Alors que le président Emmanuel Macron est attendu à Antananarivo pour le sommet de l’Océan Indien, les autorités malgaches ont décidé de faire du 23 avril un jour férié. Ce geste soulève une vive controverse : symbole de coopération ou marque de soumission ? Dans un contexte encore chargé d’histoire coloniale, la question de la souveraineté nationale revient brutalement sur le devant de la scène.
Le 23 avril 2025, le président français Emmanuel Macron arrive à Madagascar pour la réunion au sommet de l’Océan Indien. Un événement diplomatique majeur, certes, mais aussi un symbole qui ne laisse pas de place à l’indifférence. Les autorités malgaches ont décrété ce jour férié, une décision qui interroge. Déclarer une telle journée en l’honneur d’un dirigeant français réveille les fantômes d’une histoire coloniale douloureuse et met en lumière des dynamiques de pouvoir persistantes.
Un symbole d’influence persistante
Il ne s’agit pas simplement d’une visite diplomatique. En choisissant de faire du 23 avril un jour férié, Madagascar semble une nouvelle fois se placer sous l’ombre d’une France dont l’influence reste indéniable. Si ce geste peut être interprété comme un signe d’amitié ou de coopération, il est difficile de ne pas y voir une forme de soumission symbolique. Quel message envoie-t-on à la population, si ce n’est qu’une nation indépendante accepte encore de courber l’échine devant une ancienne puissance coloniale ?
La souveraineté remise en question ?
L’indépendance d’un pays se mesure aussi à sa capacité à choisir ses propres symboles. En déclarant ce jour férié, Madagascar semble célébrer non pas un événement propre à son histoire, mais un acte symbolique de coopération avec la France. Dans un monde où la souveraineté est un principe fondamental, pourquoi ne pas privilégier des gestes qui affirment la place de Madagascar sur la scène internationale, sans toujours se tourner vers un passé colonial qui appartient à l’Histoire ?
“ Déclarer un jour férié pour un président étranger, c’est courber l’échine là où l’on devrait affirmer sa souveraineté. »
Le néocolonialisme à l’œuvre
Le néocolonialisme ne se résume pas à une domination militaire directe, mais s’exerce par des relations économiques, diplomatiques et culturelles qui maintiennent certains pays dans une dépendance persistante. La France, bien qu’ayant officiellement décolonisé, conserve un poids important à Madagascar, que ce soit par ses investissements ou son influence diplomatique. En célébrant la venue de Macron, Madagascar ne risque-t-il pas de renforcer cette emprise, sous couvert de « coopération » ?
La jeunesse malgache en quête de liberté
Les critiques de cette décision se multiplient, notamment parmi les jeunes générations malgaches, plus conscientes des enjeux d’une véritable indépendance. Pour elles, la souveraineté passe par des choix affirmés, par la construction d’une identité propre, et non par l’acceptation d’une relation qui ne semble plus réciproque. Leur message est clair : il est temps de sortir de l’ombre du passé colonial et de se tenir fermement dans l’avenir.
Alors que les regards seront tournés vers Tana le 23 avril, il est essentiel que Madagascar prenne conscience de la portée symbolique de ce moment. La question se pose : la nation fera-t-elle le choix de se tenir fièrement à l’avant-garde de son identité, ou se laissera-t-elle encore emporter par les vagues d’un passé qui ne veut pas mourir ?