À Madagascar, la tension sociale atteint un point critique. Les rues d’Antananarivo et des principales villes du pays sont le théâtre de grèves et de manifestations incessantes. Les causes de cette mobilisation sont multiples : coupures d’eau et d’électricité, factures exorbitantes de la Jirama (la compagnie nationale d’électricité et d’eau), inflation galopante, insécurité grandissante, et famine dans plusieurs régions. Le pays est confronté à une crise multidimensionnelle, et les solutions proposées par le gouvernement est limitées pour apaiser durablement la colère de la population.
Coupures d’eau et d’électricité : des mesures de fortune
Les coupures d’eau, fréquentes et prolongées, ont poussé des communautés entières à descendre dans la rue. Face à la pression, les autorités ont réagi en distribuant des bonbonnes d’eau en urgence dans les quartiers les plus touchés. Mais cette mesure temporaire n’aborde pas les racines du problème : un système de distribution défaillant et des infrastructures vétustes. Ces solutions ne suffisent pas à calmer les inquiétudes croissantes des habitants, qui s’interrogent sur l’avenir de l’accès à une ressource aussi vitale que l’eau.
En parallèle, les coupures d’électricité sont devenues monnaie courante, plongeant des quartiers entiers dans l’obscurité. Pour tenter de calmer la situation, des kits solaires d’urgence sont distribués. Mais ici encore, il s’agit d’une réponse ponctuelle, et non d’une stratégie à long terme pour réformer un secteur énergétique en difficulté, où la Jirama est souvent pointée du doigt pour ses pratiques abusives et ses factures exagérées.
Inflation et famine : l’économie en péril
La situation économique ne fait qu’amplifier les tensions. L’inflation, qui augmente les prix des biens de première nécessité, rend la vie de plus en plus difficile pour les Malgaches. Le pouvoir d’achat de la population s’effondre, et les denrées alimentaires deviennent inaccessibles pour beaucoup. Le gouvernement a réagi en distribuant des rations de nourriture en boîte, appelées « vatsy tsinjo », destinées aux plus démunis. Cependant, ces distributions d’urgence sont loin de suffire pour répondre aux besoins alimentaires croissants du pays.
La famine, en particulier dans les régions du Sud, touche des milliers de familles. La dépendance croissante aux importations et la faible production agricole locale aggravent la situation. La population réclame des réformes profondes pour soutenir l’agriculture nationale et garantir une sécurité alimentaire durable, mais pour l’instant, les solutions proposées ne sont que des pansements sur une plaie béante.
L’insécurité, autre facteur d’instabilité
L’insécurité ne fait qu’ajouter à la détresse de la population. Dans les zones rurales comme urbaines, le banditisme et les attaques se multiplient. Les forces de l’ordre peinent à maintenir l’ordre, alimentant un sentiment de vulnérabilité parmi les citoyens. Ce climat d’insécurité renforce la colère des manifestants, qui voient dans cette situation un autre échec des autorités à protéger les Malgaches.
Des solutions temporaires face à une crise profonde
Les mesures d’urgence prises par le gouvernement malgache — qu’il s’agisse de la distribution de bonbonnes d’eau, de kits solaires ou de nourriture en boîte — apaisent temporairement les tensions, mais elles ne résolvent en rien les problèmes de fond. Les solutions proposées sont trop maigres et trop temporaires pour empêcher une explosion sociale qui est de plus en plus inévitable.
Ce qui se dessine à Madagascar est un risque accru de fragmentation sociale, alimentée par des frustrations qui s’accumulent jour après jour. Tant que des réformes structurelles profondes ne seront pas entreprises pour améliorer l’accès aux services de base, stabiliser l’économie, et garantir la sécurité, la crise actuelle ne fera que s’intensifier.
La population malgache, déjà éprouvée par des années de difficultés, se trouve à la croisée des chemins. Le défi pour les dirigeants du pays sera de répondre à ces urgences tout en construisant un avenir plus stable et plus prospère pour tous.
