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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Des ministres auront-ils l’intelligence de démissionner ? « Barofocratie : La République du je-m’en-fous »

La gazette de la grande île
28/08/202410 minute read

« Si nous ne réalisons pas le travail et les défis à nous confiés, nous démissionnerons immédiatement« . Cette phrase figure dans la prestation de serment des ministres devant Radomelina Vazaha et Ntsay Mike Tyson. Cette fois, c’était une prestation de serment collective en catimini et curieusement, comme en janvier 2024, le PM n’a toujours pas prêté serment d‘intégrité. Cela ne concerne pas ce PM irresponsable, raison de ses reconductions successives. Il n’a sans doute de comptes à rendre qu’au PDG alias PB.

 Prestation de serment collective sans le 1er des ministres

 Le 14 janvier 2024, la prestation de serment était lue individuellement, à tour de rôle.

Ministères sans budget

Des ministres nous ont fait part d’extraits d’une lettre de Radomelina Vazaha aux ministres «  Seul, je pourrais aller vite, mais ensemble, nous irons loin. Je compte sur chacun d’entre vous pour faire preuve d’exemplarité, de responsabilité, et d’un sens aigu du devoir. Le succès de notre action collective repose sur votre dévouement et votre détermination à réaliser les aspirations de nos concitoyens. Vous avez pris l’engagement solennel de servir notre pays et la population avec dévouement, déférence, honnêteté et intégrité…Dans l’intérêt supérieur de la Nation et du peuple malagasy, vous ne ménagerez pas vos efforts pour le bien-être de la population et pour apporter des résultats rapides et concrets au niveau de vos départements respectifs. Les attentes de vos concitoyens sont élevées, et leur confiance en ce gouvernement ne doit en aucun cas, être trahie ». Dans l’accomplissement de vos responsabilités, vous devez faire preuve d’un engagement personnel total, professionnalisme et, surtout, de patriotisme. Il n’y a plus d’excuses pour justifier les retards ou les échecs dans la réalisation des missions confiées aux responsables à tous les niveaux. La population attend de vous des solutions concrètes pour alléger ses difficultés… Il vous incombe de superviser personnellement la réalisation des projets prioritaires des projets inscrits dans la Politique Générale de l’Etat. Cela exige une implication directe dans la planification, la budgétisation et le suivi de la mise en œuvre de ces projets. Chaque ministre doit disposer d’un tableau de bord pour le suivi de ses projets, accessible à tout moment par la Présidence et la Primature« .
De toutes manières, Radomelina Vazaha était seul avec le PM pendant plus d’un mois sans pour autant être allé vite. Il n’a fait que du sur-place.

Nous avons passé du temps sur le site de la présidence et de la primature, mais nous avons fait chou blanc. Cette fameuse lettre ne figure nulle part, le dernier compte rendu du conseil des ministres datant du 7 août 2024. Rien dans la rubrique « Communiqué », et même le décret nommant le PM n’y figure pas, contrairement au décret n°2024-007 du 24 janvier 2024 portant nomination du PM en janvier!!!
Comment parler de professionnalisme, si même la tête de l’exécutif n’arrive pas à donner le bon exemple aux membres du gouvernement ?

Sous le sceau de la confidentialité, quelques ministres nous disent découvrir avec effarement les maigres budgets mis à leur disposition. Ils se rendent compte que Radomelina Vazaha va mettre sur leur dos le manque inéluctable de bons résultats. Ils se demandent s’il ne vaut pas mieux rendre leur tablier dès maintenant, malgré la crainte de représailles sur leur famille.

Un article de notre confrère en ligne Madagascar Tribune parle d’un nouveau gouvernement qui n’a soulevé aucun enthousiasme populaire : «  Les problèmes et la misère empirent : le problème de ce bilan réside-t-il dans la compétence des joueurs ou dans l’incapacité du capitaine d’équipe et de son adjoint « ? Dans son allocution préliminaire avant la lecture de la liste du nouveau gouvernement, Radomelina Vazaha a enfin admis que les Malagasy sont pauvres. Et il posait la question de savoir si c’est sa responsabilité, ou celle des pouvoirs successifs.
Avoir posé cette question montre simplement que Radomelina Vazaha n’est pas conscient des causes profondes de l’origine de cette pauvreté rampante. Les Malagasy n’ont cessé de s’appauvrir de plus en plus depuis 2019.  Avant cette date, les routes n’étaient pas dans leur état catastrophiques actuelles. Moins de délestages, et pas de queues de bidons jaunes ! Radomelina Vazaha ne sait pas et ne se rend pas compte de cette détérioration continue ! Donc, on ne pourra malheureusement pas compter sur lui pour améliorer la situation, puisqu’il ne la connaît même pas. Encore moins ses causes !

« Mission impossible, ce gouvernement ne peut pas faire de miracles« , avait déclaré Siteny le chef de l’opposition parlementaire. Comme a dit effectivement un des nouveaux ministres, « c’est comme une voiture avec peu de carburant dans le réservoir. Même si le chauffeur est un as du volant, il ne pourra pas aller très loin ».

https://www.madagascar-tribune.com/Barofocratie-la-Republique-du-je-m-en-fous.html

Barofocratie : la République du je-m’en-fous

Mardi 27 août, Ikala Paingotra

L’entrée en lice d’un énième gouvernement Ntsay n’a soulevé aucun enthousiasme populaire. Normal: on ne fait pas de nouveaux meubles avec de vieilles planches. L’apparition de quelques nouvelles têtes pour donner l’illusion d’un renouveau ne peut faire oublier que les deux têtes de l’Exécutif sont les mêmes depuis plus de cinq ans. Les problèmes et la misère empirent : le problème de ce bilan réside-t-il dans la compétence des joueurs ou dans l’incapacité du capitaine d’équipe et de son adjoint ?

 

De toutes façons, avec une Loi des finances sabrée de 62% pour les budgets des ministères et de certaines institutions, qu’est-ce que ce nouveau gouvernement espère sérieusement réaliser ? Déjà que les ministères ne faisaient pas grand-chose auparavant, on se demande avec amusement ce qu’ils vont pouvoir faire après cette coupe. Ces ministres, de qui on va exiger des résultats sans leur en donner les moyens, risquent de n’avoir comme seule solution que de racketter le secteur privé, là où ils le peuvent. Un redressement fiscal, un retrait de licence, ou un montage de dossier est si vite arrivé pour les durs d’oreille. Si les centaines de milliards d’Ariary injectés dans des projets dispendieux mais stupides avaient été investis de façon plus intelligente, on aurait sans doute pu utiliser les finances publiques pour des choses plus utiles que le stade Barea, le Colisée du Rova d’Antananarivo ou le téléphérique de la Capitale. Les problèmes de budget n’empêchent cependant pas les factures de « certaines entreprises » d’être systématiquement et prestement honorées, contrairement aux prestataires et fournisseurs de l’Etat qui n’ont pas leurs entrées, et qui doivent attendre des mois, voire des années, après avoir graissé la patte des décideurs dans le circuit de paiement. Mais peu importe la bonne gouvernance : la république façon Rajoelina s’en fout.

L’incompétence des dirigeants fait que la population est maltraitée chaque jour, sans possibilité de se plaindre, et sans espoir que cela s’améliore. Tout va de mal en pis, et il n’y a aucune bonne nouvelle pour rassurer sur un possible renversement de tendance. La criminalité galopante, les délestages d’eau et d’électricité qui ramènent les Malgaches un siècle en arrière, le non-ramassage des ordures, la corruption qui devient un mode de fonctionnement de haut en bas de l’échelle de l’administration publique, la dépréciation non maîtrisée de l’ariary, et toutes ces grandes et petites choses de la vie quotidienne qui soulignent l’incapacité du présent pouvoir à assumer ses devoirs. Mais importe le sens des responsabilités : la république façon Rajoelina s’en fout.

On pourrait également parler des processus et résultats électoraux, avec pour cas d’école la dernière présidentielle durant laquelle le pouvoir a fait tout ce qui lui était possible pour s’assurer une victoire au premier tour. Les récriminations de l’opposition et des observateurs nationaux sont passées à la trappe d’un système électoral à la solde du pouvoir exécutif. Les manifestations pacifiques de protestation contre les dérives ont été matées avec sauvagerie par les forces de l’ordre. Les lanceurs d’alerte sont mis au silence, la plupart du temps sans considération de la Loi. Les convocations sous prétexte fallacieux, les actes d’intimidation, les arrestations arbitraires, les procès inéquitables et les emprisonnements injustes et injustifiés font désormais partie de la vie des opposants et apparentés. Mais peu importe la démocratie : la république façon Rajoelina s’en fout.

L’impunité du clan

Force est de constater qu’Andry Rajoelina et son clan cultivent avec délectation l’art de se moquer de la Loi, de l’opinion publique, de la morale, et du bien-être de la population. Un chef d’État en exercice qui va quémander la nationalité de l’ancien pays colonisateur sous prétexte de faciliter l’intégration de ses enfants : aucun sentiment de culpabilité dans cet acte de trahison. Un ministre enregistré en train de tremper dans un acte de corruption : aucun suivi administratif et judiciaire, et le bonhomme est même devenu député du parti présidentiel. Un ministre qui se déshonore à traiter un interlocuteur téléphonique d’andevo : après un limogeage temporaire, il est recyclé en conseiller diplomatique. Un ministre jugé coupable de faux diplôme : le bonhomme a été inamovible, passant d’un poste à un autre, avant d’être lui aussi élu député du parti présidentiel. Quelques exemples qui montrent l’impunité totale et la protection dont bénéficient les éléments du clan. Seul ceux qui sont du mauvais bord politique goûtent aux geôles de la République, et quelquefois, ils y laissent la vie, comme Ninie Donia. Pendant ce temps, les trafics de tous genres prospèrent et prolifèrent, de l’or aux bois précieux, en passant par les espèces protégées. Mais peu importe l’État de Droit : la république façon Rajoelina s’en fout.

En fait, il semblerait que la seule chose dont la république façon Rajoelina ne se fout pas, c’est d’utiliser la propagande pour gonfler des réalisations insignifiantes, se gargariser de titres de champion par ci, et de proférer des mensonges à tour de bras par là. Les récalcitrants, les grandes gueules, les lanceurs d’alerte et ceux qui seraient trop vocaux dans l’expression de leur désapprobation sont très vite ramenés à la réalité de la république façon Rajoelina. La Barofocratie, le gouvernement à coups de barofo, que l’on pourrait assimiler au fait de s’imposer par la force et la brutalité, a encore de beaux jours devant elle ».

Allocution préliminaire de Radomelina Vazaha

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