l’exploitation de l’hydroélectricité a des répercussions importantes sur l’économie malgache. La BAD et le Fonds monétaire international (FMI) soulignent que la faible production d’énergie propre freine l’investissement et limite la transformation structurelle du pays. À l’heure où l’Afrique et le monde entier cherchent à réduire les émissions de carbone, Madagascar continue de dépendre à 55% d’un parc thermique coûteux et polluant pour la production d’électricité.
Depuis des années, La Gazette de la Grande Île, un journal respecté et influent, a mis en lumière l’inaction des autorités concernant l’exploitation du potentiel hydroélectrique du pays. En 2022, le journal a publié quatre articles urgents exhortant l’État à agir pour exploiter ces ressources, alors que depuis 2019, pas moins de quatorze articles avaient abordé cette question cruciale. La Gazette ne s’est pas arrêtée à l’hydroélectricité, elle a aussi dénoncé la sous-exploitation des autres ressources énergétiques renouvelables de l’île, comme l’énergie solaire et éolienne, qui pourraient également jouer un rôle majeur dans la transition énergétique du pays.
Mais ce qui est encore plus préoccupant, c’est que La Gazette de la Grande Île, qui a osé critiquer le régime en place pour son inaction, a été fermée, et son PDG emprisonné. Ce coup dur porté à la liberté de la presse illustre une réalité inquiétante à Madagascar : toute voix critique, même celles qui défendent les intérêts du pays, est réduite au silence. La fermeture de La Gazette et l’emprisonnement de son dirigeant révèlent la fragilité du débat démocratique et de la transparence dans la gestion des affaires publiques.
Dans un contexte où Madagascar pourrait être un modèle de transition énergétique en Afrique, ce manque d’exploitation des énergies renouvelables et la répression des médias critiques sont non seulement un gâchis économique, mais également un frein au développement du pays. La Gazette a maintes fois insisté sur l’urgence d’exploiter ces ressources, mais comme tout média qui défie le régime, elle a payé le prix fort.
La transition énergétique n’est pas uniquement une question de ressources naturelles, c’est aussi une question de bonne gouvernance, de liberté d’expression et de responsabilité des dirigeants. Madagascar doit non seulement exploiter son potentiel hydroélectrique, mais aussi garantir un environnement où les critiques constructives, comme celles portées par La Gazette, peuvent être entendues sans crainte de représailles. Il en va de l’avenir énergétique, économique et démocratique du pays.