À Madagascar, les ressources de base comme l’eau et l’électricité, qui devraient être accessibles à tous, sont devenues un luxe réservé à quelques privilégiés. Alors qu’une part importante de la population vit dans une pauvreté extrême, l’État continue d’appliquer des politiques qui aggravent les difficultés de la population malgache. Cette situation persistante reflète des problèmes systémiques qui semblent profiter aux élites politiques plutôt qu’aux intérêts de la population en général.
L’eau : rare et coûteuse
Le droit à une eau propre et accessible est un besoin humain fondamental, mais pour de nombreuses familles malgaches, l’accès à l’eau est à la fois coûteux et difficile. Dans certains quartiers, les habitants doivent payer jusqu’à 1 500 ariary pour un seul bidon jaune, un prix que de nombreux ménages peuvent difficilement se permettre. Même dans les zones équipées d’infrastructures qui devraient théoriquement alimenter les foyers en eau, les fréquentes perturbations obligent même les résidents les plus aisés à utiliser des bidons jaunes, en supportant de longues files d’attente. Les difficultés rencontrées par les pauvres comme les riches soulignent le besoin urgent d’un système plus équitable et plus fiable.
L’électricité : intermittente et coûteuse
L’approvisionnement en électricité est également devenu une préoccupation croissante. Les coupures de courant fréquentes ont perturbé la vie des habitants, endommagé les appareils électroménagers et laissé les petites entreprises en difficulté pour survivre. De nombreux entrepreneurs sont incapables de maintenir des activités stables, car ils doivent constamment s’adapter aux horaires de distribution erratiques imposés par la JIRAMA, la compagnie nationale d’électricité. La pression des coupures continue a un impact direct sur la productivité et les moyens de subsistance d’innombrables ménages à travers l’île.
Les pratiques de facturation de la JIRAMA ont aggravé la situation. Les consommateurs doivent non seulement assumer la charge de relever eux-mêmes leurs compteurs – une tâche qui devrait incomber aux employés de l’entreprise – mais ils sont également soumis à un système de tarification à plusieurs niveaux. Une première tranche de consommation coûte 130 Ariary par unité, tandis que la tranche suivante coûte 764 Ariary par unité. Cette structure tarifaire régressive défie les principes économiques classiques, selon lesquels une consommation plus élevée entraîne souvent une baisse des prix. Ici, c’est l’inverse : plus vous consommez, plus votre tarif par unité est élevé.
Dans ce système, le coût par unité d’électricité augmente considérablement à mesure que la consommation augmente, une approche qui affecte de manière disproportionnée les ménages les plus nombreux et les petites entreprises. Cette structure de tarification pénalise effectivement les consommateurs au lieu de les récompenser pour leur consommation accrue, ce qui pèse encore davantage sur ceux qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts.
Un appel à l’équité et à la réforme
Il est urgent de mettre en place des politiques transparentes et équitables qui accordent la priorité au bien-être des citoyens malgaches. Le système actuel, qui impose une charge financière excessive aux familles à faible revenu tout en ne garantissant pas un service cohérent, ne peut être maintenu. Un tarif unique pour l’eau et l’électricité, ainsi que des mesures de responsabilisation pour les fournisseurs de services publics, constitueraient un pas important vers l’équité. En outre, les groupes de défense des consommateurs, les syndicats et la société civile doivent s’unir pour exiger le respect des droits de la population face à la marginalisation politique et économique.
Les dirigeants malgaches doivent reconnaître que la marginalisation continue du peuple malgache non seulement aggrave la pauvreté, mais alimente également le mécontentement et la méfiance. Un système plus équitable d’accès aux ressources de base comme l’eau et l’électricité pourrait améliorer la vie des gens, favoriser la stabilité économique et rétablir la confiance dans les institutions gouvernementales. Sans de tels changements, le pays risque de creuser davantage les inégalités et les injustices, laissant à sa population peu d’espoir d’un meilleur avenir.