Skip to content
Le Journal de l'île Rouge
Politique

Madagascar : Le bras de fer entre l’État et les pétroliers pourrait aggraver la crise socio-économique

La gazette de la grande île
15/10/20244 minute read

Alors que Madagascar est déjà en proie à des crises d’eau et d’électricité paralysant le quotidien des citoyens, un nouveau conflit se dessine autour de l’approvisionnement en carburant. Le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI) révèle une divergence prolongée entre l’État et les compagnies pétrolières, compromettant davantage l’équilibre économique du pays. Si aucune solution rapide n’est trouvée, les répercussions pourraient être encore plus graves que celles déjà engendrées par les problèmes liés à la Jirama.

Un conflit financier envenimé malgré les accords passés

Selon le rapport du FMI, plusieurs distributeurs de carburant retiennent le paiement des droits de douane pour faire pression sur l’État, réclamant le règlement de créances liées aux livraisons de carburant, notamment à la Jirama. Malgré des accords en 2022 et 2023, les tensions entre les deux parties persistent, entraînant une accumulation de passifs estimée à 796,3 milliards d’ariary, soit 1,1 % du PIB à fin 2023.

La ministre de l’Économie et des Finances, Rindra Rabarinirinarison, avait pourtant annoncé en juin que l’État avait honoré une partie des dettes dues aux pétroliers, y compris les différenciels entre les prix à la pompe (PMAP) et les prix de référence (PRC). En retour, les compagnies pétrolières avaient régularisé leurs arriérés fiscaux envers l’État. Cependant, selon le FMI, ces entreprises continuent de réclamer le paiement intégral de leurs créances tout en suspendant certaines de leurs obligations douanières.

Des finances publiques sous pression, un impact imminent sur le carburant

Cette impasse risque de provoquer une crise plus large. Le FMI avertit que si aucun accord n’est trouvé rapidement, l’État devra réduire ses dépenses publiques pour éviter un déficit budgétaire. Or, toute réduction budgétaire affecterait directement des services essentiels déjà fragilisés, comme l’électricité, l’eau et les infrastructures. À cela s’ajoute la menace d’une hausse inévitable des prix du carburant, puisque le maintien artificiel des prix par le mécanisme PMAP-PRC devient de plus en plus intenable.

Le passif de l’État envers les pétroliers atteignait encore 72 milliards d’ariary en mai 2024, avec un supplément de 39 milliards pour l’exercice 2023. Ces retards de paiement, combinés à l’exigence des distributeurs d’un règlement simultané de toutes les dettes croisées, compliquent davantage la situation financière du pays.

Des conséquences sociales redoutées

Le carburant étant au cœur de l’économie malgache, une hausse de son prix aurait des effets en cascade sur tous les secteurs. Le coût du transport, des biens de consommation, ainsi que des services essentiels augmentera inévitablement, aggravant les conditions de vie d’une population déjà vulnérable. Cette situation pourrait provoquer un mécontentement social de grande ampleur, dans un contexte où l’accès à l’eau et à l’électricité est déjà extrêmement limité.

Si la Jirama continue de rencontrer des difficultés d’approvisionnement en carburant, les coupures d’électricité pourraient devenir plus fréquentes et prolongées. Cela affecterait non seulement le quotidien des ménages, mais aussi les activités commerciales et industrielles, menaçant encore davantage une économie déjà affaiblie.

Un risque de paralysie économique

L’absence de consensus entre l’État et les distributeurs pétroliers met en péril la stabilité économique du pays. La réduction des dépenses publiques et l’éventuelle augmentation des prix du carburant risquent d’entraîner un cercle vicieux de crise sociale et économique. Si aucune mesure urgente n’est prise pour apurer les dettes croisées et stabiliser les finances publiques, Madagascar pourrait connaître une paralysie comparable, voire plus grave, que celle causée par les défaillances de la Jirama.

Les autorités malgaches, dans le cadre des négociations avec le FMI sur la Facilité élargie de crédit (FEC), ont affirmé leur intention de conclure un nouveau protocole d’accord avec le groupement des pétroliers d’ici fin juin 2024. Ce protocole devra non seulement apurer les dettes existantes, mais aussi garantir le respect des obligations fiscales et parafiscales des compagnies pétrolières, indispensables au financement des infrastructures et du secteur énergétique.

Une crise imminente à plusieurs fronts

Le conflit entre l’État et les distributeurs pétroliers représente une menace majeure pour l’économie de Madagascar. En l’absence d’une solution rapide, la hausse du prix du carburant pourrait aggraver les crises d’eau et d’électricité déjà en cours, accentuant la précarité des ménages et l’insécurité.

Partager cette article
Articles connexes
Back To Top