Récemment, un enseignant de l’EPP (École Primaire Publique) de Betroka nous a transmis par e-mail une œuvre qui dépasse les attentes d’un simple devoir scolaire. Le poème, écrit par un élève de 12 ans, reflète non seulement la perception d’un enfant face à la situation actuelle de Madagascar, mais aussi la maturité et la conscience sociale d’une jeunesse confrontée à des défis majeurs.
Voici le poème :
Andry Rajoelina be werawera
Ra hapandroso anefa mitaveravera
Miseho ho tompon-daka amin’izao sy izao
Ra diplaoma anefa dia AOTRA ny anao !
Andry Rajoelina tompon’ny lainga
Ny fandrosoana tsy mety miainga
Izay rehetra atao dia oe manara-penitra
Ny firenena aza ty lasa miemotra
Mandainga, mampiesona, mivarotra am-pitsanganana
Maha be trosa ny firenena
Mangata-bola amin’ireo efa manana
Nefa milaza fa mahaleo tena
Mapahantra sy Maha be Dahalo
Izay te hanampy ataony fahavalo
Vitany irery hono ny fampandrosoana
Tsy mbola nisy tao anatin’ny 60 taona
Manabado vahoaka amin’ny rendra-rendra
Manakorontana tsy mahay mandrindra
Madagasikara tsy maintsy mandroso ?
Firenena gisitra mihaingo ambony tsikoko
Une Voix Jeune, mais Puissante
À travers ces mots, l’élève livre une critique frontale et lucide de la gouvernance actuelle, articulant des sentiments partagés par de nombreux Malgaches. Ce poème met en lumière des problématiques fondamentales :
- Le paradoxe du développement : L’élève dénonce l’écart entre les promesses de progrès et une réalité marquée par la stagnation et le recul.
- La perception de la corruption : Le texte accuse les dirigeants de prioriser leurs intérêts personnels au détriment de l’avenir collectif.
- La pauvreté et l’insécurité : Des phénomènes comme le banditisme (dahalo) et l’endettement accru sont mis en avant comme des freins à l’autonomie réelle de Madagascar.
- Un avenir incertain : La conclusion du poème évoque un pays en quête d’évolution, mais dont les fondements sont jugés fragiles et inadaptés.
L’Importance de la Jeunesse dans le Débat National
Cette création artistique est une preuve que la jeunesse malgache n’est pas indifférente face aux défis de son pays. Bien que ce texte émane d’un enfant de 12 ans, il montre une étonnante capacité d’analyse et de réflexion. Les écoles jouent donc un rôle central en offrant des espaces où les élèves peuvent s’exprimer et développer un esprit critique.
Une Réaction Nécessaire
Ce poème devrait interpeller les décideurs et les inciter à écouter les doléances de la population, en particulier celles de la jeunesse. Si un enfant perçoit de manière aussi claire les dysfonctionnements du système, cela montre que le mécontentement est palpable et transversal.
La publication et la diffusion de ces voix sont essentielles pour promouvoir un dialogue constructif entre les générations et renforcer une vision commune pour Madagascar. Car comme le dit si bien l’enfant dans ses verses : « Madagasikara tsy maintsy mandroso. » (Madagascar doit avancer).
