Madagascar traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire récente. Les habitants de la commune rurale de Marotsipoy, dans le district d’Anjozorobe, région Analamanga, pleurent la perte de quatre jeunes hommes, abattus de sang-froid par des « dahalo », ces bandits armés qui terrorisent les campagnes. Parmi les victimes, trois frères et un beau-frère, tous des hommes aimant la vie et travaillant dur pour subvenir aux besoins de leur famille. Le plus jeune, âgé de seulement 17 ans, venait tout juste de réussir son baccalauréat, une fierté pour ses parents. Les trois autres, de jeunes pères de famille d’une trentaine d’années, laissent derrière eux de très jeunes enfants.
Trois semaines avant cet acte tragique, ces hommes avaient été pris en otage par les dahalo, qui ont exigé une rançon pour leur libération. La famille, incapable de réunir la somme demandée, a dû affronter l’impensable : leurs proches ont été exécutés froidement, attachés à un arbre et abattus à bout portant.
Un gouvernement déconnecté de la réalité
Cette tragédie illustre la réalité de l’insécurité croissante à Madagascar, un fléau qui s’enracine dans le silence et l’inaction des autorités. Pendant que les familles endeuillées enterrent leurs proches, Andry Radomelina continue de clamer que le pays va bien et qu’il n’y a pas de problème d’insécurité. Cette déconnexion entre le discours officiel et la réalité du terrain révèle un échec flagrant du régime en place à protéger ses citoyens, garantir la sécurité et répondre aux besoins urgents de la population.
Depuis des années, le pays s’enfonce dans une crise multidimensionnelle qui touche tous les domaines : sécurité, économie, santé, éducation et infrastructures. Les populations rurales, en particulier, sont laissées à l’abandon, devenant des proies faciles pour les dahalo qui se multiplient et s’organisent de manière de plus en plus sophistiquée.
La montée de l’insécurité : une défaillance systémique
Le drame de Marotsipoy n’est pas un cas isolé. Chaque semaine, de nouvelles victimes s’ajoutent à la liste des personnes kidnappées, tuées ou mutilées par ces bandits. La violence des dahalo est exacerbée par l’absence de mesures de sécurité efficaces. Les forces de l’ordres mal entrainés, mal formées et corrompus, peinent à contenir la menace. Les habitants, quant à eux, vivent dans la peur constante, abandonnés par ceux-là mêmes qui devraient les protéger.
Le régime en place est incapable de mettre en place des politiques concrètes pour sécuriser le territoire et rétablir l’ordre. Pire encore, la corruption endémique, l’inefficacité administrative et le manque de volonté politique laissent le pays sombrer lentement mais sûrement dans l’anarchie totale. Ce silence complice des dirigeants est vécu comme une trahison par une population qui saigne de l’intérieur mais qui reste déterminée à honorer ses morts et à se relever.
Les familles endeuillées de Marotsipoy, comme tant d’autres à travers l’île, ne peuvent plus attendre. La situation est grave, très grave. Madagascar est en train de sombrer dans une crise profonde.
En attendant, les proches des victimes enterrent leurs morts avec dignité, leurs cœurs brisés mais leur esprit indomptable. Leur souffrance est un appel désespéré à l’action, un appel à ne plus détourner le regard de la réalité douloureuse d’un pays en détresse. Nous leur adressons nos sincères condoléances.