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Le Journal de l'île Rouge
Politique

Des pratiques non républicaines et une gouvernance militarisée corporatiste : un frein à l’avenir plus décent des Malagasy

La gazette de la grande île
08/12/20243 minute read

La répétition continue de pratiques non républicaines et de mauvaises mœurs à tous les niveaux de notre société, et particulièrement au sein de l’armée malagasy, est à l’origine de la mauvaise éducation d’une grande partie des jeunes Malagasy, pourtant porteurs de l’avenir de cette nation.  

L’armée malagasy entretient une illusion de mythe national, mais la réalité est tout autre. Aujourd’hui, Madagascar compte un nombre impressionnant d’officiers généraux, suffisant pour une armée de 400 000 soldats, alors qu’elle ne dispose que d’environ 25 000 hommes.  

Depuis plusieurs décennies, l’armée a joué un rôle majeur sur la scène politique malagasy. Tous les présidents qui se sont succédé à la tête de notre République ont adopté la même stratégie : neutraliser toute contestation possible venant des rangs militaires. Cette stratégie consistait à orienter l’establishment militaire vers des missions domestiques, transformant les forces armées en « forces de protection » du président et de sa gouvernance. Ainsi, chaque régime a contribué à l’émergence d’une corporation d’officiers qui, au fil du temps, s’est constituée en une élite « martiale » bien organisée, capable de se perpétuer et de s’adapter à travers l’histoire.  

Sous la pression de cette corporation, les régimes politiques successifs ont toujours répondu aux intérêts carriéristes des officiers supérieurs. Ces derniers bénéficient de promotions et d’avantages, notamment en étant placés à des postes stratégiques dans l’administration publique et les entreprises d’État, comme ministres, secrétaires généraux, directeurs généraux ou financiers. Parallèlement, leur carrière militaire progresse sans lien direct avec leur expérience de terrain. Certains atteignent les grades de colonel, général de brigade, voire général de corps d’armée, sans jamais avoir commandé un régiment ou un bataillon.  

L’armée, au lieu de remplir sa mission institutionnelle de défense nationale, un sacrifice suprême, ”Ho an’ny Tanindrazana », est devenue un simple instrument au service d’individus avides de pouvoir et d’honneur, délaissant la sécurité et le bien-être de la majorité des Malagasy.  

En adoptant le système politique français basé sur un système républicain, Madagascar a également hérité de la triade de sécurité française : armée, gendarmerie et police. Cependant, contrairement à la France, où ces institutions sont encadrées de manière rigoureuse pour garantir leur légitimité et leur efficacité, Madagascar souffre d’un déséquilibre notable. Par exemple, la gendarmerie, censée maintenir l’ordre public en zone rurale, est rattachée à des ministères spécifiques dirigés par des militaires, dans une logique de protection des intérêts corporatistes. Cette organisation a plutôt contribué à l’inefficacité de la coordination entre les différentes branches de sécurité.  

Le résultat est alarmant : la majorité des Malagasy, vivant dans la pauvreté, est laissée pour compte, confrontée à une insécurité croissante et à une perte de confiance envers la gouvernance publique de notre République.  

Seule une réelle volonté politique, portée par des dirigeants déterminés à mettre fin aux pratiques non républicaines et à l’utilisation abusive de l’autorité publique pour des privilèges illégitimes, permettra de remettre Madagascar sur la voie d’un développement véritable et durable.  

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