Lors d’une récente réunion au bureau du Premier ministre à Mahazoarivo, Christian Ntsay a exprimé son indignation face aux retards persistants dans les travaux de réfection des routes nationales. Une colère mal placée, voire ridicule, lorsque l’on considère que Ntsay occupe le poste de Premier ministre depuis plus de six ans. En tant que chef du gouvernement, il porte une grande part de responsabilité dans la supervision des ministres et des projets publics qui ont, de toute évidence, traîné en longueur sous sa propre administration.
Ntsay, en tentant de blâmer les entreprises ayant obtenu des marchés publics mais n’ayant pas commencé les travaux en raison de problèmes d’équipement, fait exprès d’oublier que la supervision de ces contrats et la gestion des ministères relèvent précisément de ses fonctions. Ntsay n’était pas seulement témoin des multiples retards, mais il avait également le devoir, depuis longtemps, de s’assurer que les ministres successifs et leurs équipes respectent les délais des projets financés par les bailleurs de fonds.
Or, il est surprenant que Christian Ntsay, en poste depuis bien avant Radomelina le menteur, choisisse aujourd’hui de pointer du doigt un ministre des Travaux publics nouvellement nommé. C’est une vaine tentative de détourner l’attention de sa propre inaction et de son manque de leadership. N’est-il pas quelque peu ironique, voire absurde, de voir un Premier ministre se dédouaner de toute responsabilité alors qu’il est lui-même le premier responsable de l’avancement des projets d’infrastructure du pays?
Alors que Ntsay réclame plus de fermeté de la part du ministère des Travaux publics, il ignore que le vrai pouvoir et la vraie responsabilité reposent sur ses épaules. Après tout, pendant ces six longues années, les routes nationales de Madagascar, telles que la RN2, la RN4, la RN6, et bien d’autres, ont continué à se détériorer sous son propre mandat. Si des retards dans le début des travaux sont aujourd’hui une réalité, la faute n’en revient pas seulement aux entreprises défaillantes ou aux ministres successifs, mais bel et bien à celui qui a été à la barre du navire depuis tout ce temps : Christian Ntsay lui-même.
La leçon ici est claire : avant de chercher des boucs émissaires, il serait bon pour le Premier ministre de faire son propre examen de conscience et de se rappeler que gouverner, c’est aussi assumer ses erreurs.